Internoviciat – conf. 2
L’Église d’Alexandrie
Introduction :
Il est important pour nous de voir, de reconnaître et d’admirer l’action de Dieu dans l’Église et le monde d’aujourd’hui. Et pour nous disposer à le faire, il est bon de regarder comment il a fait naître son Église, non seulement l’Église primitive de Jérusalem dont nous parlent les Actes des Apôtres, mais chacune des grandes Églises des premiers siècles.
Pour comprendre comment Dieu avait préparé le développement extraordinaire du monachisme en Égypte à l’époque d’Antoine et de Pachôme, il convient d’examiner le développement de l’Église d’Alexandrie.
En vous parlant de l’Église d’Alexandrie, je ne veux pas faire œuvre d’historien. Je voudrais que ce soit simplement un regard admiratif et contemplatif sur l’action de Dieu. En espérant que cela puisse nous aider aussi à trouver comment coopérer à son action dans l’Église et le monde d’aujourd’hui
Les débuts de l’Église d’Alexandrie
L'Évangélisation d'Alexandrie fut faite durant la première génération chrétienne. Dans le NT on trouve quelques indications sur la première évangélisation de l'Égypte. Dans le récit de la Pentecôte, parmi les Juifs qui écoutaient la prédication des Apôtres, se trouvent ceux qui viennent de l'Égypte de des parties de la Lybie voisine de Cirène". Dans les Actes 6,9, parmi les Juifs qui discutaient avec Étienne, on trouve "aussi les Ciréniens, les Alexandrins et d'autres de la Cilicie". Il y avait, de toute façon, un trafic constant entre Jérusalem et Alexandrie, et nous pouvons penser que quelques-uns des Juifs religieux qui allaient à Jérusalem pour la Pâque se sont convertis au christianisme et sont retournés à Alexandrie.
Dans les Actes 18:24-25, on parle d'Apollos, "natif d'Alexandrie, homme cultivé, versé dans les Écritures. Il était instruit dans la vie du Seigneur e plein de ferveur. Il parlait et enseignait exactement ce qui concernait Jésus, bien qu'il eut reçu seulement le baptême de Jean". Une version de ce texte dit qu'il avait été instruit dans la voie du Seigneur "dans son propre pays". Si cette variante est exacte, cela voudrait dire qu'il y avait une communauté chrétienne à Alexandrie en l'an 40.
Le N.T. ne dit rien des premiers responsables de l'Église d'Alexandrie. Selon la tradition, l'Évangéliste Marc fut le premier évêque d'Alexandrie. Le N.T. mentionne Marc plusieurs fois et nous le rencontrons avec Paul en divers lieux et avec Barnabé à travers toute l'Asie... mais rien n'est dit de sa venue à l'Égypte. Jusqu'à une époque récente la source la plus ancienne de cette tradition qui fait de Marc le premier évêque d'Alexandrie était l'historien Eusèbe de Césarée. En 1973 un fragment d'une lettre de Clément d'Alexandrie fut publié, où on lit que Marc a écrit son Évangile durant le séjour de Pierre à Rome et qu'il est venu ensuite à Alexandrie après la mort de Pierre. Chez Eusèbe, la description de l'activité de Marc à Alexandrie suit immédiatement la description de l'activité de Marc et Pierre à Rome. Et, parlant de son activité à Alexandrie, Eusèbe dit: "Le nombre des hommes et de femmes qui furent convertis fut si grand, et leur ascèse si extraordinairement philosophique que Philon trouva bien de décrire leur conduite, leurs assemblées et leurs repas, comme tout le reste de leur vie". (Eusèbe pensait que les Thérapeutes décrits par Philon étaient des Chrétiens).
La séparation entre la communauté juive et la communauté chrétienne ne se fit que graduellement.
