Épiphanie

Frères et Sœurs,

La première lecture d’aujourd’hui nous éclaire admirablement sur le sens de cette fête :
ÉPIPHANIE signifie MANIFESTATION.
Cette fête nous éclaire.
Elle nous dévoile LA VRAIE LUMIÈRE:
« DEBOUT JÉRUSALEM,
RESPLENDIS,
ELLE EST VENUE TA LUMIÈRE. »


Lisons ce texte avec un regard évangélisé :
et donc :
« DEBOUT NOUVELLE JÉRUSALEM : L’ÉGLISE,
RESPLENDIS,
ELLE VENUE TA LUMIÈRE. »

2000 ans après, il est bon de nous le redire
et de le redire jusqu’à la fin des temps :
« RESPLENDIS, EGLISE,
ELLE VENUE TA LUMIÈRE. »

Dans le document majeur du concile Vatican II
qui décrit pour la première fois la structure de l’Eglise.
Ce document commence par deux mots,
selon une tradition bien établie : « LUMEN GENTIUM ».
ce qui veut dire : « LUMIERE DES NATIONS. »
Cette expression est reprise au prophète Siméon dans l’évangile selon S. Luc :

« SIMÉON VINT AU TEMPLE POUSSÉ PAR L’ESPRIT »
nous dit l’évangéliste,
alors que Marie et Joseph, selon la coutume,
venaient au temple pour présenter l’enfant au Seigneur.

« SIMÉON PRIT L’ENFANT DANS SES BRAS
ET BÉNIT DIEU EN DISANT :
« MAINTENANT, MAÎTRE, TU PEUX LAISSER S’EN ALLER
TON SERVITEUR
-Il lui avait été révélé qu’il ne verrait pas la mort
avant d’avoir vu le Messie-
CAR MES YEUX – dit Siméon-
ONT VU TON SALUT QUE TU AS PRÉPARÉ
FACE À TOUS LES PEUPLES;
LUMIÈRE POUR ÉCLAIRER LES NATIONS
ET GLOIRE D’ISRAËL TON PEUPLE. »

Les peuples étaient dans la turbulence ;
dans les conflits
quelque chose qui a un goût de ténèbres
comme si les ténèbres environnaient immanquablement l’histoire de l’humanité.
Il fallait à cette humanité une lumière qui donne sens
à la vie des hommes,
à la vie des peuples,
à la vie du monde.
Mais les organisations internationales ont beau faire;
un conflit s’arrête ici
pour reprendre ailleurs et c’est une chaîne sans fin.

Pour vaincre ce malaise ténébreux
il faut une lumière.
Mais il n’y aura pas d’autre lumière véritable que celle qu’a contemplé le prophète Siméon….

Et ce sont les paroles même du Christ :
« JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE ;
CELUI QUI MARCHE À MA SUITE NE MARCHE PAS DANS
LES TÉNÈBRES. »
Dans notre Occident qui, tant bien que mal,
nous a laissé des œuvres de grandes civilisations….
Allons….ne soyons pire que le pessimiste pour qui
la bouteille à moitié vide,
cette même bouteille en l’état,
elle est pour l’optimiste à moitié pleine.

Il n’empêche que dans notre monde actuel,
avec les développements scientifiques et techniques
qui tiennent du PRODIGE…
avec les applications chirurgicales, médicales
et dans tous les domaines…
on ne peut toutefois pas être sans inquiétude profonde
pour ne parler que du respect de LA VIE HUMAINE
tant au début de la vie humaine
que de la fin de cette vie humaine.

Le philosophe Gabriel Marcel a écrit en son temps
un livre qui a pour titre
« LES HOMMES CONTRE L’HUMAIN »
Ce titre doit nous faire réfléchir
non pour tomber dans la sinistrose mais pour garder la tête
froide.
OUI ! LES HOMMES CONTRE L’HUMAIN

Cela ne vaut-il pas la peine d’y réfléchir
alors que nous venons de fêter Noël
qui pour tant de gens…chez nous,
Noël se limite dans des mondanités
sans aucune perspective
quant au sens à donner à cette belle fête.
La MOTIVATION RELIGIEUSE de cette fête
c’est la naissance d’un nouveau-né
qui vient d’ailleurs… pour donner sens à notre vie ici-bas.

