25ième dimanche du Temps ordinaire B
Frères et sœurs,
ce bref passage d’évangile que nous venons d’entendre
tient en deux paragraphes apparemment très différents
mais que nous devons bien nous garder de séparer,
nous verrons pourquoi.
De prime abord,
il est question de la deuxième annonce
de la passion et de la résurrection de Jésus;
« MAIS – nous dit l’évangéliste –
LES DISCIPLES NE COMPRENAIENT CES PAROLES
ET ILS AVAIENT PEUR DE L’INTERROGER. »
Il est vrai qu’ils n’ont pas oublié la réaction de Jésus à l’égard de Pierre
lorsque Jésus, pour la première fois, leur annonça
sa passion.
cette annonce est diamétralement opposée
à ce qui les préoccupe pour le moment :
En effet,
Jésus apparait comme l’homme providentiel
pour rétablir l’ordre.
Ne serait-il pas le messie….
un messie terrestre…bien entendu
qui va bouter dehors l’occupant romain.
Or, pour Jésus le temps presse.
Aussi, dès le début de son ministère,
dès l’appel des quatre premiers disciples,
Jésus pénètre avec eux dans la synagogue de Capharnaüm et là, il enseignait.
S. Marc nous dit :
« SES DISCIPLES ÉTAIENT FRAPPÉS DE SON
ENSEIGNEMENT. »
Tout au long de son évangile,
S. Marc nous montre Jésus ayant le souci majeur
de former ses disciples pour en faire des envoyés,
des chargés de mission.
Et, pour mieux le dire encore,
faire de ces hommes ordinaires ….
des apôtres au sens fort de l’expression.
S’il est bien vrai,
comme on le chantait naguère
« POUR FAIRE UN HOMME
MON DIEU QUE C’EST LONG… »
et « FAIRE D’UN HOMME…UN APÔTRE DU CHRIST…
MON DIEU QUE C’EST LONG. »
D ’autant plus que Jésus va à l’encontre
de ce que le monde ambiant véhicule…
comme instinct de puissance.
c’était comme ça à cette époque….
mais, n’en est-il pas ainsi pour tous les temps :
-dominer,
-exercer un réel pouvoir,
on trouve cela partout…
de la plus humble des chaumières aux États les plus puissants.
Et les disciples n’y échappent pas.
pouvoir quand tu nous tient
pour ne pas dire…quand nous te tenons !
Ainsi tout au début du livre des Actes des Apôtres
lors de la première apparition de Jésus ressuscité à ses disciples, ceux-ci lui demandent :
« EST-CE MAINTENANT, SEIGNEUR, LE TEMPS OÙ TU
VAS RÉTABLIR LE ROYAUME POUR ISRAËL ? »
Rétablir le Royaume
avec un RÉEL POUVOIR face à l’occupant romain…. s’entend.
« LA PATIENCE OBTIENT TOUT »
disait Ste Thérèse d’Avila.
Il en faudra de la patience à Jésus
pour amener ses disciples bornés à un royaume terrestre
À S’OUVRIR AU ROYAUME DES CIEUX.
Qu’est-ce que ces hommes peuvent être terre- à –terre !
Charles Péguy semble bien les excuser lorsqu’il écrit :
« SEIGNEUR ! NE T’ÉTONNE PAS
SI LES HOMMES SONT SI TERREUX…
TU LES AS FAITS DU LIMON DE LA TERRE. »
Aussi,
après leur question sur le rétablissement du royaume terrestre, Jésus leur dit :
« VOUS ALLEZ RECEVOIR UNE PUISSANCE,
CELLE DU SAINT ESPRIT QUI VIENDRA SUR VOUS. »
L’Esprit Saint
est le véritable initiateur de la mission apostolique.
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS-leur dit Jésus-
DANS TOUTE LA JUDÉE ET LA SAMARIE,
ET JUSQU’AUX EXTRÉMITÉS DE LA TERRE. »
Mais… Jésus les connaît !
« IL SAIT CE QU’IL Y A DANS L’HOMME »
Il sait ce qui faisait l’objet de leur discussion en chemin ;
aussi comme Jésus profite de toutes les occasions
pour former ses disciples,
il leur pose une question
« DE QUOI DISCUTIEZ-VOUS EN CHEMIN ? »
« EUX-MÊMES SE TAISAIENT- nous dit S. Marc-
CAR, SUR LA ROUTE
ILS AVAIENT DISCUTÉ ENTRE-EUX
POUR SAVOIR QUI ÉTAIT LE PLUS GRAND. »
Alors,
« S’ÉTANT ASSIS,
JÉSUS APPELA LES DOUZE ET LEUR DIT :
« SI QUELQU’UN VEUT ÊTRE LE PREMIER,
QU’IL SOIT LE DERNIER DE TOUS
ET LE SERVITEUR DE TOUS. »
Pour illustrer son propos,
Jésus prend un enfant
qui était là sur le côté de la route..
