4 mai 2020 – Lundi de la 4ème sem. de Pâques
Actes 11,1-18; Jean 10,11-18
H O M É L I E
L’Évangile de ce matin continue celui d’hier, où Jésus se présentait comme le bon pasteur : "Bon pasteur" est la traduction habituelle. Et pourtant le texte original grec doit se traduire, littéralement, par: "Je suis le beau pasteur" ('o poimèn 'o kalós), comme le rappelait naguère le Cardinal Martini de Milan dans une lettre pastorale sur la beauté qui sauvera le monde. En réalité il n'y a pas tellement de différence entre les deux car est véritablement beau ce qui est bon et vrai. C'est toute la différence entre une vraie rose et une fleur de plastique, entre une personne authentique et quelqu'un qui essaye de tromper en jouant un rôle. Lorsque nous rencontrons une personne admirable par sa générosité, son amour, sa fidélité, ne disons-nous pas: "quelle belle personne!" ? Et lorsqu'on nous raconte un récit particulièrement touchant, ne disons-nous pas : "quelle belle histoire!" ? Eh! bien, c'est dans ce sens que Jésus est un "beau pasteur". Il utilise cette image pour décrire la nature de ses relations avec nous.
Il souligne tout d'abord la différence entre un vrai berger, à qui les brebis appartiennent et le mercenaire, ou gardien à gage. La différence entre les deux se manifeste tout spécialement dans les moments de danger, lorsqu'un loup apparaît, par exemple. Le vrai berger est prêt à risquer sa vie; le mercenaire ne pense qu'à sauver la sienne.
La deuxième caractéristique du "beau pasteur", que signale Jésus, est la connaissance mutuelle entre lui et ses brebis. Pour un étranger qui regarde un troupeau de brebis, elles sont toutes identiques ; mais le vrai berger les distingue toutes les unes des autres et connaît chacune par son nom. Et Jésus va beaucoup plus loin que ce que laisse entendre cette image. Il affirme que cette connaissance mutuelle entre lui et ses disciples est de même nature que la connaissance mutuelle entre Lui et son Père. Cette connaissance n'est pas théorique et intellectuelle ; elle est de l'ordre de l'amour et est telle que l'on est prêt à donner sa vie pour celui qu'on aime. De même sommes-nous appelés à le connaître.
Enfin, Jésus parle de brebis qui lui appartiennent mais ne sont pas de cette bergerie. Même si elles ne sont pas du même bercail, elles sont "siennes" et il doit aussi les guider. Un jour viendra, à un moment que personne ne connaît ni ne peut prévoir, où il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Armand Veilleux