Noël c’est pour beaucoup de nos contemporains
des lumières éphémères
mais qui sont que des lanternes,
se substituant, qu’on le veuille ou non,
à la vraie lumière : celle dont parlait Siméon.

Oui, on maîtrise les ténèbres
on maîtrise artificiellement la nuit mais cette nuit-là
elle est bienfaisante pour l’équilibre humain.

Rien à voir avec les ténèbres dont il est question ici
Et qui s’insinuent dans le cœur humain
Pour ces ténèbres-là,
Il est bon de croire à la lumière,
d’autant plus que nous avons pour ces ténèbres-là
une lumière absolument incomparable.

« EN LUI ÉTAIT LA VIE
-nous dit S. Jean dans le prologue de son évangile-
ET LA VIE ÉTAIT LA LUMIÈRE DES HOMMES,
ET LA LUMIÈRE BRILLE DANS LES TÉNÈBRES,
MAIS LES TÉNÈBRES NE L’ONT POINT COMPRISE.
L’évangéliste continue :
« IL Y EUT UN HOMME, ENVOYÉ DE DIEU ;
SON NOM ÉTAIT JEAN.
Jean le baptiste ;
ce Jean, la liturgie nous en a bien entretenu
durant ce temps de l’Avent.
Jean le précurseur- celui qui annonce-
IL VINT EN TÉMOIN
POUR RENDRE TÉMOIGNAGE À LA LUMIÈRE,
AFIN QUE TOUS CROIENT EN LUI.

Et l’évangéliste continue à propos de Jean-Baptiste:
« IL N’ÉTAIT PAS LA LUMIÈRE MAIS IL DEVAIT
RENDRE TÉMOINGNAGE À LA LUMIÈRE.

LE VERBE ÉTAIT LA VRAIE LUMIÈRE QUI,
EN VENANT DANS LE MONDE,
ILLUMINE TOUT HOMME. »

ILLUMINE TOUT HOMME !

Le Verbe divin fait TOUTE LA LUMIÈRE SUR L’HOMME
sur tout ce qui fait que l’homme est un être humain,
autrement dit un être de relation.
Relation avec LUI-MÊME,
relation avec LES AUTRES,
mais avant tout…relation AVEC DIEU.
C’est là dans sa relation avec Dieu
que dès l’apparition de l’être humain le drame éclate.

Reprenons le texte du prologue de l’évangéliste S. Jean :
« LE VERBE ÉTAIT DANS LE MONDE,
ET LE MONDE FUT PAR LUI,
MAIS LE MONDE NE L’A PAS RECONNU.
IL VIENT DANS SON PROPRE BIEN
ET LES SIENS NE L’ONT PAS ACCUEILLI. »

« LES SIENS… »
« Il s’agit vraisemblablement d’Israël
représentant historiquement l’humanité qui est,
tout entière, le bien du créateur.»

« Il est venu… »
C’est ici que l’épisode des mages est particulièrement intéressant.
Il est venu on ne peut plus fragilement ;
on ne peut plus humblement.

Fragile comme un nouveau-né….
et dans quelle condition.
Jésus dira un jour :
« APPRENEZ DE MOI
QUE JE SUIS DOUX ET HUMBLE DE CŒUR. »
LES CIRCONSTANCES DE SA VENUE parmi nous
annonce la couleur.

Les mages, venons-en,
des astrologues babyloniens
inspirés à n’en pas douter par l’Esprit Saint qui agit où il veut
Tout d’abord, ces mages vénèrent un enfant…roi.
Il y a ici une relation étroite
entre l’enfant et le Royaume selon Dieu :
« SI VOUS NE DEVENEZ COMME DES PETITS ENFANTS,
VOUS N’ENTREREZ PAS DANS LE ROYAUME DES CIEUX. »

Jésus n’invite pas à l’infantilisme
Mais le cœur de l’homme..
doit garder ou retrouver la transcendance d’un cœur d’enfant.