N’oublions pas non plus qu’Alexandrie était une ville cosmopolite de langue grecque; un grand port de mer où arrivaient constamment des navires de toutes les parties de l’Empire romain, et même au-delà. Donc une ville ouverte à tous les courants de pensée et à toutes les écoles philosophiques. Ce fut aussi le lieu de naissance de plusieurs des grands maîtres gnostiques tels que Valentinus, Basilides, Carpocrates, etc.
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Quelques repères chronologiques de l’histoire de l’Égypte
- Occupation perse: 525 a.c.
- Occupation macédonienne (Alexandre): 331 a.c.
- Période grecque (ptolémaïque): 323-30 a.c.
- Période romaine: 30 a.c. - 640 p.c.
- Invasion arabe: 640 p.c.
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Alexandrie et l'Égypte
Durant la période ptolémaïque et au début de la période romaine, il y avait une distinction marquée entre Alexandrie, cité grecque cosmopolite, d'une part, et, d'autre part, l'Égypte, i.d. les paysans analphabètes et méprisés.
Durant la période romaine, spécialement durant les dernières années du troisième siècle et les premières du quatrième de notre ère, cette situation s'était modifiée. L'Égypte était une alors une société en pleine transition. Durant le troisième siècle, une série de réformes avaient accéléré l'intégration de l'Égypte dans l'économie et dans la culture gréco-romaine. Cette intégration ne se fit pas sans de graves problèmes sociaux.
Ce changement avait été préparé par une longue tradition de pluralisme religieux et culturel (renforcé durant la période ptolémaïque). À travers Alexandrie, l'Égypte était en contact avec toutes les parties de l'empire romain. Les soldats égyptiens servaient dans plusieurs pays. L'Égypte était devenue le terrain préféré des missionnaires de divers courants religieux venus spécialement d'Orient.
Les villes d'Égypte comme Arsinoé, Oxyrhynchos, Lycopolis et Panopolis, qui avaient acquis une nouvelle importance politique, économique, sociale, deviendront aussi le siège de nouveaux mouvements religieux.
Dans le passé, toute la province romaine d'Égypte était administrée directement par l'empereur à travers un préfet et ses officiers. Seulement deux villes grecques (Antinopolis et Ptolemais) avaient leur conseil (boulè). En l'an 200 Septime Sévère donna un conseil à une trentaine de métropoles. Et, un siècle plus tard, Dioclétien donna à ces métropoles l'administration de tout leur district. Un processus de décentralisation au niveau national, mais aussi de centralisation du pouvoir dans les capitales régionales. Cela conduisit à un nouveau sens national et à un nouveau sens de communauté. (Athanase)
L'aspect le plus notable de l'Égypte, au temps d’Athanase, était l'unité à laquelle elle était arrivée après les réformes militaires et administratives de Dioclétien (empereur de 284 à 305). Dans le passé, l'Égypte, surtout la Haute Égypte, était connue pour sa tendance à se rebeller contre le pouvoir d'occupation. Dioclétien eut la sagesse de donner à l'Égypte sa structure propre, différente de celle du reste de l'Empire, avec à la fois une grande autonomie donnée aux diverses administrations locales et une forte relation hiérarchique entre elles et les métropoles. Avec la tolérance religieuse offerte plus tard par Constantin, les chefs religieux de l'Égypte purent avoir une influence très grande à travers tout le pays. Athanase devint patriarche justement à ce moment-là, et Pachôme fonda son premier monastère l'année de l'élection d'Athanase (328)[1]
La réforme de Dioclétien comportait une réforme agraire très importante en Égypte. Au début du troisième siècle plusieurs paysans avaient commencé à cultiver des parcelles de terre "publique". La réforme de Dioclétien, d'une part, transfert ces parcelles à la propriété privée et, d'autre part, encourage un type de coopérative entre ces petits propriétaires terriens qui doivent collaborer dans la production et dans le payement des taxes. La structure économique des monastères pachômiens profita beaucoup de cette situation. (cf. parallèle au XIIe siècle).
