12 février 2024 – lundi de la 6ème semaine du Temps Ordinaire
Homélie
Après la guérison du sourd-muet en terre païenne, que nous racontait le passage d’Évangile que nous avons lu vendredi dernier, et la seconde multiplication des pains, que racontait l’Évangile de samedi, Jésus est revenu en terre t’Israël. Tout de suite il est de nouveau confronté aux Pharisiens qui cherchent toujours à le prendre en défaut. Cette fois-ci ils lui demandent un signe venu du ciel.
En lisant ces mots, nous pensons tout de suite à un miracle. Les Pharisiens demanderaient un miracle. En réalité, notre conception de « miracle » n’existe pas dans la Bible. Nous prétendons connaître ce que nous appelons les « lois de la nature » et nous considérons comme « miracle » tout ce qui arrive et ne respecte pas ces lois de la nature. Pour l’homme de la Bible, il n’existe pas de loi de la nature. Tout est soumis directement à la volonté de Dieu. Et lorsque se produit quelque chose d’extraordinaire, comme une guérison, c’est tout simplement une manifestation merveilleuse de la bonté et de l’amour de Dieu. On parle alors de « merveilles », d’œuvres merveilleuses de Dieu envers les hommes.
Il est question de « signes » dans la Bible, mais c’est tout autre chose qu’un miracle, comme nous l’entendons. Ainsi tout l’évangile de saint Jean est construit autour d’une série de signes qui sont accompagnés de paroles. Ces signes sont des révélations, des apocalypses, qui manifestent divers aspects de la grandeur et de la bonté de Dieu.
Ce que demandent les Pharisiens, c’est encore autre chose. C’est quelque chose d’extraordinaire qui prouverait que Jésus est un vrai prophète. Or Jésus n’a rien à prouver. Il ne fait jamais une guérison pour prouver quoi que ce soit. Lorsqu’il en fait une, ce n’est pas pour prouver qui il est ; c’est toujours par bonté, par miséricorde, par amour pour la personne malade. Et lorsqu’il fait ce que saint Jean appelle son « premier signe », c’est-à-dire lorsqu’il change l’eau en vin à Cana, ce n’est pas pour montrer son pouvoir, c’est simplement pour permettre aux convives de continuer la fête et d’être joyeux.
Notre vie de tous les jours est pleine de signes de l’amour de Dieu pour nous. Habituons-nous à voir ces signes, à les identifier pour ce qu’ils sont. N’essayons pas, comme les Pharisiens de voir dans ce qui arrive ces « preuves » que Dieu existe ou encore des indications chiffrées de ce que Dieu voudrait que nous fassions. Ne soyons pas de la génération dont Jésus dit : « Aucun signe ne sera donné à cette génération ». Et surtout ne faisons pas en sorte qu’il soit dit de nous comme des Pharisiens : «… il les quitta et… partit vers l’autre rive ».
En instituant l’Eucharistie, Jésus a fait du pain et du vin et du repas pris en mémoire de lui, un signe de son amour pour nous et de la communion qui doit nous unir les uns aux autres et avec tous nos frères et sœurs. Laissons-nous émerveiller par ce « signe » et n’en cherchons pas d’autres.
Armand Veilleux