Quant aux présents offerts, ils sont révélateurs :
De l’encens…on est dans la sphère de la divinité.
De l’or, c’est par excellence,
dans le contexte de l’époque et de la région,
un cadeau royal.
Quant à la myrrhe, elle sert pour l’embaumement d’un défunt.

Les tout petits, pourraient être nos maîtres
pour les gens de cœur que nous sommes
car à bien des égards,
ils sont par leur innocence,
leur abandon,
leur confiance,
leur joie de vivre…
oui ! à bien des égards
ils sont autant de balises sur nos routes humaines.

Mais pour beaucoup de nos petits que leur réserve l’avenir ?

L’avenir d’une famille équilibrée à laquelle ils ont droit
pour leur accomplissement harmonieux.

Ils ont droit à une éducation.
Le mot « ÉDUCATION » fait trembler certains.
Qu’est-ce qu’il faut faire…
On ne sait plus comment les prendre.

Ce sont des réflexions que l’on entend.
Il reste que la meilleure éducation
et peut-être la seule éducation….
c’est de leur montrer l’exemple.

Pour son éducation, l’enfant à droit à une autorité.
Autorité qui soit un merveilleux dosage
DE TENDRESSE ET DE FERMETÉ.
L’enfant doit commencer par obéir
s’il veut un jour être à même d’exercer à son tour l’autorité.

Nos enfants nous sont avant tout donnés, confiés
et nous devons les recevoir comme un don de la vie.

Rappelons-nous ce beau poème de khalil Gibran dans son livre intitulé: « LE PROPHÈTE »

Ecoutons ce passage :
« UNE FEMME QUI TENAIT UN BÉBÉ CONTRE SON SEIN DIT,
PARLE-NOUS DES ENFANTS.
ET LE PROPHÈTE DIT :

« VOS ENFANTS NE SONT PAS VOS ENFANTS.
CE SONT LES FILS ET LES FILLES DU DÉSIR DE VIE.

ILS ARRIVENT À TRAVERS VOUS MAIS NON DE VOUS.
ET QUOIQU’ILS SOIENT AVEC VOUS,
ILS NE VOUS APPARTIENNENT PAS.

VOUS POUVEZ LEUR DONNER VOTRE AMOUR
MAIS NON VOS PENSÉES,
CAR ILS ONT LEUR PENSÉES PROPRES.

VOUS POUVEZ ABRITER LEURS CORPS
MAIS NON LEURS ÂMES,
CAR LEURS ÂMES HABITENT LA DEMEURE DE DEMAIN
QUE VOUS NE POUVEZ VISITER MÊME DANS VOS RÊVES ;

VOUS POUVEZ TENTER D’ÊTRE COMME EUX,
MAIS N’ESSAYEZ PAS DE LES RENDRE COMME VOUS.
CAR LA VIE NE S’EN RETOURNE PAS EN ARRIÈRE
NI NE S’ATTARDE AVEC HIER.

VOUS ÊTES LES ARCS QUI PROJETTENT VOS ENFANTS COMME DES FLÈCHES VIVANTES.
L’ARCHER VOIT LE BUT SUR LE SENTIER DE L’INFINI
ET IL VOUS TEND DE TOUTE SON ÉNERGIE
POUR QUE SES FLÈCHES PUISSENT ALLER VITE EN LOIN.
QUE CETTE FORCE BANDÉE PAR LA MAIN DE L’ARCHER SOIT JOYEUSE ;
CAR, S’IL AIME LA FLÈCHE QUI VOLE,
IL AIME AUSSI L’ARC QUI EST STABLE. »

Oui ! si l’archer aime l’enfant…autrement dit ,
LA FLÈCHE QUI VOLE
l’archer aime en lui, l’adulte, autrement dit,
L’ARC QUI EST STABLE.

frères et sœurs,

quel plus beau souhait
pour une année profondément humaine
que le souhait de trouver toujours et partout…
comme les Mages:
« L’ENFANT ET SA MÈRE. »