3 mai 2021 – Fête des saints Philippe et Jacques, Apôtres
1Co 15, 1-8 ; Jean 14, 6-14
H O M É L I E
Nous fêtons aujourd'hui deux Apôtres, fort différents l'un de l'autre. Le premier est Philippe. Il fut l'un des premiers disciples appelés par Jésus après son baptême. Comme Pierre, il était de Bethsaïde en Galilée. Lorsque Jésus le rencontra il lui dit simplement : "Suis-moi"; et c'est ce qu'il fit. En termes de caractérologie, on dirait qu'il était tout à fait "primaire". Il est presque toujours le premier à réagir lorsque Jésus disait quelque chose. Par exemple, lorsque Jésus dit aux disciples de nourrir les foules, Philippe, qui compte vite, réagit en disant: "L'équivalent de six mois de salaire ne suffirait pas à acheter du pain pour tant de monde…" Peu avant la Passion, lorsque Jésus dit qu'il va vers le Père, Philippe répond: "Montre-nous le Père, et cela nous suffit." À chacune de ses réactions, Jésus réponds avec une lumière nouvelle.
L'apôtre Jacques que nous fêtons aujourd'hui n'est pas Jacques, le frère du Seigneur, qui fut tué dès le début de la persécution d'Hérode, avant même que Pierre ne fut jeté en prison pour la première fois. C'est l'autre Jacques, celui qui fut dès le début à la tête de l'Église de Jérusalem. On lui reconnaissait une grande autorité dans l'Église primitive. Lorsque Pierre fut libéré de sa prison par un ange, il vint frapper à la porte de la maison de Marie, où plusieurs étaient rassemblés, et il leur demanda d'informer Jacques. La première lecture d'aujourd'hui nous montre comment, lorsque Barnabé et Paul vinrent à Jérusalem pour faire rapport sur la façon dont les Nations avaient reçu l'Évangile, on tint le premier Concile de Jérusalem. Après que Pierre eut parlé avec autorité, c'est Jacques qui prit la décision finale : "J'en suis venu à la conclusion que…" C'est donc l'autorité la plus importante dans l'Église primitive de Jérusalem.
On pourrait difficilement trouver un groupe de personnes aussi différentes les unes des autres que les Douze Apôtres. Ils connurent des tensions entre eux, avant et après la mort de Jésus. Et cependant, ils demeurèrent ensemble dans l'amour de Dieu et établirent l'Eglise. Et ceci est un modèle pour toute communauté. Une communauté monastique, par exemple, est le rassemblement de personnes qui n'auraient probablement jamais choisi de vivre ensemble si l'Esprit ne les avait appelées. Cet toujours en cet Esprit que nous devons chercher notre unité, sachant que l'amour de Dieu répandu en nos cœur par l'Esprit peut accomplir des miracles. L'unité qu'il nous apporte n'est pas la négation de nos différences, mais au contraire le respect de toutes ces différences et leur utilisation pour constituer une mosaïque aussi riche et belle que diversifiée.
Armand VEILLEUX