2ième dimanche du temps de l’Avent C
Frères et sœurs,
concernant l’histoire de l’humanité,
l’évangile de ce dimanche nous relate un événement de première importance.
Cet événement,
S. Luc va le mettre tout particulièrement en valeur. Nous venons de l’entendre,
il y est surtout question de la prédication de Jean-Baptiste.
L’évangéliste nous relate
avec un souci de précision assez exceptionnel que :
« CETTE ANNÉE –LÀ,
C’ÉTAIT LA 15IÈME DU RÈGNE DE L’EMPEREUR TIBÈRE, PONCE PILATE ÉTAIT GOUVERNEUR DE LA JUDÉE… »
Viennent alors,
avec une précision quasi administrative,
l’allusion aux princes des pays limitrophes qui sont autant de régions païennes
si ce n’est la Galilée…
bien qu’elle soit le carrefour des païens.
N’y aurait-il pas,
dans cette description par le menu détail,
un intention chez notre évangéliste… à savoir
que l’avènement du messie attendu débordera les frontières de la Palestine.
Après toutes ces données historiques,
S. Luc annonce – pour ne pas dire claironne – que :
« LA PAROLE DE DIEU FUT ADRESSÉE DANS LE DÉSERT,
À JEAN, FILS DE ZACHARIE. »
Et aussitôt,
la fonction prophétique de Jean est précisée :
« IL PARCOURERA TOUTE LA RÉGION DU JOURDAIN EN PROCLAMANT UN BAPTÊME DE CONVERSION POUR LE PARDON DES PÉCHÉS. »
Jean-Baptiste actualisant la prophétie d’Isaïe reprend à son compte,
ces paroles colorées d’universalisme :
« TOUT HOMME VERRA LE SALUT DE DIEU. »
Le salut de Dieu sera la manifestation du Messie.
Celui-ci ne viendra pas à la manière d’un météore.
« IL PRENDRA LE CHEMIN
PRÉPARÉ CEUX QUI L’ATTENDENT. »
Préparer le chemin !
et d’emblée nous vient à l’esprit une expression bien connue par nos contemporains, à savoir :
l’aménagement du territoire.
En effet,
« TOUT RAVIN SERA COMBLÉ, TOUTE COLLINE NIVELLÉE,
LES PASSAGES TORTUEUX DEVIENDRONT DROITS. »
C’est là, bien avant la lettre
ce à quoi nos ingénieurs en ponts et chaussées s’échinent au tracé d’une route
qui se déroule comme un long fleuve tranquille.
Il est vrai que
le messie attendu vaut bien qu’on lui rende l’accès le plus confortable possible…
Et puisque celui que les juifs attendent
c’est bien sûr un messie-roi, mais… un roi temporel… il convient de lui réserver une joyeuse entrée
en réajustant, notamment,
une infrastructure territoriale qui soit digne.
Au premier sens de ce passage de l’Écriture, allez savoir si Jean-Baptiste lui-même
ne prévoyait pas une préparation aussi terre-à-terre ? A vrai dire, que sera ce messie ?
Pour les juifs,
à commencer par Jean-Baptiste lui-même,
ce même Jean-Baptiste
s’étonne des paroles et de gestes de Jésus. Pensez donc,
alors que lui, Jean, en prison,
il envoie ses disciples demander à Jésus :
« S’IL EST CELUI QUI DOIT VENIR
OU S’IL FAUT EN ATTENDRE UN AUTRE ? »
Et Jésus en guise de réponse, explicite pour Jean les guérisons
qui sont autant de signes extérieurs d’un salut
qui commence à l’intérieur de la personne…
de toute personne humaine car Jésus ajoute :
« DITES ENCORE À JEAN QUE
LA BONNE NOUVELLE EST ANNONCÉE AUX PAUVRES. »
Déjà à Noël,
les anges annonçaient aux pauvres bergers de Bethléem :
« UNE BONNE NOUVELLE POUR TOUT LE PEUPLE »,
Une Bonne Nouvelle
qui se trouve réalisée en Jésus par ce qu’il dit
et par ce qu’il fait.
C’est ainsi que, dans le quatrième évangile, les trois derniers mots de Jésus en croix sont :
« TOUT EST ACCOMPLI. »
Tout ce qu’il a dit…il l’a fait.
Contrairement à l’attente des juifs qui voudraient régler leur compte aux grandes nations qui ont humiliés
durant des siècles ce petit peuple élu…
durant des siècles…et encore, au temps de Jean-Baptiste, ce petit peuple est humilié
sous la férule de l’empire de Rome ;
Oui ! Les juifs attendent un messie ! un roi…
et bien entendu, pour eux, un roi temporel dont la carrure politique
soit digne de ce roi attendu.
Alors que le règne du Messie-Roi qui vient est un règne éternel
laissant à César ce qui est à César
et à Dieu ce qui revient à Dieu.
Quant aux prérogatives de ce roi éternel
elles auront l’allure d’une autorité spirituelle.
Les biens de ce monde n’effleureront même pas ses désirs.
Le Messie qui vient d’En-Haut en usera
selon les besoins inhérents à la condition humaine mais il n’en abusera pas.
Les seuls biens auxquels le Seigneur attachera un grand prix, ce sont les biens qui passent pas.
Mais Jésus sait que le cœur de l’homme est épris du désir incoercible de s’enrichir…
c’est pourquoi…un jour il dira à ses disciples :
« AMASSEZ-VOUS DES TRÉSORS ! OUI !
« AMASSEZ-VOUS DES TRÉSORS…DANS LE CIEL !
LÀ LES VERS N’ATTAQUENT PAS ! ET LA ROUILLE NE RONGE PAS ! »
« ENRICHISSEZ-VOUS DE VALEURS
MAIS DES VALEURS QUI DEMEURENT…. CAR LÀ OÙ EST TON TRÉSOR,
LÀ AUSSI SERA TON CŒUR …. »
Et le cœur humain est façonné pour l’éternité… et donc pour des valeurs qui ne passeront pas.
Mais alors, le chemin du Seigneur qu’il faut préparer ne relève pas directement,
ni principalement
de l’aménagement du territoire….
ce n’est même pas de cela qu’il est question.
Le territoire qu’il faut aménager,
le chemin qu’il faut préparer : c’est le cœur de la personne humaine.
C’est dans le cœur humain
qu’il faut combler le vide creusé…si facilement par l’indifférence…si l’on n’y prend pas garde ;
C’est dans le cœur humain
qu’il faut abaisser, raser les collines…
voir les montagnes d’orgueil qui s’y ancrent allègrement.
Frères et sœurs,
Faisons nôtre
ce que S. François Xavier écrivait dans l’une de ses lettres :
« TRAVAILLEZ À VOUS CONNAÎTRE INTÉRIEUREMENT POUR CE QUE VOUS VALEZ… »
Alors,
qui que nous soyons,
moyennant notre humble disponibilité le Seigneur fera en nous son chemin.
N’a-t-il pas dit : « JE SUIS LE CHEMIN » et encore :
« PERSONNE NE VA AU PÈRE SANS PASSER PAR MOI . »
Nous n’en doutons pas,
le chemin que l’Esprit- Saint façonnera en nous sera un chemin de beauté…
pas n’importe quelle beauté !
Un chemin de beauté morale et spirituelle car, comme l’a écrit Dostoïevski :
si « C’EST LA BEAUTÉ QUI SAUVERA LE MONDE ! »
le monde ne pourra être sauvé que par la beauté morale
et la beauté spirituelle de l’humanité.