29 avril 2021 -- Fête de Catherine de Sienne
Actes 8, 1b-8 ; Jean 6, 35-40
Homélie
Les mystiques chrétiens peuvent, en quelque sorte, être divisés en deux catégories ou deux familles. Il y a les mystiques de la lumière et les mystiques des ténèbres. Les premiers sont ceux qui sont fascinés par tout ce que nous pouvons connaître et expérimenter de Dieu, et tout ce que nous pouvons dire sur Dieu. Les seconds sont ceux qui sont fascinés, presque obsédés, par le fait que Dieu est plus grand et au-delà de tout ce que nous pouvons connaître, sentir, dire de Lui. Il existe de très grands mystiques dans les deux catégories
Saint Jean, ou, si vous préférez, l'auteur de la première Lettre de Jean, appartenait certainement à la première catégorie. "Voici maintenant le message que nous avons entendu de sa part et que nous vous proclamons : Dieu est lumière et en lui il n'y a pas de ténèbres du tout". Jean aime parler de "ce qui était au commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons regardé et touché de nos mains... le Verbe de vie qui a été rendu visible". Jean ne nie pas l'existence des ténèbres ; mais ces ténèbres ne sont pas en Dieu ; elles sont en nous. C'est l'obscurité de nos péchés. Si nous reconnaissons nos péchés, la lumière de Dieu peut nous pénétrer, nous libérer de nos ténèbres et nous faire briller de la lumière de Dieu. Si nous ne reconnaissons pas nos péchés, nous restons dans l'obscurité.
Je ne suis en aucun cas un spécialiste de Catherine de Sienne. Mais le peu que je sais d'elle me convainc qu'elle appartenait, tout comme Jean, aux mystiques de la lumière. Elle était non seulement une grande contemplative qui voyait la lumière de Dieu dans ses moments de contemplation, mais aussi quelqu'un qui était toujours soucieux d’éclairer de cette lumière toutes les situations ecclésiastiques, sociales et politiques de son temps.
Les mystiques des ténèbres peuvent avoir une influence durable grâce à la profondeur de leurs écrits, dont le sens n'a jamais fini d'être compris par leurs lecteurs, génération après génération. Les mystiques de la lumière ont généralement une communauté de disciples qui se rassemblent autour d'eux durant leur vie. C'était le cas de Catherine. Elle a commencé à avoir une communauté, ou plutôt une "famille" comme ils se sont appelés, composée d'hommes et de femmes, de laïcs et de clercs, qui se réunissaient autour d'elle et l'appelaient "mère", alors qu'elle n'avait encore que 21 ans -- tout comme Saint Bernard, dont elle lisait les écrits, qui était venu à Cîteaux avec un groupe de 30 disciples, tous beaucoup plus âgés que lui, alors qu’il n'avait que 22 ans, ou le grand Origène, qui a été chargé de l'école catéchétique d'Alexandrie à l'âge de 18 ans. Il semble que les gens aient mûri un peu plus vite à cette époque qu'aujourd'hui...
Les mystiques comme Catherine, ne vendent pas seulement tout pour acheter le champ où ils savent qu'un trésor est caché ou la perle précieuse qu'ils désirent ardemment. Ils ne cessent jamais de labourer le champ, car ils savent que le vrai trésor sera dans la récolte après que la terre ait été minutieusement défrichée, désherbée, labourée et arrosée. Ils ne cessent jamais de chercher une perle plus précieuse, car ils savent qu'ils seront enrichis non pas par la seule perle qu'ils peuvent trouver, mais par la recherche.
Demandons à Catherine de nous obtenir la grâce d'être des chercheurs infatigables de la lumière et de savoir comment partager cette lumière avec le monde, afin que toute l'obscurité qui réside dans nos péchés et les péchés du monde puissent être pénétrés et enlevés par cette lumière.
Armand Veilleux