3ième dimanche de Carême A
Frères et Sœurs,
avec ce récit tiré de l’évangile de Jean
nous avons ce qu’on appelle une CATÉCHÈSE
ou, si vous préférez, un ENSEIGNEMENT DE LA FOI.
Cet enseignement se présente sous la forme d’un entretien
où est mis en présence Jésus et une femme de Samarie.
D’entrée de jeu, c’est Jésus qui prend L’INITIATIVE.
Initiative qui n’a rien à voir avec la foi elle-même
mais qui nous y conduit de la façon la plus heureuse qui soit.
Pour créer le contact, Jésus formule une demande
à la manière d’un pauvre.
Il tend la main à cette femme qui vient au puits
pour y puiser de l’eau et lui demande:
« DONNE-MOI À BOIRE. »
Jésus lui demande humblement quelque chose…
qu’elle peut facilement lui donner.
D’emblée, Jésus crée l’inattendu.
Cet inattendu va permettre à Jésus
d’entrer dans le vif de l’entretien
qu’il veut avoir avec cette femme de Samarie.
Cette femme est pour le moins surprise
par cette demande
qui en dit long sur la conception qu’à Jésus de l’ÉGALITÉ homme-femme, ce qui est inouï…à l’époque.
En effet, « COMMENT ! – réplique- la samaritaine-
TOI QUI ES JUIF, TU ME DEMANDES À BOIRE,
À MOI, UNE SAMARITAINE ? »
Non seulement l’homme Jésus enfreint une règle en vigueur
dans le monde méditerranéen
où, un homme n’adresse pas la parole à une femme
qu’il ne connait pas,
mais, qui plus est, les juifs ont classés depuis longtemps
les samaritains comme leur pire ennemi.
« EN EFFET, dit le récit,
LES JUIFS NE VEULENT RIEN AVOIR EN COMMUN
AVEC LES SAMARITAINS. »
Jésus avec bienveillance répond à la Samaritaine:
« SI TU SAVAIS LE DON DE DIEU,
SI TU CONNAISSAIS CELUI QUI TE DIT :
« DONNE-MOI À BOIRE »,
C’EST TOI QUI LUI AURAIS DEMANDÉ,
ET IL T’AURAIT DONNÉ L’EAU VIVE ?
Tout spontanément la femme lui répond :
« SEIGNEUR, TU N’AS RIEN POUR PUISER,
ET LE PUITS EST PROFOND;
AVEC QUOI PRENDRAIS-TU L’EAU VIVE ? »
Alors, sans en avoir conscience,
La Samaritaine apporte, en quelque sorte sa pierre
à la catéchèse qui se déroule
en posant une bonne question:
« SERAIS-TU PLUS GRAND QUE NOTRE PÈRE JACOB
QUI NOUS A DONNÉ CE PUITS ? »
Jacob ! le père des 12 tribus d’Israël avant les rivalités.
« SERAIS-TU PLUS GRAND QUE LUI…? »
demande la Samaritaine.
L’eau du puits de Jacob n’étanche pas la soif profonde
du cœur de l’homme.
« L’EAU QUE JE LUI DONNERAI DEVIENDRA EN LUI
SOURCE JAILLISSANTE POUR LA VIE ÉTERNELLE.»dit Jésus.
La Samaritaine n’y comprend goutte
Mais elle sait qu’elle se trouve devant quelqu’un
qui est grand… peut-être plus grand que Jacob.
Quoi qu’il en soit,
sans trop savoir comment, elle demande à Jésus :
« SEIGNEUR, DONNE-LA MOI, CETTE EAU :
QUE JE N’AIE PLUS SOIF… »
Par ailleurs, mais toujours dans l’évangile de Jean,
Jésus proclame dans le Temple :
« SI QUELQU’UN À SOIF, QU’IL VIENNE À MOI
ET QU’IL BOIVE CELUI QUI CROIT EN MOI…..
DE SON SEIN COULERONT DES FLEUVES D’EAU VIVE. »
Jésus sait que ce qu’il propose à la Samaritaine
dépasse infiniment le terrain sur lequel est rivée cette femme
avec son souci quotidien de la corvée d’eau au puits.
Au point où il se trouve dans cet entretien catéchétique
Jésus voudrait amener cette femme à vérifier
si elle est capable d’accéder à une plus profonde révélation de Dieu,
où, pour le dire plus brièvement,
si le CŒUR DE LA SAMARITAINE est sincèrement disposé à recevoir le don de L’EAU VIVE,
le don de L’ESPRIT SAINT.
Aussi Jésus va frapper à la porte du cœur de cette femme en lui posant une question essentielle pour elle:
il lui dit: « APPELLE-TON MARI, ET REVIENS. »
Elle répond « JE N’AI PAS DE MARI. »
Le cœur de la Samaritaine est sincère et ouvert.
Jésus peut lui dire avec toute la délicatesse qui est la sienne :
« TU AS RAISON DE DIRE QUE TU N’AS PAS DE MARI,
CAR TU EN EU CINQ...ET CELUI AVEC QUI TU ES
MAINTENANT, N’EST PAS TON MARI : LÀ, TU DIS VRAI. »
Par cette réponse, Jésus voit bien que le cœur de cette femme est blessé…mais ce cœur n’est pas fermé.
Alors, la Samaritaine,
est-ce pour déplacer la conversation
ou plus précisément ,peut-être ,
pour aller au cœur de ce dialogue
tellement important dans le déroulement de la catéchèse,
elle dit à Jésus :
« SEIGNEUR, JE LE VOIS, TU ES UN PROPHÈTE.