La position des villes égyptiennes, les métropoles, se trouvait renforcie par l'introduction de l'auto-administration; la citoyenneté romaine était donnée à presque tout le monde; un nouveau système de taxes était introduit, et la monnaie égyptienne était supprimée.
L'immigration, la bureaucratie croissante et de meilleurs moyens de communication -- qui accompagnaient l'administration romaine -- avaient favorisé la mobilité sociale, les échanges culturels et une ré-orientation religieuse.
Au même moment, dans la seconde partie du troisième siècle, l'Égypte connaissait une crise sociale et économique, qui durera jusqu'à la fin du quatrième siècle. Se manifeste alors le phénomène de l'anachoresis, c'est-à-dire l'abandon des villages. Les raisons étaient nombreuses: taxes élevées, économie orientée vers l'exportation, service militaire, commença avec le début de la période romaine. Mais elle devint plus intense après la réforme de Dioclétien. L'exode des paysans, et l'abandon de villages entiers préoccupaient l'administration romaine.
Conséquences: inflation rapide, corruption, négligence de l'irrigation. Et nouvelle conséquence de toute cela, mouvement vers l'urbanisation et la perte de prestige de l'aristocratie traditionnelle.
La situation religieuse se trouve aussi profondément changée.
La religion traditionnelle, qui était un mélange de cultes égyptiens, grecs et romains, perdait de son importance. Le peuple était très attiré par une grande variété de nouveaux mouvements religieux qui assumaient une importance croissance. De grands temples, fameux durant de siècles, étaient discrédités. Les Chrétiens, hier encore persécutés, assumaient des postes importants dans l'administration, l'éducation et le commerce.
Durant longtemps on s’est imaginé la première communauté chrétienne d’Alexandrie, comme une toute petite Église, entourée d’hérétiques d’origine juive ou gnostique et plutôt timorée. Les auteurs récents (p.e. A.F.J. Klijn) ont montré que les fragments de papyri découverts au cours du dernier siècle révèlent plutôt un christianisme populaire très ouvert aux diverses influences. Certains pensent qu’il faut parler plutôt, durant les premiers siècles, non pas d’une Église au sens strict, mais d’un « mouvement » chrétien, qui prend plusieurs formes, et qui connaît diverses écoles, qui coexistent pacifiquement durant longtemps. C’est à travers un processus de purification progressive que l’Église acquière graduellement une identité claire et précise.
Un point important à retenir de tout cela est que l’Église d’Alexandrie est à la fois égyptienne et d’origine judéo-chrétienne. On ne sera donc pas surpris d’y retrouver les mêmes types d’ascétisme que nous avons vus dans les Églises de Syrie et de Palestine des premiers siècles.
La formation des chrétiens se fait dans des écoles; et la doctrine chrétienne commence à se préciser dans une de ces écoles qui se transforme rapidement en école officielle de l’Église d’Alexandrie : celle de Pantène, de Clément et, ensuite, d’Origène. C’est cette École qui se transportera plus tard au désert et qui y donnera la figure du Père Spirituel du Désert.
Mais avant de parler de cette École, il nous faut parler de deux représentants éminent du judaïsme alexandrin.
Les racines juives de l’Église d’Alexandrie
L’Église d’Alexandrie était, à sa façon, une Église judéo-chrétienne. Donc, dans la foulée de ce que nous venons de voir des Églises judéo-chrétienne de Syrie, et en préparation à nos prochains entretiens sur le monachisme égyptien, parlons maintenant un peu des débuts et de l’évolution de l’Église d’Alexandrie. Et tout d'abord, il nous faut parler du judaïsme alexandrin.
