10 mai 2020 -  5ème dimanche de Pâches, "A"

Actes 6, 1-7; 1 Pierre 2, 4-9; Jean 14, 1-12

H O M É L I E

          Après l'Évangile de dimanche dernier où Jésus se présentait comme la porte du bercail par laquelle doit entrer quiconque veut être sauvé, nous commençons aujourd'hui la lecture du beau chapitre 14 de l'Évangile de Jean, que nous poursuivrons au cours des deux prochains dimanches, où Jésus se présente aussi comme le Chemin, la Vérité et la Vie.  Dans le passage que nous lisons aujourd'hui (et que nous avons déjà entendu à la messe fériale des deux derniers jours) deux thèmes ressortent d'une façon particulière : celui de la demeure et celui du chemin.

 

          Jésus veut tranquilliser le cœur de ses disciples, troublés par son départ imminent : « Que votre cœur ne se trouble pas », leur dit-il.  Et ce qui peut leur éviter d'être troublés, c'est la foi.  En effet, désormais c'est par la foi que Jésus leur sera présent.  Puisqu'ils croient au Père, ils doivent croire aussi en Jésus, car, comme il leur a déjà dit, "Le Père et moi nous sommes un".  Apparaît alors le thème de la "demeure", qui reviendra tout au long de ce discours de la dernière Cène.   

          Demeurer quelque part, c'est autre chose que d'y résider de façon provisoire. Je puis résider chez des amis durant quelques jours; et même si j’y suis très bien reçu ce n'est pas l'endroit où je demeure.  J'y suis de passage; ce n’est pas ma demeure.  Jésus dira à ses disciples, un peu plus loin, que s'ils observent sa Parole, Lui et son Père viendront faire chez eux leur demeure.  Et ici il leur parle de leur propre demeure auprès de Dieu.  Il y a, dit-il, auprès de son Père, beaucoup de demeures, et il est allé leur préparer la leur.

          Pour les Juifs, la maison de Dieu, c'était le Temple.  Jésus affirme que ce n'est plus le cas.  Ce n'est plus là que le Père habite.  Jésus lui-même est désormais la maison de Dieu.  Et quiconque est uni à Jésus par la foi devient aussi un lieu où le Père, le Fils et l'Esprit font leur demeure. 

          Le thème de la demeure suggère tout naturellement celui du chemin qui y conduit.  Dans l'Ancien Testament, le chemin de l'Exode conduisit à la Terre Promise; le retour de l'exil ramena à Jérusalem; le chemin des Pèlerins conduisait chaque année au Temple.  Jésus est désormais lui-même le Chemin, la Voie, car il a vécu ce chemin du Père vers nous et le retour à son Père.  Et les Actes des Apôtres nous montrent comment il a lancé l'Église primitive, composée de ses disciples, sur le même chemin. À la fin de la première lecture (tirée du livre des Actes), il est dit que la Parole de Dieu, prêchée par les Apôtres "croissait", là où elle était reçue, là où Dieu pouvait faire sa demeure.

          Cette demeure de Dieu c'est chacun de nous, mais c'est aussi l'Église toute entière, la communauté des croyants.  La deuxième lecture, tirée de la Première Lettre de Pierre, revient au thème de la Demeure de Dieu, appliquant cette image non plus seulement à chaque personne, mais à l'Église comme telle, qui est elle aussi Temple de Dieu.  Et la pierre angulaire de cette nouvelle demeure de Dieu parmi les hommes, c'est Jésus.  Quel honneur cela n'est-il pas pour nous tous d'être, chacun à notre façon, une petite pierre dans cet immense édifice où Jésus est lui-même la pierre angulaire. 

Armand Veilleux