21 mars 2023, mardi de la 4ème semaine de Carême
L’une des expressions qui revient assez souvent dans la bouche du pape François est celle de « périphéries ». Il emploie d’ailleurs le mot au pluriel. Il nous appelle tous à aller aux périphéries. Et ce mot a évidemment des sens différents selon la vocation propre des personnes à qui il s’adresse ou selon les contextes dans lesquels il l’utilise. Son approche est évangélique avant d’être sociologique.
Nous avons dans l’Évangile d’aujourd’hui un bon exemple du message de Jésus auquel se réfère François. Un jour, Jésus montait à Jérusalem. C’est un jour de sabbat. Avant d’aller au Temple, qui se trouve au cœur de la ville, Jésus passe par la périphérie. Il passe par la Porte des Brebis, et près de cette porte se trouve une piscine, appelée Bethzatha, où étaient couchés une foule de malades : aveugles, boiteux et paralysés. Ce sont eux la périphérie, puisqu’ils sont rejetés de la société, laissés dans la marge.
Jésus n’attend pas qu’aucun d’entre eux ne vienne à lui. Il va vers eux. Il s’informe de leur situation. On lui parle de l’un en particulier, un homme paralysé depuis trente-huit ans. Il ne lui impose rien. Il lui demande ce qu’il désire. « Veux-tu retrouver la santé ? ». L’autre ne semble plus avoir de désirs. Il s’est résigné au fait qu’il n’y a personne pour s’occuper de lui. Jésus le ramène à sa dignité. Il ne lui dit pas « je te guéris ». Il lui dit simplement : « prends ton grabat et marche ». Et cet homme qui ne connait pas Jésus, qui ne demande rien, qui ne manifeste aucun autre signe de foi que celui d’obéir à l’ordre qu’il reçoit, est guéri.
C’est après avoir fait ce détour vers la périphérie, après avoir manifesté de la bonté concrète pour un être humain concret, nécessiteux, que Jésus monte au Temple.
La leçon est évidente : le culte envers Dieu est important. Il faut monter au Temple pour prier. Il faut nous réunir à l’église pour célébrer l’Eucharistie et nos offices quotidiens. Mais cela n’a de sens que si nous sommes d’abord passé par la périphérie, si nous avons manifesté de la bonté, de la « tendresse » comme aime à dire souvent le pape François, à nos frères et à nos sœurs.
Et puis nous appartenons tous, d’une façon ou d’une autre, de façon plus ou moins évidente, à cette foule des estropiés assis sur le bord de la piscine de
Bethzatha. Nous sommes peut-être dans l’attente d’un geste magique, comme l’attendaient tous ces estropiés à Jérusalem. Le salut, la véritable guérison, la rencontre de Dieu nous viendra plutôt de la part de quelqu’un en qui la tendresse de Jésus se sera incarnée et qui nous dira : marche, continue ta route spirituelle.
Chacune de nos communautés est un peu une piscine comme celle de Bethzhata. Nous y sommes réunis dans l’attente du salut. Nous sommes la périphérie pour laquelle Jésus a manifesté tant d’amour. Sachons nous offrir mutuellement cette attention divine et sachons reconnaître Jésus chaque fois qu’il vient à nous sous la forme d’un de nos frères ou d’une de nos sœurs.