Nous avons une assez bonne information sur la communauté juive d'Alexandrie durant la période gréco-romaine. C'était la communauté juive la plus nom-breuse de la diaspora. Pour le premier siècle, nous sources sont surtout Philon et Flavius Josèphe; mais il y a d'autres sources documentaires. Les juifs étaient établis dans une politeuma, avec leurs propres structures politiques et juridiques et étaient invités par l'administration romaine elle-même à vivre selon leurs propres coutumes ancestrales. La population arrivait à plusieurs centaines de milliers. Philon parle d'un million de Juifs en Égypte, et il est certain que la plupart d'entre eux vivaient à Alexandrie. Une grande partie de la ville leur était attribuée.
La vie de ces Juifs d'Alexandrie avait les synagogues comme centre. Et ces synagogues étaient nombreuses. Dans cette grande population, il y avait un pluralisme religieux surprenant. À partir des divers écrits de Philon, nous pouvons nous faire une idée assez bonne des diverses attitudes à l'égard de la Loi, depuis une interprétation littérale jusqu'à une interprétation allégorique comme celle de Philon lui-même; depuis un refus total des Écritures comme étant de simples mythes jusqu’à une lecture spirituelle de celles-ci. Des groupes de tendance apocalyptique et gnostique foisonnaient aussi dans cette communauté juive d'Alexandrie.
Évidemment, plusieurs Juifs se laissaient assimiler totalement par la culture égyptienne et perdaient leur foi, alors qu'un bon nombre de Gentils étaient affiliés à la communauté religieuse juive.
C'est au sein de cette communauté juive très variée, que se développa la première communauté chrétienne d'Alexandrie. Et cela explique que cette communauté chrétienne d'Alexandrie fut, dès ses débuts, une communauté très pluraliste. Ce fut aussi une communauté intellectuellement très cultivée et même sophistiquée. Des fragments de papyri des Évangiles de Matthieu et de Jean datant du 2ème siècle ont été trouvés en Égypte, et, bien sûr, une grande quantité de fragments de tous les évangiles non canoniques dont au moins une partie ont été écrits en Égypte même: l'Évangile des Hébreux et l'Évangile des Égyptiens.
La communauté chrétienne eut de nombreuses communications avec la communauté juive jusqu'au temps de l'extermination de celle-ci sous Trajan (115-117). Un écrit de cette époque, la Lettre de Barnabé contient de nombreux éléments des diverses traditions juives, même si sa rédaction finale manifeste une orientation antisémitique.
Les églises chrétiennes furent construites à une époque très ancienne. La plus ancienne dont nous ayons une documentation (celle de Saint Teonas, évêque 282-300) était dans la section juive de la ville. Durant les premiers siècles les chrétiens participaient à la vie des synagogues et célébraient le culte chrétien dans leurs églises domestiques.
Deux représentants éminents du judaïsme alexandrin
Philon d’Alexandrie
Philon n’est pas chrétien ; c’est un Juif. Il est cependant un représentant du judaïsme qui a eu une influence importante sur la tradition mystique chrétienne et – indirectement mais certainement – sur le monachisme chrétien.
Il a vécu au temps du Christ (né vers la fin du premier siècle a.c. et mort vers la moitié du premier siècle p.c.). Il appartenait à une famille riche d’Alexandrie. Il avait reçu une bonne éducation grecque. Il était cependant profondément attaché à sa foi juive. La plus grande partie de ses œuvres consiste dans des commentaires du Pentateuque. Son œuvre est la première que l’on connaisse où se produit sur une large échelle la rencontre de deux cultures. Il menait une vie ascétique et contemplative et exerçait probablement l’activité de rabbin. Son interprétation des Écritures est multiforme. Le sens littéral est le fondement du sens spirituel, et il l’explique avec toutes les techniques de la science de son temps, aussi bien juive que grecque. Vient ensuite l’interprétation morale et mystique.
Philon est important pour deux raisons. D’abord, pour lui-même ; ensuite parce qu’il représente le « platonisme moyen », c’est-à-dire la forme de platonisme qui fut le fondement philosophique de plusieurs Pères de l’Église. Ses écrits ont eu une grande influence sur l’Eglise chrétienne d’Alexandrie, à travers Clément et Origène ; et même, au-delà de l’Église d’Alexandrie, à travers Grégoire de Nysse et Ambroise qui connurent directement ses écrits.
