23ième dim.B
Frères et Sœurs,
Alors qu’il passait par la Décapole
c’est-à-dire dans les régions païennes,
on amène à Jésus un sourd-muet,
et on le prie de poser la main sur lui. »
Pour Jésus…
le risque est grand,
et peut-être plus encore chez les païens,
de ne voir en Jésus qu’un guérisseur…
La mission de Jésus, l’Envoyé du Père est plus vaste.
Jésus vient pour sauver l’homme tout entier.
C’est d’ailleurs le sens du nom Jésus qui veut dire:
Dieu sauve.
Mais Jésus n’écoute que son cœur plein de miséricorde.
Rien de ce qui touche la personne humaine ne lui est indifférent.
Comment pourrait-il rester impassible face à ce qui
accable les humains.
« Jésus emmène cet homme à l’écart, loin de la foule »
Là ,
« IL touche les oreilles et la langue de
l’homme handicapé
puis lève les yeux au ciel… »
Peut-être
pour rendre grâce à ce Père tellement miséricordieux,
tellement soucieux des malheurs de l’humanité…
qu’il lui envoie son Fils.
Jésus, après lui avoir touché les oreilles et la langue,
dit à cet homme… un seul mot:
« effata » c’est-à-dire « ouvre-toi. »
C’est par nos sens que nous sommes en relation
avec le monde qui nous environne
et bien entendu avec les autres personnes.
L’ouïe et la parole sont essentiels pour une relation normale
même si, aujourd’hui,
des techniques de compensation peuvent plus ou moins remédier à ces handicaps.
Cependant, il ne suffit pas
de pouvoir bien entendre
et pouvoir s’exprimer oralement
pour dire qu’il n’y a pas de problèmes relationnels avec
les autres humains.
Certes, nos sens sont là
pour être en relation avec tout ce qui fait le monde environnant ;
mais, nos sens sont là simplement comme autant
de moyens pour entrer en relation avec autrui.
L’essentiel de la relation humaine
doit nécessairement trouver sa source
au plus profond de la personne.
C’est du cœur humain que vient le meilleur ou le pire des actes humains qui se réalisent par nos sens.
Il suffit que l’on dise de quelqu’un :
« c’est un homme de cœur » et on a tout dit.
Le cœur est donc essentiel
quand il s’agit d’apprécier la valeur de quelqu’un.
On comprend alors que la mission du Christ,
est de toucher le cœur humain
et le royaume que le Christ vient fonder
c’est dans le cœur humain qu’il doit s’établir.
nos sentiments viennent du cœur
même s’ils s’expriment par nos sens.
Lorsque, s’adressant au sourd-muet, Jésus lui dit :
« effata ! » c’est-à-dire « ouvre-toi »
c’est d’abord du cœur de cet homme
qu’il s’agit.
S.Benoît l’auteur de la règle bénédictine l’a bien compris :
Les tout premiers mots de la règle des moines commencent par ces mots:
« Ecoute mon fils, les instructions du maître et prête l’oreille de ton cœur »précise S Benoît
Craindre d’être pris pour un guérisseur
n’est pas le seul souci de Jésus ;
il craint aussi qu’on ne fasse de lui un roi…, un roi temporel.
Oui ! il veut être roi mais pas à la manière des hommes. Sa royauté à lui,
il veut l’établir dans le cœur des humains.
Même les disciples, après la résurrection de Jésus, lorsqu’il leur apparait …ils lui demandent :
« est-ce maintenant, SEIGNEUR,
que tu va rétablir la royauté en Israël ? »
Et Jean Baptiste
se loge à la même enseigne lorsque de sa prison
il envoie ses disciples demander à Jésus :
« Es-tu celui qui doit venir
ou devons-nous en attendre un autre… »
sous-entendu :
« un autre… qui chasse l’occupant romain
et rétablisse la royauté en israël. »
Et Jésus envoie dire à Jean :
« allez dire à Jean
ce que vous voyez et ce que vous entendez :
Les boiteaux marchent,
Les sourds entendent…
on l’espère pas seulement de leurs deux oreilles
mais de l’oreille de leur cœur.
