20 mars 2021 : Samedi de la 4ème semaine de Carême
Jer 11, 18-20 ; Jean. 7, 40-53
Homélie
Saint-Jean a le don de terminer un récit par une très courte phrase qui semble sans importance mais qui est chargée d'une profonde signification symbolique. Voici quelques exemples. Au début de l'Évangile, lorsqu'il raconte la première rencontre des disciples avec Jésus, il conclut en disant : "Il était quatre heures de l'après-midi". De la même manière, dans le récit de la Cène, après le départ de Juda, Jean conclut par : "Il faisait nuit". De même, dans le texte que nous venons de lire, après la description de la discussion de la foule et des Pharisiens sur Jésus, il dit : "Chacun alla chez lui".
Cela nous rappelle que seul Jésus peut être à la base de notre communion et de notre unité. Nous ne sommes vraiment unis que si nous sommes unis en Son nom. Lorsque les gens rejettent le message d'amour de Jésus, lorsqu'ils n'acceptent pas son appel à la conversion, ils se divisent alors entre eux et retournent "chacun chez soi", s'occupant de leurs affaires personnelles, préparant de nouvelles confrontations et divisions.
Les foules sont divisées : certains prêtent attention aux paroles de Jésus et disent qu'il doit être un prophète, voire "le" prophète. D'autres, prétendant connaître les Écritures, disent que le Messie ne peut pas venir de Galilée. Quant aux soldats envoyés pour l'arrêter, ce sont des gens simples qui ne peuvent que reconnaître que "personne n'a jamais parlé comme ça auparavant" et revenir sans l'arrêter.
Quant aux chefs des prêtres et aux pharisiens, ils ne sont pas divisés. Ils sont tous contre lui... sauf un, Nicodème. Ce Nicodème est un personnage intéressant que nous rencontrons trois fois dans l'Évangile. C'est un homme très honnête, qui cherche la vérité et se soucie de la justice. Il est l'un des anciens du peuple et n'est pas appelé à suivre Jésus, comme le publicain Matthieu. Mais il reste sincèrement attentif à lui et à son message.
Dès le début de la prédication de Jésus, il est venu lui rendre visite pendant la nuit. Jésus l'a pris au sérieux et lui a donné un enseignement très profond sur la nécessité de renaître. Aujourd'hui, alors que tous les autres prêtres et pharisiens veulent condamner Jésus, Nicodème a le courage de ses convictions et rappelle que la loi ne permet pas de condamner quelqu'un avant de l'avoir écouté et de connaître les faits - un principe élémentaire de justice naturelle qui mérite d'être rappelé à notre époque, où l'assassinat de "suspects" de terrorisme sans aucun procès semble devenir une pratique acceptée dans le monde entier. Nous trouverons le même Nicodème au tombeau au moment de l'enterrement de Jésus.
Lorsque les Pharisiens qui s'opposent à Jésus partent chacun dans sa propre maison, Nicodème quitte sa maison et s'en va pour apprendre davantage de Jésus, pour demander qu'il soit traité correctement et pour montrer du respect pour son corps après sa mort. Puissions-nous tous avoir la même foi et le même courage de nos convictions en toutes circonstances.
Armand Veilleux