Certains le considèrent comme le père de la tradition théologique apophatique. Pour Philon, dieu ne peut être connu en lui-même, mais seulement à travers ses œuvres. L’âme cependant peut connaître Dieu parce qu’elle a reçu de lui une participation à son essence.
Plotin
Plotin est un autre anneau important dans la chaîne entre Platon et les Pères de l’Église. Lui aussi est né à Alexandrie (c. 204), où il a étudié durant onze ans la philosophie sous Ammonius Saccas, qui fut aussi le maître de philosophie d’Origène. Plotin fut très attiré par les diverses religions et en particulier par la pensée de la Perse et celle de l’Inde. Après une expédition en Perse et un temps passé à Antioche, il s’installe à Rome. Une part importante de son enseignement fut sa doctrine sur l’ascension de l’âme à Dieu et sur la nécessité d’une purification (katharsis).
L’École d’Alexandrie et l’École du Désert
Dans la vie d'Antoine, écrite par Athanase., nous voyons que lorsqu'Antoine décide de tout quitter pour vivre la vie ascétique, il se met aussitôt à la recherche d'anciens qui vivaient déjà cette vie au désert proche de leur résidence. Puis il devint lui-même un de ces Pères spirituels charismatiques --le plus fameux de tous. En peu d'années beaucoup de ces grands maîtres charismatiques peupleront les déserts à l'Ouest d'Alexandrie.
Cette fonction du père spirituel du désert fut-elle un développement original du monachisme primitif, ou bien a-t-elle eu des antécédents dans la culture religieuse du temps? En réalité, cette pratique ou tradition a beaucoup en commun avec une tradition de l'Eglise primitive, spécialement celle de l'Eglise d'Alexandrie: la tradition du didaskalos ou de la didaskalia. La fonction du père spirituel au désert doit être vue comme analogue à celle du didaskalos dans l'Eglise primitive. Ces didaskaloi (enseignants) sont mentionnés dans les lettres de saint Paul avec les apôtres, les prophètes, les évangélistes et les pasteurs. On les retrouve dans d'autres écrits du christianisme primitif. A l'origine, ils fonctionnaient en vertu d'un charisme personnel spécial. Plus tard, à la fin du deuxième siècle et durant le troisième siècle, ils ont une position officielle d'enseignement dans l'Eglise et préparent les catéchumènes au baptême.
L'Ecole d'Alexandrie fut la plus fameuse de l'Antiquité chrétienne.
Pantène et Clément (deux laïcs) prirent la direction de cette école comme responsabilité personnelle, comme Justin l'avait fait à Rome. Mais, Origène, successeur de Clément, fut installé officiellement par l'Evêque Demetrius comme chef de l'école, avec tâche de préparer les candidats au baptême. Il avait 18 ans.
Cette forme de formation était commune dans les centres philosophiques de l'orient préchrétien, aussi bien dans les milieux philosophiques grecs (platoniciens ou épicuriens) que dans la tradition hermétique d'Egypte.
Pour nous, qui, dans nos écoles, passons d'un professeur à l'autre, d'une classe à l'autre, et d'une école à l'autre, il est difficile d'imaginer l'intensité des relations qui existaient dans l'antiquité soit païenne soit chrétienne entre un maître et le groupe de disciples qui vivaient avec lui. C'est dans de petits groupes du genre que s'est développée toute la culture chrétienne des premiers siècles. La rencontre personnelle avec un maître spirituel était considérée par beaucoup comme un moyen essentiel de progrès spirituel. Des personnages importants faisaient de très longs voyages parfois simplement pour rencontrer de tels maîtres (Egérie). L'historien Eusèbe nous parle d'un Evêque qui faisait régulièrement le voyage de Cappadoce jusqu'en Palestine pour approfondir sa vie spirituelle en s'asseyant aux pieds d'Origène.