Un enfant !
Un petit enfant !
c’est l’innocence incarnée,
ce qui fait dire au père de Grandmaison
dans une prière à Marie :
« GARDE-MOI UN CŒUR D’ENFANT,
PUR ET TRANSPARENT COMME UNE SOURCE…. »
un petit enfant… c’est l’âge de la dépendance absolue,
c’est peut-être l’âge de la prière la plus pure,
de la prière d’abandon par excellence.
« SI VOUS NE DEVENAIEN T COMME DES PETITS
ENFANTS, -dira Jésus-
VOUS N’ENTREREZ PAS DANS LE ROYAUME . »
A côté des enfants,
dont les parents et les adultes sont de vrais éducateurs…
Le véritable éducateur commence par montrer l’exem-ple.
A côté de ceux-là qui ont la chance d’avoir de vrais éducateurs,
il y a malheureusement,
tant et tant d’enfants de par le monde qui sont l’objet d’abus quel que soit le genre d’exploitation qu’ils subissent.
Ainsi, au temps de Jésus,
l’enfant n’avait aucun droit,
il était laissé pour compte…sans intérêt.
Ce que va faire et dire Jésus est d’autant plus étonnant.
« JÉSUS PREND UN ENFANT,
un innocent au meilleur sens du terme,
IL LE PLAÇA AU MILIEU D’EUX, L’EMBRASSA,… »
Les Douze n’en croient pas leurs yeux…
ils ne vont pas tarder à ne pas croire ce qu’ils vont entendre de la bouche de Jésus :
« CELUI QUI ACCUEILLE EN MON NOM
UN ENFANT COMME CELUI-CI,-dit Jésus-
C’EST MOI QU’IL ACCUEILLE.. »
Le fondement des droits de l’homme
et donc, y compris les droits de l’enfant
c’est que toute personne humaine est une histoire sacrée
ce fondement, nous le trouvons dans l’évangile.
Et pour le dire plus précisément encore,
toute personne humaine, pour le Christ,
est appelée à devenir un membre du corps mystique du Christ.
C’est bien de cela qu’il s’agit dans l’évangile que nous venons d’entendre :
« CELUI QUI ACCUEILLE UN ENFANT COMME CELUI-CI,
C’EST MOI QU’IL ACCUEILLE… »
Jésus ajoute :
« ET CELUI QUI M’ACCUEILLE,
NE M’ACCUEILLE PAS MOI,
MAIS ACCUEILLE CELUI QUI M’A ENVOYÉ. »
FRÈRES ET SŒURS,
voilà comment Jésus patiemment formait les Douze
en vue du Royaume des cieux…qui commence ici-bas
mais qui trouve son accomplissement dans l’Au-delà.
Nous l’avons entendu,
alors que ses disciples sont préoccupés de savoir qui,
d’entre eux était le plus le grand….
Jésus les convie à avoir une mentalité de petit
ou mieux, avoir un cœur de petit.
Se construire une vie adulte
en développant toutes ses possibilités de façon aussi harmonieuse que possible tout en gardant ou en retrouvant UN CŒUR D’ENFANT.
Dans cette même optique,
Jésus dira ailleurs à ses disciples et nous en sommes…
sans vouloir nous prendre au dépourvu:
« VOICI QUE JE VOUS ENVOIE COMME DES AGNEAUX
AU MILIEU DES LOUPS. »
Des agneaux…. inoffensifs, faibles,
car, comme le dit si bien S. Paul dans sa 2ième lettre aux Corinthiens :
«LORSQUE JE SUIS HUMAINEMENT FAIBLE
C’EST ALORS QUE JE SUIS DIVINEMENT. FORT»
Et lorsque Paul demande un jour au Seigneur de lui éviter telle épreuve,
le Seigneur lui inspire cette réponse :
« MA GRÂCE TE SUFFIT ! »
et le Seigneur d’ajouter :
« MA PUISSANCE DONNE TOUTE SA MESURE
DANS LA FAIBLESSE. »