6ième dimanche de Pâques A
Frères et sœurs,
Dans la seconde lecture de ce dimanche,
tirée de la première lettre de S. Pierre,
l’apôtre nous dit :
« SOYEZ TOUJOURS PRÊTS À VOUS EXPLIQUER
DEVANT TOUS CEUX QUI VOUS DEMANDENT
DE RENDRE COMPTE DE L’ESPÉRANCE QUI EST EN
VOUS. »


Cette espérance,
nous pouvons d’autant plus en rendre compte
qu’elle est déjà, pour nous,
un acquit DÉCISIF en attendant qu’elle soit
un accomplissement DÉFINITIF….
Lorsque du stade décisif qui est le nôtre actuellement
nous passerons définitivement dans la plénitude de la vie,
nous serons alors parfaitement identifiés au Christ.

C’est bien là le nec plus ultra ou la fine fleur de notre espérance :
NE FAIRE QU’UN AVEC LE CHRIST !
S. Benoit nous le dit on ne peut plus clairement
au chapitre 4 de sa règle monastique:
« NE RIEN PRÉFÉRER À L’AMOUR DU CHRIST. »
À L’AMOUR QUI VIENT DU CHRIST,
Mais aussi À L’AMOUR POUR LE CHRIST.

 

C’est là, en nous,
l’œuvre d’un orfèvre en la matière :
l’œuvre de L’ESPRIT SAINT.
L’Esprit Saint lui qui est au cœur même de Dieu.
Il est l’amour du Père pour le Fils,
Il est l’amour du Fils pour le Père.
Celui que nous désignons
comme la troisième personne de la Trinité
est L’AMOUR AU CŒUR MÊME DE DIEU.

Lorsque Jésus dit :
« SI QUELQU’UN M’AIME, MON PÈRE L’AIMERA…
NOUS VIENDRONS À LUI ET NOUS FERONS EN LUI
NOTRE DEMEURE. »
le fait pour Dieu,
d’ HABITER EN NOUS est l’œuvre de l’Esprit Saint
dont Jésus nous dit
dans le passage d’évangile que nous venons d’entendre :
« C’EST L’ESPRIT QUI DEMEURE AUPRÈS DE VOUS
ET QUI EST EN VOUS.

Le cœur est non seulement
ce qu’il y a de plus profond dans l’être humain
mais aussi et surtout
le CŒUR est façonné pour être LA DEMEURE de Dieu…
et de cette demeure
nous sommes propriétaire étant donné
comme le dit Origène, ce père de l’Église d’Orient,
reprenant et explicitant ce passage célèbre du livre de la Genèse:
« NOUS SOMMES CRÉÉS À L’IMAGE DE CELUI
QUI EST L’IMAGE DE DIEU, LE VERBE INCARNÉ. »
Nous sommes…à l’image de Dieu…
et donc LIBRES autant que notre condition humaine le permet.
Si Dieu veut pour nous cette LIBERTÉ
c’est afin de nous TOURNER LIBREMENT VERS LUI….
Mais… étant donné cette liberté
nous pouvons, tout autant, nous DÉTOURNER DE LUI.

Nous pouvons,
excusez l’impertinence du langage,
nous pouvons,
mettre le divin locataire à la porte…de notre cœur.

Et lorsque l’Esprit Saint –
l’Esprit qui tend immanquablement à L’UNITÉ -
n’est plus au cœur de la personne humaine,
ce cœur qui, en définitive, est fait pour Dieu,…
ce cœur est alors dangereusement exposé à tous les caprices mondains.
Alors, loin d’être entraîné par L’ESPRIT SAINT,
ce cœur, tellement fragile, exposé aux vents contraires
ce cœur peut devenir un foyer infernal… un enfer.
Ce cœur est alors sous l’emprise du diabolos :
CELUI QUI DIVISE.
Sans porter de jugement, nous pouvons constater
que c’était bien le fait de Judas lors de la dernière Cène.
et l’évangéliste de préciser
lorsque Judas s’en va pour sa funeste besogne :
« IL FOAISAIT NUIT. »
Il faisait nuit…probablement à l’extérieur.
IL FAISAIT NUIT CERTAINEMENT dans le cœur de Judas.
Le cœur de Judas se fourvoie alors dans les impasses ténébreuses d’un monde désorienté,
d’un monde qui n’est plus sous l’emprise de la lumière divine…
cette lumière qui donne au monde toute sa noblesse.

