1 juillet 2021 – Jeudi de la 13ème semaine ordinaire impaire

Gn 22, 1-13. 15-19 ; Mt 9, 1-8

H O M É L I E

 

          Quand Jésus se trouve en Galilée, cette région qu'Isaïe appelait déjà la "Galilée des Nations" (Is. 7,23-9,1, cité en Matt 4,15), il est aux frontières de la terre d'Israël et souvent confronté avec ceux que les Juifs appellent les "gentils" ou les "païens". 

 

          Dès qu’il arrive dans la ville de Capharnaüm on lui amène un paralysé, qui représente le monde païen, paralysé par son péché, c'est-à-dire sa non-connaissance du vrai Dieu.  Dans ce même récit selon la version de Marc, ceux qui portent ce paralysé ont tellement de difficulté à s’approcher de Jésus qu’ils montent sur le toit de la maison et descendent le paralysé avec des cordes par une ouverture faite dans le toit. Touché par "leur foi" Jésus dit au paralysé que ses péchés lui sont pardonnés.

          Commence alors une longue confrontation entre Jésus et les Scribes, que nous retrouverons tout au long de l'Évangile, jusqu'à la Croix. Ces Scribes représentent la partie de la maison d'Israël, fermée au Prophète qui se manifeste en son sein, tout comme elle est fermée à tout ce qui est extérieur au peuple d'Israël.

          Dès que le paralysé se trouve en présence de Jésus, celui-ci le guérit.  Il ne l'invite pas cependant à rentrer ou à demeurer dans la maison d'Israël;  il le renvoie chez lui: "prends ton brancard et rentre chez toi".

          Il y a là un message puissant et dérangeant pour l'Église dans son ensemble et pour chacune de nos communautés ecclésiales.  Nous sommes peut-être souvent si refermés sur nous-mêmes et sur ce qui se vit dans nos murs que nous oublions qu'il y a une foule à l'extérieur et qu'elle ne peut entrer parce que nous ne laissons pas de place libre devant la porte. C’est sans doute pourquoi notre pape François appelle les pasteurs à aller vers la périphérie, disant que l’Église ne peut être recourbée sur elle-même.

Sachons alors reconnaître l'action de Dieu lorsque certains trouvent le moyen d'entrer par la fenêtre ou par le toit.  Et sachons surtout reconnaître le mystère de leur relation à Dieu, même lorsque Celui-ci les renvoie dans "leur demeure", où ils sont appelés à témoigner de la grâce reçue.  Même lorsqu'ils ne deviennent pas habitants de "notre maison", sachons, comme les gens de Capharnaüm, être stupéfaits et rendre gloire à Dieu.

Armand VEILLEUX