29 juin 2021– Solennité des saints Pierre et Paul
Actes 12,1-11; 2 Tim 4, 6...18; Mat 16, 13-19
Homélie
Pierre et Paul sont les deux piliers de l’Église, et celle-ci les a toujours célébrés ensemble dans son culte. Et c’est pourquoi nous les célébrons aujourd’hui, en ce 29ème jour de juin. Il serait difficile de trouver deux hommes aussi différents l'un de l'autre. Et pourtant un même amour du Christ a animé leurs vies et tous les deux sont morts martyrs pour leur foi, à Rome, où deux statues monumentales rappellent leur mémoire sur la Place saint Pierre. Pierre représente les Douze que Jésus s'était choisis durant son ministère ici-bas alors que Paul est le prototype de tous ceux qui furent appelés par la suite à être ses témoins.
La première lecture que nous avons entendue, et qui est tirée de la première partie des Actes des Apôtres, nous présente d'une façon presque humoristique, les débuts de l'exercice par Pierre de son autorité sur l'ensemble des Apôtres et des Disciples, après la mort de Jésus. Alors que toute la communauté primitive est réunie et prie derrière des portes verrouillées, Pierre se trouve d'abord en prison, puis en sort d'une façon spectaculaire pour se retrouver tout seul dans la rue. Et l'on sait qu'il aura de la difficulté à se faire ouvrir la porte lorsqu'il rejoindra les autres. Pierre est vraiment du genre de personnes à qui ces choses arrivent. Une personne tout ouverte à la grâce, avec une simplicité qui demeurera toujours un peu enfantine.
La deuxième lecture nous fait écouter un Paul arrivé en fin de course, fatigué, un peu désabusé, et même un peu complexé, qui se plaint que tous l'ont abandonné. Il faut dire qu'il n'était pas facile de vivre avec lui. Marc et Barnabé l'ont appris à leur dépens. Et pourtant sa foi dans le Christ est inébranlable et il la professera dans sa mort, tout comme Pierre.
Pierre était un pêcheur de Galilée, sans doute sans autre culture que celle que l'on pouvait recevoir en écoutant les enseignements donnés au cours des services à la synagogue locale. Paul, tout en étant Juif, était aussi citoyen romain de par sa naissance. Né à Tarse, il avait reçu la meilleure formation intellectuelle qu'on pouvait alors recevoir. Pierre avait vécu avec le Christ durant toute la durée du ministère public de Celui-ci ; Paul n'avait rencontré le Christ que sur le chemin de Damas, dans une vision, alors qu'il allait persécuter les Chrétiens. Paul avait un tempérament fougueux, et n'était pas d’un commerce facile ; Pierre, avec sa grande spontanéité, qui lui faisait faire bien des gaffes, avait aussi la simplicité qui en faisait un chef que l'on ne craignait pas. Pierre et Paul eurent leurs moments de friction et d'explication et surent diverger d'opinions mais restèrent toujours unis dans l'amour du même Christ que l'un et l'autre aima jusqu'à accepter la mort du martyre.
Le passage d’Évangile que nous avons lu nous ramène au moment de la première confession de foi de Pierre et de la mission que Jésus lui donna alors de guider l'Église. Cette confession de foi fut la réponse de Pierre à la question de Jésus : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Il arrive qu’on donne une note intimiste à cette question de Jésus, comme le fait d’ailleurs la traduction du lectionnaire liturgique, que nous venons de lire : « pour vous, qui suis-je ? » Cette interprétation intimiste est belle, mais ce n'est pas ce que Jésus demande aux disciples. Si l'on traduit sa question littéralement, il leur demande : « et vous, qui dites-vous que je suis ? », tout comme il avait demandé un peu auparavant : « le fils de l'homme, qui est-il selon ce qu'en disent les hommes? ». Ce qui frappe ici c'est l'importance donnée au fait de dire qui est Jésus, au fait de dire sa foi.
La foi n'est pas une simple attitude intérieure du coeur, encore moins un simple acquiescement de l'esprit. Elle doit se dire. Et elle doit se dire en paroles aussi bien qu'en actes. En réponse à la question de Jésus, Pierre confesse de bouche Sa divinité : « Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant. » Plus tard il confessera Jésus par toute sa vie et, finalement, par sa mort.
L'Église est la communauté de tous ceux qui ont reçu le message du Christ -- qui ont reçu de Lui la même question qu'Il posa à ses disciples : « et vous, qui dites-vous que je suis ? » Chacun – chacun et chacune de nous -- doit répondre à cette question de la même façon que Pierre, en affirmant sa foi en paroles, puis en traduisant cette parole dans une vie à son service.
Nous sommes tous appelés à proclamer l'Évangile en le vivant, à l'annoncer à travers nos actes. Mais cela ne suffit pas. Nous sommes aussi tous appelés à le proclamer en paroles. Nous le faisons chaque jour tout au long de nos célébrations liturgiques, et en particulier dans la doxologie de chacune de nos oraisons, où nous disons « Par Jésus-Christ, ton fils, notre Seigneur et notre Dieu... » Certains sont, de plus, appelés à proclamer leur foi par la prédication. Efforçons-nous de garder toujours bien conscient ce lien entre nos paroles et notre vie, dans l'espérance, fondée sur la parole même de Jésus, qu'Il nous confessera aussi devant son Père et notre Père.
Armand VEILLEUX