2 mai 2020 – Mémoire de s. Athanase
H O M É L I E
Dans l’enseignement de Jésus, il y avait de nombreux appels à un détachement radical et à un engagement total. Par exemple, l’invitation de quitter son père, sa mère, ses frères et ses sœurs, à se quitter soi-même pour chercher l’unique chose qui compte, pour acheter la perle précieuse.
Ceux qui, parmi les premiers chrétiens, voulaient adopter une telle recherche et un tel renoncement, comme forme permanente de vie, pouvaient trouver dans la culture de leur temps, spécialement dans le mouvement baptiste auquel avait appartenu Jean-Baptiste, et dans lequel Jésus lui-même s’était inséré en se faisant baptiser, un mode d’expression qui correspondait à quelque chose de profondément enraciné dans la nature humaine elle-même.
Ainsi, des tendances ascétiques qui étaient répandues au temps de Jésus, entrèrent en contact avec l’Évangile et furent graduellement transformées, durant les premiers siècles de l’Eglise, à travers un processus correspondant à ce que nous appelons aujourd’hui l’inculturation. La vie monastique, lorsqu’elle trouve sa forme chrétienne clairement définie, au début du quatrième siècle, peut être considérée comme l’une des premières et des meilleures formes d’inculturation.
Si ces courants d’ascétisme parfois sauvage ont pu être canalisés et devenir des formes authentiques de vie chrétienne, nous le devons à des évêques perspicaces et éclairés comme Athanase, patriarche d’Alexandrie, qui devint patriarche précisément l’année où saint Pachôme fonda son premier monastère.
Dans sa Vie d’Antoine, qui n’est pas une biographie au sens moderne, mais plutôt un traité de vie monastique, Athanase voulait faire deux choses. Il avait compris que les foules d’ascètes qui avaient fui au désert pouvaient devenir un mouvement sauvage qui allait secouer l’Église, ou pouvaient être une grâce pour l’Église.
Il voulait donc, d’une part, en sa responsabilité comme pasteur de l’Église d’Égypte, donner une orientation spirituelle aux moines ainsi qu’au mouvement monastique et, d’autre part, convaincre les autres évêques qui, dans leur ensemble, n’étaient pas très favorables à ce mouvement monastique, que ce mouvement pouvait être un bel exemple de vie chrétienne.
Il réussit sur les deux fronts. Et parce qu’il réussit, la tradition monastique est demeurée vivante dans l’Église. Elle a été transmise à travers les siècles, et par l’intermédiaire de grands moines tels que Benoît, Robert, Albéric et Étienne, nous est parvenue à chacune de nous comme un appel personnel. Nous pouvons dire que si nous sommes ici aujourd’hui, célébrant l’Eucharistie comme communauté monastique, nous le devons à saint Athanase.
Puisse cette Eucharistie être le sacrifice de louange du Seigneur, pour la grâce de notre vocation monastique.
Armand Veilleux