12 mai, 2022 - Homélie pour le jeudi de la 4ème semaine de Pâques
Homélie
Les lectures tirées des Actes des Apôtres que nous lisons comme première lecture de la messe, chaque jour depuis la fête de Pâques, nous font voir ce que l’Église a de plus essentiel. Elle existe déjà depuis la Pentecôte, même si elle ne s’est évidemment pas encore donné les structures qu’elle se donnera par la suite pour réaliser sa mission. Il n’est pas encore question d’un sacerdoce ordonné, qui apparaîtra plus tard, ni d’organisation en diocèses avec des évêques à leur tête, ni de structure centralisée, ni de conciles gardiens de l’orthodoxie… Tout cela viendra plus tard et aura évidemment son importance.
Un regard sur cette Église naissante nous permet de voir ce qui en est l’essence même : l’annonce de la bonne nouvelle du salut apporté par le Christ. Cette annonce est faite spontanément par tous ceux que Jésus a explicitement envoyés, mais aussi par tous ceux qui ont reçu ce message des premiers témoins. Ce sont d’abord les femmes venues au tombeau le matin du troisième jour. Puis ce sont ceux qui ont fait une expérience personnelle du Christ ressuscité, comme les disciples d’Emmaüs, ou encore Paul de Tarse.
Ce sont ensuite les premiers diacres choisis pour le service des tables lors des assemblées liturgiques, mais qui s’en vont témoigner de leur foi nouvelle jusque dans les terres des païens. C’est Barnabé, envoyé vérifier ce qui se passe à Antioche, et qui va chercher Paul à Tarse. C’est le jeune Marc qui se joint à eux, puis qui les abandonne, mais qui sera par la suite le rédacteur de la première des collections de récits sur le Christ, appelées les Évangiles, et qui sera aussi le premier épiscope de l’une des plus vibrantes Églises locale des premiers siècles, celle d’Alexandrie. Ce seront les foules de moines qui, ayant reçu la Parole dans cette Église d’Alexandrie la porteront avec eux dans les déserts d’Égypte.
Dès cette époque, plusieurs paient de leur sang leur fidélité à témoigner de ce qu’ils ont vu et entendu. Par la suite l’Église se donnera une structure hiérarchique et cléricale qui lui permettra de réaliser sa mission durant les siècles qui suivront et à travers l’univers entier. Mais si ce message de Jésus de Nazareth est parvenu jusqu’à nous, c’est en premier lieu à travers la multitude des croyants qui, à travers les siècles et les millénaires, ont partagé entre eux et ont transmis aux générations suivantes l’expérience qu’ils avaient reçue et vécue.
A nous tous de continuer cette mission. Ayant tous été appelés, au moment de notre baptême, nous avons tous été « envoyés ». C’est donc de nous tous que Jésus parle lorsqu’il dit, à la fin du texte d’Évangile que nous venons de lire : « Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »
Armand Veilleux