B 3ième de Pâques
Frères et Sœurs,
Les disciples
qui avaient rencontré Jésus sur le chemin d’Emmaüs
racontaient aux apôtres,
une fois revenu à Jérusalem,
« Comment ils avaient reconnu le Seigneur
quand il avait rompu le pain »
Cette expression :
« quand il avait rompu le pain »
n’a rien à voir avec cette façon courante de parler
lorsqu’ on dit : casser la croûte.
À l’intensité du geste de Jésus
lorsqu’il avait rompu le pain sur la route d’Emmaüs,
« les disciples avaient reconnu le Seigneur
Au geste lourd de signification
que Jésus donnait au partage. »
Jésus en partageant le pain,
Ce geste résumait, en quelque sorte,
ce qu’il avait été durant toute sa vie avec ses disciples.
À vrai dire durant ce temps,
il leur avait tout donné en partage.
Il partageait avec ses disciples
Toute l’expérience humaine
qui était la sienne depuis l’incarnation du verbe.
Mais, il leur partageait aussi
toute la plénitude de sa vie divine
qu’ il avait en partage avec son Père
dans la communion de l’Esprit Saint.
Et que dire de la miséricordieuse paternité de Dieu
pour l’humanité que Jésus avait pour mission
de révéler à l’humanité.
Pour ce,
Jésus à eu cette expression forte
qui devrait nous combler de joie
lorsqu’il dit:
« mon Père et votre Père.
Même son Père il nous le donne en partage.
De la même veine, sur la croix,
Jésus ne nous donne-t-il pas en partage
ce qu’il avait de plus cher, ici-bas,
lorsqu’il dit à S. Jean en désignant sa mère :
« Fils, voici ta mère. »
Et en regardant Marie sa mère
en lui désignant Jean – qui nous représente –
il dit :
« mère, voici ton Fils. »
Mais,
parce qu’on n’a rien donné tant qu’on à pas tout donné…
Jésus nous fera le don de sa vie…
En nous donnant sa vie pour nous en nourrir….
« jusqu’à ce qu’il vienne » précise S. Paul dans sa première lettre au Corinthiens 11,26.
Oui ! Vraiment, Jésus est l’homme du partage.
Avec l’Evangile que nous venons d’entendre,
lorsque Jésus retrouve ses disciples
pour la première fois après sa résurrection,
« Il leur dit…
-ce sont les premiers mots de Jésus à ses disciples
après sa résurrection :
« la paix soit avec vous. »
Jésus est tellement sensible à ce que ses disciples soient des hommes pacifiés.
Des hommes profondément en paix
Mais aussi des hommes pacifiques :
« heureux les artisans de paix
dira-t-il dans le sermon sur la montagne.
« ils seront appelés fils de Dieu. »
N’est ce pas de cette paix –là
que notre monde à cruellement besoin ?
Déjà à la naissance de Jésus,
les anges, ces messagers de Dieu,
ne chantaient-il pas dans la nuit de Bethléem :
« paix sur la terre aux hommes que Dieu aime. »
Malgré ses paroles de paix venant du Christ,
Les disciples restent frappés de stupeur et de crainte
(comme on les comprend)
« Ils croyaient voir un esprit.. »
Jésus leur dit :
« pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ses pensées qui surgissent dans
votre coeur ? »
Nous voyons bien par cette précision de Jésus
que la foi
ne s’adresse pas aux facultés intellectuelles
mais au cœur :
« pourquoi ces pensées
qui surgissent dans votre cœur ?
La résurrection est une réalité qui s’adresse au cœur.
« Dieu sensible au cœur » dira Blaise Pascal.
Le cœur c’est précisément
ce qu’il y a de plus profond,
de plus personnel en chacun de nous.
Alors Jésus leur demande de vérifier
qu’il est bien en chair et en os.
Il les invite à regarder ses plaies,
celles de la crucifixion.
L’évangéliste ajoute :
« les disciples restaient encore incrédules
et comme ils s’étonnaient,
Jésus leur dit :
« avez-vous quelque chose à manger ? »
Bien que la nourriture
soit un impératif absolu pour la vie corporelle ici-bas,
le corps de Jésus ressuscité, lui,
n’ est pas une réanimation
comme ce fut le cas pour Lazare
qui dû encore manger une nourriture corporelle
pour vivre sa vie humaine…réanimée.
Le corps de Jésus ressuscité est un corps spirituel.
Et ce corps ressuscité,
autrement dit : son corps spiritualisé…
comme le sera un jour le nôtre
doit se nourrir exclusivement d’une nourriture spirituelle.
Et cette nourriture,
c’est la plénitude de l’Esprit Saint.
Comme c’est déjà le cas pour nous
depuis notre baptême, dans la mesure
où nous vivons la grâce de notre baptême.
Jésus ressuscité n’a donc plus besoin d’une nourriture corporelle
mais pour montrer à ses disciples
qu’ il n’est pas un fantôme.
Qu’il est bien ressuscité,
Il va pour eux,
parce qu’ils seront, sans l’ombre d’un doute,
témoin de sa résurrection,
il va faire pour eux
ce qu’on pourrait appeler une œuvre de miséricorde.
Jésus, par excellence,
a un cœur sensible à la fragilité humaine.
Le fils de Dieu est la miséricorde incarnée.
Il sait que ses disciples sont des êtres fragiles
Et qu’ils devront aller témoigner
de la résurrection de leur Seigneur
contre vent et marée, il leur demande :
« avez-vous quelque chose à manger. »
« ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il prit et mangea devant eux.
puis il leur dit :
« il faut que s’acccomplisse tout
ce qui a été écrit à mon sujet… »
« alors il ouvrit leur intelligence
– l’intelligence du cœur-
À la compréhension des Ecritures. »
Et comme pour les disciples sur le chemin d’ Emmaüs…
tout en écoutant Jésus sans le reconnaître
ne diront-ils pas en retournant à Jérusalem:
« notre cœur
n’était-il pas tout brûlant en nous
lorsqu’il nous parlait en chemin
et nous ouvrait les Ecritures »
Frères et sœurs,
Prenons comme guide,
nous aussi le Christ Jésus
Qui, de condition divine,
vint partager notre condition humaine
afin qu’en lui…une fois ressuscité, nous ayons en partage, comme lui, avec son corps ressuscité,
la condition divine.
À la fin de l’ Eucharistie
lorsque nous aurons reçu, en partage,
le corps du Christ ressuscité,
le célébrant nous donnera la bénédiction de Dieu.
Bénédiction vient du latin « bene dicere »
Qui signifie : dire du bien.
Dieu dit du bien de nous car Dieu nous aime.
Après quoi nous pourrons partir dans la paix du Christ.
De cette paix
que Jésus ressuscité,
partageait, en tout premier lieu, avec ses disciples
et qu’il partage avec nous, aujourd’hui.