Pantène, (mort avant l’an 200), fondateur de cette fameuse École d’Alexandrie, è rappelé avec beaucoup d’estime par l’historien Eusèbe, aussi bien que par Jérôme, clément, Origène, Maxime le Confesseur et bien d’autres. Avant de fonder et de diriger cette École, il avait été un philosophe stoïque. Il fit aussi un voyage en Inde pour y annoncer le message du Christ à ces peuples lointains.
Clément (150-215) è probablement né à Athènes d’une famille riche, et a reçu une bonne et vaste formation. Il a étudié en Italie et en Syrie-Palestine. Il semble s’être converti au christianisme à l’âge adulte et il vint en Égypte à la recherche d’un maître. À Alexandrie il trouva en Pantène un maître selon son cœur. Il ouvrit sa propre École à Alexandrie (ou continua celle de Pantène). Ce n’était pas une École catéchétique au sens strict. L’enseignement ne conduisait pas nécessairement au baptême. Il s’agissait de disciples qui se laissaient guider par l’idéal chrétien dans la solution des problèmes posés par la richesse et la culture. Ainsi une voie était ouverte vers le christianisme même au cercle des riches et des groupes culturels raffinés où le christianisme trouvait une certaine difficulté à pénétrer.
Origène, le successeur de Clément, fut installé officiellement par l’évêque Démétrius comme chef de l’École, avec la charge officielle de préparer les candidats au baptême.
Origène ne fut pas un moine au sens propre; mais il a eu une influence énorme sur le monachisme naissant. D'une famille chrétienne. Son père meurt martyr avec un groupe de chrétiens d'Alexandrie vers l'an 200. Il est l’ainé d'une famille de sept enfants. Sa mère doit cacher ses vêtements pour l'empêcher de courir au martyre. Il est mis à la tête du didaskalion à 18 ans. Durant une nouvelle persécution, il continue à encourager publiquement les martyrs, alors que tout le clergé d'Alexandrie se cache. Il ne se mêle pas dans les affaires de la société de son temps. Se considère avant tout comme un exégète: Il passe toute sa vie dans l'étude, la méditation et l'enseignement de la Parole de Dieu.
L'instruction, dans ces écoles, embrassait toute la vie. Pas simplement intellectuelle, elle comportait aussi la purification des mœurs et du cœur. Il semble qu'Origène ait vécu avec ses collègues et ses disciples, une sorte de vie quasi monastique, toute centrée sur la lecture en commun de la parole de Dieu.
Il utilisa la philosophie, mais avec liberté. Il n’était pas un converti de la philosophie comme Justin ou Clément d'Alexandrie. Il l’étudia en tant que Chrétien. (Israélite pillant les Egyptiens). Il fut retenu par des générations de moines comme un maître spirituel (au delà des doctrines qui furent condamnés).
Quand, plus tard, des centaines et des milliers d'hommes et de femme allèrent au désert, pour chercher la direction spirituelle près d'un père charismatique, ils cherchaient ce qu'Origène et autres didascales avaient offert dans la ville. La disdaskalia, l'Ecole de vie, s’était transféré de la ville au désert.
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Avec tous ces développements, le contexte était mûr pour un développement extraordinaire du monachisme, aussi bien sous sa forme anachorétique – transfert de l’École au désert que sous sa forme cénobitique – dans la ligne de l’activité pastorale d’Athanase tout au long de l’Égypte.
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Et notre propre discernement ?
Bien saisir les défis et les chances qui nous sont offertes.
Cf. Christof Theobald… Ecclésiologie grégorienne –
Avec Vatican II et son application sous François – La fin de la Réforme Grégorienne…
Le monachisme occidental a été très lié aux structures de la « Chrétienté »…
Cela explique son développement passé
Cela explique sa crise actuelle.
D’où l’importance de bien lire les signes des temps.