29 décembre 2022 – 5ème jour dans l’Octave de Noël

1 Jn 2, 3-11; Lk 2, 22-35

H o m é l i e

          Après avoir eu hier un Évangile tiré de Matthieu et, avant hier, un tiré de Jean, celui d’aujourd’hui est tiré de l’Évangile selon saint Luc, et plus précisément de la fin du deuxième chapitre.  Nous savons qu’en ses deux premiers chapitres l’Évangéliste Luc annonce tous les thèmes majeurs de son Évangile. À la fin du chapitre deux, il raconte deux événements de l’enfance de Jésus : la présentation au Temple, et son voyage à Jérusalem avec ses parents, à l’âge de douze ans.

          Ces deux récits sont composés exactement de la même façon.  Dans les deux cas, Jésus monte au Temple de Jérusalem, en accomplissement d’un précepte de la Loi --  préfigurant déjà la grande montée vers Jérusalem vers laquelle tend tout l’Évangile de Luc.  Dans les deux cas il y a une proclamation faite à propos de Jésus : dans le premier cas elle est faite par Siméon et Anne ;  dans le deuxième cas, par Jésus lui-même.  Dans les deux cas, Jésus retourne à Nazareth après cette montée vers Jérusalem, et il croît en âge et en sagesse, nous dit Luc. 

          Dans chacune de ces deux montées de Jésus à Jérusalem, il y a une rencontre qui préfigure toutes les autres rencontres de la vie publique de Jésus.  La rencontre avec les docteurs de la loi et les scribes, lors de la montée de Jésus au Temple à l’âge de douze ans préfigure toutes les tensions et les discussions entre Jésus et ces docteurs de la loi, sûrs de leur science, au cours de son ministère.  La rencontre d’aujourd’hui, avec Siméon et Anne, préfigure toutes les rencontres de Jésus avec les petits et les humbles. 

          Siméon et Anne sont des pauvres de Dieu, des Anawim  Ils n’ont aucun rôle officiel dans le Temple.  Siméon n’appartenait pas à la classe sacerdotale.  Luc nous le présente simplement comme « un homme du nom de Siméon... qui attendait la consolation d’Israël » et sur qui reposait l’Esprit Saint.  Anne était une femme avancée en âge, devenue veuve alors qu’elle était encore jeune, et qui vivait constamment au Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière.

          Siméon et Anne sont des modèles pour nous.   Pourquoi ont-ils pu reconnaître l’envoyé de Dieu dans cet enfant présenté au Temple comme les autres?  Parce qu’ils étaient des personnes de désir ; parce qu’ils vivaient dans l’attente de la Consolation d’Israël, du salut ; parce que l’Esprit Saint reposait sur eux, et qu’ils louaient Dieu dans le temple jour et nuit, dans le jeûne et la prière.  Ne retrouvons-nous pas là tous les aspects de notre vie monastique ?

          Oui, nous pourrons nous aussi voir Dieu, reconnaître la présence du Christ autour de nous, si nous sommes tendus de tout notre être dans l’attente de son Royaume, si nous vivons fidèlement dans son temple, dans le jeûne et la prière, dans un esprit de pauvreté du coeur, sans ambition et sans prétention.  C’est alors que l’Esprit Saint reposera sur nous comme sur Siméon. 

          Nous pourrons alors, par notre vie plus encore que par nos paroles, parler de cet Enfant à tous ceux qui attendent le Salut.