5ième dim. de Carême A
Frères et Sœurs,
L’essentiel de ce passage d’évangile selon S. Jean
se situe
lors de l’entretien de Jésus avec Marthe, la sœur de Lazare :
« MOI, dit Jésus,
JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE.
CELUI QUI CROIT EN MOI,MÊME S’IL MEURT, VIVRA ;
ET TOUT HOMME QUI VIT ET CROIT EN MOI NE
MOURA JAMAIS. CROIS-TU CELA ? »
Pour le dire de façon plus étayée :
Celui qui croit en moi,
même s’il meurt CORPORELLEMENT,
vivra ÉTERNELLEMENT.
S’IL CROIT EN MOI.
C’est la condition absolument incontournable.
A la naissance nous jouissons de la vie corporelle
QUI RESSORT DE NOTRE CONDITION HUMAINE.
Par la foi nous jouissons d’une vie spirituelle
QUI RESSORT DE LA CONDITION DIVINE dont nous sommes marqués de façon indélébile lors de notre baptême.
Lorsque survient la mort corporelle – celle que vient de subir Lazare…
c’est l’accomplissement NATUREL de la condition humaine.
Mais cette mort corporelle n’a aucune emprise
sur ce qui se vit essentiellement dans la foi.
Notre foi n’est pas bornée à notre condition humaine,
elle en est au-delà; la foi, elle est de condition divine.
La résurrection de Lazare n’est pas,
pour être précis, une résurrection mais tout simplement
une RÉANIMATION du corps défunt qui retrouve,
ni plus ni moins, sa vie corporelle qu’il avait avant son décès.
Il n’empêche que cette réanimation du corps de Lazare
va être pour Jésus
l’occasion de dire ce qu’il adviendra après sa mort à lui,
et qui ne sera pas comme pour Lazare
une réanimation du corps
mais,
pour Jésus, sa résurrection est
la transformation de sa condition humaine en Dieu ,
la transfiguration de sa condition humaine en Dieu.
Depuis la résurrection du corps du Christ
Il y a de l’humain au sein même de la Trinité,
Car le Fils de Dieu ayant par essence la condition divine
Est aussi par son incarnation de condition humaine.
Juste avant l’entrée de Jésus à Jérusalem
entrée qui va se réaliser dans quelques jours
et que nous fêtons le dimanche des rameaux…
dimanche qui nous ouvre LA SEMAINE SAINTE
avec en apothéose justement
LA RÉSURRECTION DU CORPS DU CHRIST.
Mais venons-en donc à ce récit concernant la réanimation de Lazare. Récit qui suit immédiatement l’interpellation que les juifs adressent à Jésus.
« SI TU ES LE CHRIST, LE MESSIE,
DIS-LE NOUS OUVERTEMENT ? »
Jésus leur répondit :
« JE VOUS L’AI DIT ET VOUS NE CROYEZ PAS.
LES OEUVRES QUE JE FAIS AU NOM DE MON PÈRE
ME RENDENT TÉMOIGNAGE MAIS VOUS NE CROYEZ PAS
PARCE QUE VOUS N’ÊTES PAS DE MES BREBIS.
MES BREBIS ÉCOUTENT MA VOIX
ET JE LES CONNAIS ET ELLES VIENNENT À MA SUITE.
Autrement dit: ELLES ME DONNENT LEUR FOI. »
Dans le récit de Béthanie que nous venons d’entendre
ce n’est peut-être pas sans raison
que Jésus reste encore deux jours là où il se trouvait
avant de répondre à l’appel de Marthe
« DE VENIR SANS TARDER À BÉTHANIE ET RENDRE LA
SANTÉ À SON FRERE LAZARE QUI EST MALADE. »
La réanimation de Lazare, Jésus va donc s’en servir pour annoncer sa propre RÉSURRECTION À LUI
qui n’a rien à voir avec la réanimation de Lazare…
MAIS QUI EST LE GAGE DE NOTRE PROPRE RÉSURRECTION .
« LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR…
POUR LA VIE ÉTERNELLE »
C’est le point d’orgue de notre credo que nous allons chanter dans quelques instants qui se termine par ces mots:
« ET EXPECTO RESSURECTIONEM MORTUORUM
ET VITAM VENTURI SAECULI. AMEN »
« J’ATTENDS LA RÉSURRECTION DES MORTS
ET LA VIE DU MONDE À VENIR. AMEN. »
Jésus va intentionnellement parler du sommeil à propos de Lazare : la vie que Lazare avait avant et qu’il va retrouver
après être réanimé….
Ce qui ne l’empêchera pas de mourir encore par la suite.
« LAZARE, NOTRE AMI, S’EST ENDORMI
MAIS JE M’EN VAIS LE TIRER DE SON SOMMEIL.
LES DISCIPLES LUI DIRENT ALORS :
« SEIGNEUR S’IL S’EST ENDORMI, IL SERA SAUVÉ ;
CAR ILS PENSAIENT QUE JÉSUS VOULAIT PARLER DU SOMMEIL. »
TANDIS QU’IL PARLAIT DE LA MORT. »
comme nous l’entendons couramment
A vrai dire, ce que nous attendons,nous, après notre mort
ce n’est pas une réanimation de notre corps..
comme ce fut le cas pour Lazare,
mais bien une RÉSURRECTION et c’est bien au Christ mort
et ressuscité que nous devons notre résurrection à venir.