Lorsqu’il est question du « MONDE » en S.Jean
Il est manifeste que le monde peut avoir plusieurs sens.
C’est alors le contexte qui nous éclaire sur le sens.
Tantôt « LE MONDE » signifie l’univers dans son ensemble,
tantôt il représente L’HUMANITÉ qui est
le FLEURON de la création du monde.
C’est dans cette conception la plus accomplie du monde
que S. Jean énonce cette vérité devenue célèbre (ch.3.16)
« DIEU À TANT AIMÉ LE MONDE QU’IL A DONNÉ SON FILS, SON UNIQUE,
POUR QUE TOUT HOMME QUI CROIT EN LUI NE PÉRISSE PAS MAIS AIT LA VIE ÉTERNELLE. »

Mais il y a encore chez S. Jean
un autre SENS – tout différent – au terme MONDE
lorsque celui-ci
s’organise dans le refus de Dieu et de la Révélation
comme le précise S. Jean au ch.12:
« C’EST MAINTENANT LE JUGEMENT DE CE MONDE…. »
Ici, le MONDE – sous l’emprise du Mal –
est opposé au MONDE FUTUR, où Dieu règnera. »

bref, qu’on le veuille ou non,
nous sommes dans le monde
mais, précise Jésus en parlant de ses disciples :
« S’ILS SONT DANS LE MONDE,
ILS NE SONT PAS DU MONDE. »
La référence du chrétien pour vivre sa vie ici-bas
ne relève pas du monde.
sa référence, le chrétien la tient de celui qui a dit :
« JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE. »
Selon la parole du Christ :
« NOUS NE SOMMES PAS DU MONDE
MAIS NOUS SOMMES DANS LE MONDE… »
Pour être à notre tour…c’est toujours Jésus qui parle,
pour être« LA LUMIÈRE DU MONDE… »

à commencer par le PETIT MONDE
que sont nos milieux de vie à chacun et à chacune.
Si l’être humain veut développer DANS LE MONDE
sa qualité de personne humaine
il se doit de façonner le monde
en le rendant de plus en plus conforme
à sa raison d’être….à savoir :
un monde AU SERVICE de l’humanité
et non un monde dans lequel
l’humanité SE LAISSE ASSERVIR par la mondanité.

Pour grandir en humanité
l’être humain se doit de tisser dans son petit monde
un canevas de RELATIONS POSITIVES.
Il n’y a pas à attendre que cela vienne du monde.
C’est aux humains qu’il revient d’INFORMER le monde…
de donner FORME au monde.
Jésus le proclame on ne peut plus clairement :
donner au monde sa forme la plus accomplie,
pour cela Jésus proclame on ne peut plus clairement :
« VOUS ÊTES LA LUMIÈRE DU MONDE. »
C’est à l’humanité qu’est confiée la mission
de façonner le monde d’ici-bas pour en faire
comme la première étape DU MONDE À VENIR,
autrement dit :
le Royaume où Dieu règne…mais comment ?
EN SE METTANT AU SERVICE DE L’HUMANITÉ.

DIEU AU SERVICE DE L’HOMME ?
MAIS C’EST LE MONDE À L’ENVERS…

A moins que, en fin de compte,
ce ne soit, dans notre optique, le monde à l’endroit.
En attendant,
le monde, notre monde est un monde blessé,
exploité et même profondément défiguré
dans ce qui reste le fleuron de la création :L’ HUMANITÉ.

S. Jean nous le disait il y a un instant :
« LE MONDE EST INCAPABLE RECEVOIR
L’ESPRIT DE VÉRITÉ
PARCE QU’IL NE LE VOIT PAS ET NE LE CONNAÎT PAS ;
MAIS VOUS – sous-entendu, qui n’êtes pas du monde –
VOUS LE CONNAISSEZ PARCE QU’IL DEMEURE AU
MILIEU DE VOUS ET QU’IL EST EN VOUS. »
Alors le chrétien peut marcher dans le monde
en suivant les pas de son Dieu…
« LUI QUI A TELLEMENT AIMÉ LE MONDE
QU’IL LUI A DONNÉ SON FILS UNIQUE. »

Dans ce monde, nous sommes… en route….
les pèlerins de l’Absolu.
Désencombrons notre cœur et n’emportons que l’amour.
L’amour dont Jésus nous entretient dans cet évangile
C’est , EN NOUS, LA PART DIVINE.
Ce qui nous est demandé c’est de nous disposer
à rendre amour pour amour :
« SI VOUS M’AIMEZ, dit Jésus,
VOUS RESTEREZ FIDÈLES À MES COMMANDEMENTS »
Le commandement du Christ :
« NOUS AIMER LES-UN LES-AUTRES
DE L’AMOUR DONT IL NOUS A AIMÉ »
NOUS AIMER d’un amour qui nous emporte
dans LA JOIE DE VIVRE INTENSÉMENT…
mais c’est là notre désir le plus profond,
« ALORS MOI, dit Jésus, JE PRIERAI LE PÈRE,
ET IL VOUS DONNERA UN AUTRE DÉFENSEUR
QUI SERA POUR TOUJOURS AVEC VOUS:
C’EST L’ESPRIT DE VÉRITÉ. »

FRÈRES ET SŒURS,

Durant cette quinzaine qui nous sépare de la Pentecôte,
disposons – plus que jamais –
nos cœurs au souffle de l’Esprit
en veillant à être les uns pour les autres
LE VOISIN AIMABLE,
alors «NOUS SERONS TOUJOURS PRÊTS À NOUS
EXPLIQUER DEVANT TOUS CEUX
QUI NOUS DEMANDENT DE RENDRE COMPTE
DE L’ESPÉRANCE QUI EST EN NOUS. »