18 mai 2022 – Mercredi de la 5ème semaine de Pâques
Homélie
Après avoir lu à peu près en entier le chapitre 14 de saint Jean, nous commençons aujourd'hui le chapitre 15 et nous retrouvons en pleine évidence le thème de la "demeure" évoqué si souvent dans le chapitre précédent. "Demeurez en moi, comme moi en vous… Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit."
Même si le christianisme est une religion d'amour et de communion avec Jésus, Fils de Dieu, la tentation nous guette sans cesse d'en faire une religion de commandements, d'obligations et d'interdits. Cette tentation est aussi vieille que l'Église. Paul, qui était pourtant non seulement un Juif, mais un Pharisien, avait été envoyé par Jésus porter la Bonne Nouvelle aux Nations et elles avaient accueilli en grand nombre son message. Les Chrétiens d'origine juive et particulièrement les Pharisiens voulaient exiger que les convertis du paganisme adoptent les pratiques juives, en particulier la circoncision, lorsqu'ils devenaient chrétiens. Saint Paul s'y opposa de façon absolue et c'est pourquoi il provoqua l'examen de cette question par les Apôtres en venant à Jérusalem.
Ce qui est propre au Christianisme, ce n'est pas telle ou telle pratique religieuse ; c’est la foi au Christ – une relation personnelle à Jésus de Nazareth, Fils de Dieu. Cette foi doit s'exprimer à travers la vie, et comme elle est partagée avec beaucoup d'autres, elle doit s'exprimer dans des gestes religieux. Beaucoup de ces gestes religieux par lesquels nous exprimons notre foi au Christ viennent du judaïsme. Il n'y a pas de raison pour laquelle cette même foi ne puisse pas être exprimée aussi avec des gestes religieux provenant d'autres traditions religieuses de l'humanité. L'important est d'éviter le fondamentalisme qui consiste précisément à considérer comme essentiel ce qui n'est qu'une expression relative de ce qui est essentiel. C'est contre ce fondamentalisme que s'est élevé Paul et il a consacré tous ses efforts durant la majeure partie de sa vie pour défendre la liberté des enfants de Dieu.
L'important c'est que nous portions des fruits – fruits de vertu et de sainteté. Et, comme nous l'enseigne Jésus lui-même, nous ne porterons des fruits que si nous demeurons en Lui et si sa Parole demeure en nous. Nous sommes comme les sarments d'une vigne; et la vigne c'est Lui; de sorte que si nous portons des fruits, ce seront les siens avant d'être aussi les nôtres.
Durant cette Eucharistie rendons-lui grâce pour ce privilège insigne.