-Un homme envoyé de Dieu pour parler aux humains-
ALORS, EXPLIQUE-MOI :
NOS PÈRES ONT ADORÉ DIEU SUR LA MONTAGNE
QUI EST LÀ ET VOUS, LES JUIFS, VOUS DITES QUE LE LIEU
OÙ IL FAUT L’ADORER EST À JÉRUSALEM. »
Jésus lui dit : « FEMME, CROIS-MOI :
L’HEURE VIENT OÙ VOUS N’IREZ PLUS NI SUR CETTE MONTAGNE NI À JÉRUSALEM POUR ADORER LE PÈRE. »
Alors que la Samaritaine disait adorer Dieu.
Jésus, précisément, lui révèle le PÈRE.
VOUS ADOREZ CE QUE VOUS NE CONNAISSEZ PAS ;
NOUS ADORONS, NOUS, CELUI QUE NOUS CONNAISSONS,
CAR LE SALUT VIENT DES JUIFS.
MAIS L’HEURE VIENT – ET C’EST MAINTENANT –
OÙ LES VRAIS ADORATEURS ADORERONT LE PÈRE….
• C’EST EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ QU’ILS DOIVENT L’ADORER. »
En ESPRIT, c’est L’ESPRIT SAINT.
c’est lui qui crie en nous « PÈRE. »
C’est lui que le Père a envoyé pour la rémission des péchés
afin qu’il nous façonne un cœur à la mesure même de Dieu.
En Esprit mais aussi en Vérité.
Jésus dira : « JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE »
En disant qui est Dieu pour l’homme,
Jésus dit la vérité de l’homme ;
IL EST LA VÉRITÉ DE L’HOMME
C’est pourquoi Jésus peut dire:
« PERSONNE NE VA AU PÈRE SANS PASSER PAR MOI. »
Lorsque les disciples demandent à Jésus de leur apprendre à prier, Jésus leur dit :
« QUAND VOUS PRIEREZ VOUS DIREZ : « NOTRE PÈRE….
S. Jean – encore lui - nous dit dans sa première lettre :
« VOYEZ DE QUEL GRAND AMOUR LE PÈRE NOUS A FAIT DON,
QUE NOUS SOYONS APPELÉS ENFANTS DE DIEU ;
ET NOUS LE SOMMES. »
La Samaritaine, quant à elle, c’est à pas de géant qu’elle
progresse.
L’Esprit Saint ou, si vous préférez : « L’EAU VIVE »
y est probablement pour quelque chose.
En effet, elle dit à Jésus :
« JE SAIS QU’IL VIENT, LE MESSIE,
CELUI QU’ON APPELLE CHRIST.
QUAND IL VIENDRA,
C’EST LUI QUI NOUS FERA CONNAÎTRE TOUTES CHOSES. »
Jésus lui dit : « MOI QUI TE PARLE, JE LE SUIS. »
Frères et Sœurs,
On ne saura jamais si la Samaritaine à donné un peu d’eau à Jésus.
Peu importe.
« IL EST VENU POUR SERVIR ET NON POUR ÊTRE SERVI. »
Pour Jésus, sa catéchèse auprès de la Samaritaine est réussie.
Quant à « LA SAMARITAINE, LAISSANT LÀ SA CRUCHE …. »
Elle n’en a plus besoin. Elle a trouvé « L’EAU VIVE »
« L’ESPRIT DE VIE DIVINE »
qui se conserve non dans une cruche mais…
dans le cœur des humains.
Cette femme de Samarie,
à n’en pas douter, animée par l’Esprit Saint…..
« LAISSANT LÀ SA CRUCHE,
libre de la liberté des enfants de Dieu POUR DIRE AUX GENS:
« VENEZ VOIR UN HOMME
QUI M’A DIT TOUT CE QUE J’AI FAIT.
NE SERAIT-CE PAS LE MESSIE ? »
Nous avons vu, dans l’évangile selon S. Jean,
comment Jésus RÉVÈLE le PÈRE.
Révélation progressive :
Jésus est d’abord reconnu
comme un HOMME,
de nationalité juive….PLUS GRAND QUE JACOB.
Ensuite un PROPHÈTE.
Enfin le MESSIE.
N’oublions pas que la SAMARIE est exécrablement rejetée par ses frères de race,
Aussi, écoutons comment Jésus en parle au début du livre des Actes des Apôtres.
Il s’adresse aux Douze en leur disant:
« VOUS ALLEZ RECEVOIR UNE PUISSANCE,
CELLE DU SAINT ESPRIT – « L’EAU VIVE »-
QUI VIENDRA SUR VOUS ;
VOUS SEREZ MES TÉMOINS À JÉRUSALEM,
DANS TOUTE LA JUDÉE ET LA SAMARIE
ET JUSQU’AUX EXTRÉMITÉS DE LA TERRE. »
Cette catéchèse à la Samaritaine
est un des sommets du Nouveau Testament.
Avons-nous vraiment soif
de cette eau vive qu’est l’Esprit Saint ?
Sommes-nous prêts à suivre le Christ en nous laissant éduquer par lui.
Il nous révèle qui est Dieu pour nous : un PÈRE..
qui nous envoie son Fils en nous le donnant pour FRÈRE.
Par Lui, il nous donne son Esprit « L’EAU VIVE »
Pour en vivre en comblant nos soifs les plus profondes.
Le carême est le temps favorable pour vérifier
où nous en sommes avec Dieu..
Enfin,
Laissons au peuple de Samarie le mot de la fin.
Ce sont les Samaritains,
ces mal aimés qui nous disent à propos de Jésus :
« NOUS L’AVONS ENTENDU…ET NOUS CROYONS QUE C’EST VRAIMENT LUI LE SAUVEUR DU MONDE. »