1 juillet 2023 – samedi de la 12ème semaine du Temps Ordinaire
H o m é l i e
À partir d’aujourd’hui, les lectures d’Évangile pour la Messe fériale, nous présenterons une série de guérisons de Jésus au début de son ministère. Dans les chapitres 5-6-7, Matthieu avait regroupé plusieurs enseignements de Jésus, que nous avons écoutés au cours des deux dernières semaines. Dans les deux chapitres suivants, il regroupe une dizaine de miracles.
Mais, attention ; il faut remarquer que là où nous parlons facilement de miracles, l’Évangile parle simplement de "guérison". Dans notre conception moderne un miracle est quelque chose qui ne s'explique pas dans le contexte de ce que nous concevons comme les lois de la nature. Or, cette conception du miracle est moderne et tout à fait étrangère à l'homme et à la femme de la Bible. Pour l'homme de la Bible, il n'y a pas de loi de la nature. La nature est soumise tout entière à la volonté et à la toute-puissance de Dieu, qui y agit comme bon lui semble et quand il veut. Pour l'homme de la Bible, il n'y a pas de miracle; il y a simplement des "mirabilia Dei", des "merveilles de Dieu", c'est-à-dire des actions plus éclatantes dans lesquelles Dieu manifeste sa toute puissance. Et toutes les actions merveilleuses produites par Jésus ne sont pas d'abord des manifestations de toute-puissance, mais plutôt des manifestations de l'amour miséricordieux de Dieu envers les hommes, surtout les petits, les souffrants, les victimes des forces du mal.
La première condition – et, finalement, la seule condition pour être gratifié d’une telle manifestation de l’amour de Dieu est la foi. C’est cette foi que manifeste le centurion de l’armée romaine dont il est question dans la première guérison racontée dans le texte que nous venons de lire. Pour cet officier de l’armée romaine, Jésus n’a pas besoin de venir et de pratiquer quelques gestes ou quelques rites sur son enfant pour le guérir. Il n’a qu’à vouloir que cet enfant guérisse. Il reconnait donc à Jésus une autorité absolue et donc divine sur tout l’univers. Et Jésus fait remarquer qu’il n’a pas trouvé une telle foi en Israël. Il ne demande pas à cet étranger de se convertir au Judaïsme; il ne lui demande pas de tout abandonner et de le suivre. Il lui dit simplement de rentrer chez lui. Et il lui annonce que sa foi sera efficace : « Que tout se passe pour toi selon ta foi ». Et son fils est guéri à l’heure même.
Dans les guérisons accomplies par Jésus, il y a en général un geste physique et une parole. Mais parfois il n’y a que l’un ou l’autre. Dans le cas de la guérison de la belle-mère de Pierre, Jésus ne dit rien. Il la touche simplement de la main et la fièvre la quitte sur le champ. Alors elle se lève. Elle se met debout devant lui, ce qui est un signe de dignité. Et elle se met à le servir, ce qui est l’essence de la vie chrétienne, à l’image de Jésus qui est venu pour servir.
Ensuite il y a la rapide mention de plusieurs possédés qui sont présentés à Jésus et dont il expulse les démons simplement par une parole.
Enfin, Matthieu termine cette introduction à la longue série de guérisons qui seront racontées dans les deux prochains chapitres de son Évangile, par la parole d’Isaïe, qui donne leur sens à toutes ces guérisons : « Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies ».
Au cours de cette Eucharistie, prions spécialement pour toutes les personnes que nous connaissons, qui sont affectées de souffrances et de maladies, pour que Jésus, d’une façon ou d’une autre, porte avec elles ces souffrances et ces maladies.
Armand Veilleux