Et aussi,
Les aveugles voient…avec les yeux de leur corps
Mais surtout avec les yeux de leur cœur
car le véritable monde
n’est pas visible pour les yeux du corps.
« on ne voit bien qu’avec le cœur »
dit le petit Prince de Saint Exupérit.
Mais au message que Jésus envoie dire à Jean-Baptiste
il y a encore une chose essentielle pour Jésus,
la voici :
« allez dire à jean
que la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. »
Le sourd-muet de l’évangile c’est un pauvre.
Est pauvre celui qui est dans la nécessité.
C’est bien le cas de notre sourd et muet de l’évangile.
A propos de pauvreté
Nous en avons encore un sonde cloche tirée de la seconde lecture tirée de la lettre de s. jacques
que nous venons d’entendre :
« Ecoutez donc, mes frères bien-aimés !
-écrit S. Jacques –
Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ?
Il les a fait riches de lA foi,
il les a fait héritiers du Royaume
qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé. »
Et lorsque Jésus prononce son grand discours sur la
Montagne ;
celui-ci commence avec les béatitudes
dont la première est la clef pour comprendre les autres béatitudes :
« heureux les pauvres de cœur – dit Jésus-
Le royaume des cieux est à eux. »
La pauvreté… à ne pas confondre avec la misère
qui est un mal absolu à combattre sans merci.
La misère.
Nous avons suffisamment d’information pour mesurer le drame qui se passe aujourd’hui aux frontières de l’Europe.
Des gens, comme vous et moi,
mais qui ont dû tout quitter : leurs biens,
leurs relations familiales et amicales.
Ils ont tout perdus,
jusqu’à y perdre la vie par milliers, noyés en mer
sur des embarcations de fortune ?
c’est la misère…
ce mal absolu à combattre sans merci.
Nous ne devons pas aller au loin pour les secourir,
Ils sont là à notre porte,
aux portes de l’Europe…
parce que ces victimes innocentes considèrent
l’Europe comme une terre d’accueil.
Puissions-nous n’écouter que notre cœur…
un cœur qui écoute ce que l’Esprit Saint nous inspire.
Sans oublier pour autant les personnes qui, chez nous,
vivent d’autres formes de pauvreté.
Ces pauvres, dont il est question dans l’évangile,
s’ils ont un cœur de pauvre,
sont souvent plus aptes à garder le cœur libre.
Les pauvres !
Madeleine Delbrel
qui vivait dans la banlieue rouge de Paris,
il y a quelques dizaines d’années,
Madeleine Delbrel,
une chrétienne rayonnante qui,
dans un milieu paganisé,
vivait avec une force qu’elle puisait dans l’Evangile… c’était sa seule vraie richesse.
Madeleine Delbrel disait d’une façon un peu provocante:
« Etre pauvre, ce n’est pas intéressant :
Tous les pauvres sont bien de cet avis.
Ce qui est intéressant,
c’est de posséder le royaume des cieux.
Mais, ajoutait Madeleine,
Seuls les pauvres possèdent ce royaume. »
Frères et Sœurs,
C’est pour cela qu’il faut un cœur de pauvre…
Un cœur disponible
aux biens qui ne passeront pas.
« l’amour ne passera jamais »
écrit S. Paul aux Corinthiens.
Nous travaillons pour acquérir des biens et c’est bien !
pourvu que ce soit fait dans de bonnes conditions.
Ceux qui ont la chance de développer une entreprise qui marche…et c’est bien normal.
Ce qui ne serait pas normal ce serait d’y accrocher,
d’y soumettre son cœur.
Après cette période de vacances
Nous voici plus dispos
pour entendre, voir, dire et nous redire inlassablement
que l’essentiel
est de travailler surtout pour les biens qui ne passeront pas.
Par delà ce qui nous est nécessaire et même un peu au-delà, mais pour le reste
faisons du bien avec nos biens... qui sont nos biens superflus.
Nous aurons alors un cœur de pauvre…
Un cœur qui n’est pas à la merci et encore moins esclave de ces biens superflus.
« ceux qui ont un cœur de pauvre – dit Jésus
le royaume des cieux est à eux.
heureux sont-ILS ! »