En l’occurrence, la réanimation de Lazare mort est pour Jésus bien plus proche du sommeil qui n’est jamais un terme
mais, en l’occurrence, la mort est un, pour nous,
le PASSAGE décisif vers UNE PLÉNITUDE DE VIE qui ne connait plus la mort.
Si nous savons être attentifs,
la nature qui nous entoure nous éduque bien souvent.
Prenons un exemple :
Lorsque la CHENILLE qui se transforme en chrysalide
pour devenir- ô merveille- un papillon.
Il n’y a pas de commune mesure entre la chenille
qui passe par un état de léthargie
et le papillon qui est une merveille de grâce,
de beauté et pourtant…
c’est bien LA CHENILLE QUI EST DEVENUE PAPILLON.
C’est une image mais elle peut nous mettre sur la bonne piste en vue de notre accomplissement final.
Lors de notre résurrection que le Christ nous mérite
nous serons, bel et bien, à ce point transfigurés, transformés
bien plus encore que la chenille qui devient papillon.
A propos de notre résurrection,
S. Paul dit aux Philippiens 3,21:
« NOTRE CITÉ, À NOUS, EST DANS LES CIEUX,
D’OÙ NOUS ATTENDONS,
COMME SAUVEUR, LE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST QUI TRANSFIGURERA NOTRE CORPS HUMILIÉ
POUR LE RENDRE CONFORME À SON CORPS DE GLOIRE. »
Nous l’avons entendu,
durant ce touchant dialogue en Marthe et Jésus,
Marthe lui dit :
« SEIGNEUR, SI TU AVAIS ÉTÉ LÀ
MON FRÈRE NE SERAIT PAS MORT.
MAIS JE SAIS QUE, MAINTENANT ENCORE DIEU T’ACCORDERA TOUT CE QUE TU LUI DEMANDERAS. »
Jésus lui dit :
« TON FRÈRE RESSSUCITERA. »
Marthe reprit :
« JE LE SAIS.. IL RESSUSCITERA AU DERNIER JOUR. »
Et Jésus arrive là où il veut en venir :
« MOI, JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE….
CELUI QUI CROIT EN MOI NE MOURRA JAMAIS.
CROIS-TU CELA ?
Celui qui croit a donc prise sur la vie divine,
la vie divine sur laquelle la mort n’a aucune emprise.
Vient alors cette attitude profondément humaine,
éprouvante même devant quelqu’un qui s’est éteint.
Et Jésus, profondément sensible,
« QUAND IL VIT QUE MARTHE PLEURAIT ET QUE LES JUIFS VENUS AVEC ELLE PLEURAIENT AUSSI,
JÉSUS FUT BOULEVERSÉ D’UNE ÉMOTION PROFONDE
ET PLEURA LUI AUSSI. »
Les juifs se dirent :
« VOYEZ COMME IL L’AIMAIT. »
« ALORS JÉSUS DEMANDE QU’ON ENLÈVE LA PIERRE.
MARTHE QUI SAIT LUI DIT :
« MAIS SEIGNEUR,IL SENT DÉJÀ;
VOILÀ QUATRE JOURS QU’IL EST LÀ. »
ALORS JÉSUS DIT À MARTHE :« NE TE L’AI-JE PAS DIT ?
SI TU CROIS TU VERRAS LA GLOIRE DE DIEU. »
« LA GLOIRE DE DIEU, nous dit S. Irénée de Lyon,
C’EST L’HOMME VIVANT. »
Pour Jésus, et là est l’essentiel de son message évangélique,
autrement dit :c’est la bonne nouvelle pour l’humanité :
Oui ! LA GLOIRE DE DIEU C’EST L’HOME VIVANT…
VIVANT DE LA VIE DIVINE. »
Plusieurs fois, dans l’évangile de Jean, Jésus dit :
« MON HEURE N’EST PAS ENCORE VENUE »
Or, un peu plus loin, au ch. 17 de S. Jean,
DANS SA GRANDE PRIÈRE À SON PÈRE,
JUSTE AVANT SON ARRESTATION,
JÉSUS COMMENCE PAR CES MOTS :
« PÈRE L’HEURE EST VENUE,
GLORIFIE TON FILS AFIN QUE TON FILS TE GLORIFIE
ET QUE SELON SON POUVOIR SUR TOUTE CHAIR
QUE TU LUI AS DONNÉ,
IL DONNE LA VIE ÉTERNELLE
À TOUS CEUX QUE TU LUI AS DONNÉS. »
OR, LA VIE ÉTERNELLE,
C’EST QU’ILS TE CONNAISSENT TOI, LE SEUL VRAI DIEU
ET CELUI QUE TU AS ENVOYÉ JÉSUS-CHRIST.»
FRÈRES ET SŒURS,
la résurrection du Christ inscrite en filigrane dans ce récit
concernant la réanimation de Lazare
est bien LE GAGE de notre propre résurrection.
La Vie, la vraie Vie, la vie en plénitude,
c’est la vie même de Dieu..
Cette vie, il nous est donné d’en vivre
dès ici-bas dans la mesure même de notre foi.
La foi n’est pas une activité cérébrale,
La foi est un don de Dieu qui touche le cœur humain.
C’est la foi qui nous ouvre la voie
en vue de l’accomplissement de NOTRE VIE EN DIEU.
Jésus qui est « LA RÉSURRECTION ET LA VIE.»
nous redit à l’oreille de notre cœur…
comme il l’a dit à Marthe :
« CROIS-TU CELA ?