7ième du temps ordinaire A
Frères et Sœurs,
Lors de la préparation du baptême d’un petit enfant,
le prêtre dit aux parents :
«VOUS DEMANDEZ LE BAPTÊME POUR VOTRE ENFANT,
autrement dit
VOUS PRENEZ, POUR VOUS,
L’ENGAGEMENT DE DONNER À VOTRE ENFANT
UNE ÉDUCATION CHRÉTIENNE…
TOUT EN RESPECTANT LA LIBERTÉ DE L’ENFANT. »
Éducation chrétienne…qu’est-ce que cela veut dire ?
Après un échange,
le prêtre entre dans le vif du sujet :
« QU’EST-CE QU’ÊTRE CHRÉTIEN ! »
Le prêtre en arrive à cette affirmation fondamentale :
« Être chrétien…c’est accepter d’être aimé et aimer… »
aimer à la manière du Christ :
et donc, aimer sans mesure,
aimer sans mettre des bornes limitatives
et donc, ajoute le prêtre :
« aimer jusqu’à aimer ses ennemis. »
à ces mots, le grand’ père qui était présent à l’entretien
et qui avait bien écouté jusque-là
réagit spontanément :
VOUS LE SAVEZ, JE SUIS CHRÉTIEN,
MAIS AIMER MES ENNEMIS…ÇA NON !. »
Le prêtre lui répond :
« C’EST JUSTEMENT LÀ
QUE L’ON RECONNAÎT LE CHRÉTIEN. »
Jésus va d’ailleurs expliciter cette position fondamentale ; c’est dans le passage d’évangile que nous venons d’entendre :
« SI VOUS AIMEZ CEUX QUI VOUS AIMENT,
QUELLE RÉCOMPENSE AUREZ-VOUS ?
LES PUBLICAINS EUX-MÊMES N’EN FONT-ILS PAS
AUTANT ? »
Jésus précise :
« ON VOUS A DIT :
« TU AIMERAS TON PROCHAIN ET TU HAÏRAS TON
ENNEMI.
EH BIEN MOI, JE VOUS DIS : AIMEZ VOS ENNEMIS,
ET PRIEZ POUR CEUX QUI VOUS PERSÉCUTENT,
AFIN D’ÊTRE VRAIMENT LES FILS DE VOTRE PÈRE QUI
EST DANS LES CIEUX. »
Ici, plus que jamais NOTRE RÉFÉRENCE C’EST LE CHRIST.
Comment Jésus s’est-il comporté ?
Laissons la parole à Martin Luther King,
un apôtre de la non-violence.
Il écrit dans son ouvrage : « LA FORCE D’AIMER » :
« LE CHRIST, L’INNOCENT, FILS DE DIEU,
EST ÉTENDU SUR UNE CROIX DRESSÉE
EN UNE DOULOUREUSE AGONIE.
QU’ELLE PLACE Y A-T-IL ENCORE-LÀ POUR L’AMOUR ET
LE PARDON ?
Martin Luther King ajoute
« LA RÉPONSE À CETTE QUESTION ÉCLATE AVEC UNE
SPLENDEUR MAJESTUEUSE :
« PÈRE, PARDONNE-LEUR CAR ILS NE SAVENT PAS CE
QU’ILS FONT. »
Et M.L. King conclut :
« C’EST L’HEURE LA PLUS BELLE DE JÉSUS ! »
Tout ce que dit Jésus est corroboré par ce qu’il fait
comme tout ce qu’il fait est éclairé par ce qu’il dit ;
ainsi lorsqu’on le frappe au visage
il ne veut rester dans ce carcan de la violence.
Il ne répond pas du tac au tac.
D’ une relation violente qui lui est provoquée,
Jésus s’en dégage pour établir avec l’autre malveillant une relation humaine.
C’est bien ce que Jésus veut signifier
lorsqu’il apporte la lumière de sa parole sur son comportement :
« SI QUELQU’UN TE GIFLE SUR LA JOUE DROITE,
TEND-LUI ENCORE L’AUTRE. »
Et cette autre parole, toujours de Jésus dans cet évangile,
« VOUS AVEZ APPRIS QU’IL A ÉTÉ DIT :
ŒIL POUR ŒIL, DENT POUR DENT. »
or, cette loi appelée loi du talion
était déjà un progrès considérable
par rapport à la vengeance qui auparavant se répercutait sur plusieurs générations.
même à l’égard de cette loi du talion qui se traduit par œil pour œil, Jésus dira :
« EH BIEN MOI,
JE VOUS DIS DE NE PAS RIPOSTER AU MÉCHANT. »
Le terrain sur lequel se place Jésus
lorsqu’il préconise l’amour du prochain,
il ne demande pas d’aimer son ennemi d’un amour d’affection mais d’un amour de miséricorde :
LA MISÉRICORDE :
avoir un cœur sensible à la misère…de l’autre.
C’est bien de cela qu’il s’agit.
FRÈRES ET SŒURS,
ce passage d’évangile…
ne serait-il pour nous qu’une utopie,
un rêve un peu fou….un rêve inaccessible.
Evidemment,
Jésus était vraiment homme
mais il était aussi vraiment Dieu.
Il avait les deux natures…tandis que nous…
Eh bien nous aussi nous avons les deux natures :
humaine et divine.
Lorsque Jésus,
dans son entretien avec le pharisien Nicodème,
il lui dit :
« EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE TE LE DIS :
À MOINS DE NAÎTRE D’EN-HAUT - que l’on peut aussi comprendre comme NAÎTRE À NOUVEAU-
Naître d’en-haut et naître à nouveau ne se contredisent pas car il s’agit bien
D’UNE NOUVELLE NAISSANCE MAIS D’UNE NAISSANCE D’EN-HAUT.
Autrement dit comme Jésus le précise:
« EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE TE LE DIS :
NUL, S’IL NE NAÎT D’EAU ET D’ESPRIT,
NE PEUT ENTRER DANS LE ROYAUME DE DIEU. »
Or,
NAÎTRE D’EAU ET D’ESPRIT…
c’est notre baptême
par lequel nous acquerrons UNE SECONDE NATURE :
LA NATURE DIVINE.
Alors, ce qui n’est pas possible à la nature humaine
–notre évangile est à prendre au pied de la lettre-
ce qui n’est pas possible à la nature humaine
est possible à Dieu
et donc possible à notre participation à la nature divine qui est le don gracieux dont nous sommes comblés au baptême.
C’est tout le rôle de l’Esprit Saint dans nos vies.
Ce que Jésus est par nature : fils de Dieu,
nous le sommes par grâce.
La vie divine dont nous sommes comblés
n’est pas une vie divine au rabais ;
quand Dieu se donne, il ne se laisse jamais vaincre en générosité.
Nous sommes donc comblés... comblés de vie divine.
Quant à la nourriture,
la seule qui puisse sustenter la part divine indéfectiblement unie à la part humaine en nous..
c’est l’Eucharistie qui nous rassemble ce matin.
Alors, nous pouvons recevoir cette parole de Jésus
comme notre héritage inouï :
ce sont les derniers mots de l’évangile de ce dimanche :
« VOUS DONC, dit Jésus,
SOYEZ PARFAITS COMME VOTRE PÈRE CÉLESTE EST PARFAIT. »