Mémoire de saint Ignace d'Antioche,
Homélie
J'ai connu, aux États-Unis, un pasteur baptiste qui venait souvent faire des retraites dans notre monastère de Holy Spirit, en Géorgie. Il y a plusieurs années, il ne se sentait pas très bien et il est allé voir un médecin. Après une série d'examens, le médecin lui a annoncé qu'il était atteint d'un cancer en phase terminale et qu'il ne lui restait probablement que quelques mois à vivre. L'homme a accueilli cette nouvelle avec une très grande sérénité et n'a pas semblé perturbé du tout. Le médecin s'est étonné de cette sérénité et lui a dit : "La plupart des gens sont très perturbés, voire découragés, lorsqu'on leur annonce qu'ils ont un cancer, surtout en phase terminale. Comment se fait-il que vous soyez si paisible ? La réponse fut : "Eh bien, ma conviction est que nous sommes tous en phase terminale !".
Je pense que c'était l'attitude des grands martyrs, comme Ignace, que nous célébrons aujourd'hui, qui fut l'un des premiers martyrs chrétiens, et l'un des plus grands. Pour ces martyrs, le sens de la vie ici-bas était qu'elle n'était qu'un passage vers la vie éternelle avec Dieu. C'est pourquoi ils ne craignaient pas la mort. Elle était plutôt attendue, souvent avec joie, comme le moment heureux d'entrer dans ce bonheur éternel.
Ignace, évêque d'Antioche fut condamné à mort. Il fut emmené d'Antioche à Rome par un groupe de soldats romains. C’était un très long voyage, et tout au long de ce voyage, Ignace écrivit sept lettres à différentes Églises. Ces lettres sont parmi les plus belles jamais écrites par un chrétien. Ignace, qui sait qu'il sera donné en pâture aux lions, à Rome, écrit : "Je suis le blé du Christ, moulu par la dent des bêtes pour devenir du pain pur".
En recevant le corps du Christ dans cette Eucharistie, rappelons-nous que c'est le corps du Christ, qui a été moulu comme du blé pendant sa passion et qui est mort pour nous. Demandons le courage de mourir à nous-mêmes, d'accepter toutes les morts quotidiennes qui nous permettront d'affronter notre propre mort finale, quand elle viendra, comme une heureuse transition vers une vie de bonheur éternel avec Dieu.
Armand Veilleux