24 juillet 2024 -- Mercredi de la 16ème semaine "B"
Jer 1, 1. 4-10; Mt 13, 1-9
Homélie
Nous avons ce matin le même Évangile que nous avons eu il y a quelques semaines, le 15ème dimanche ordinaire. Ce qui est important avant tout pour Jésus, dans cette parabole, ce ne sont pas les épines qui peuvent étouffer la semence reçue; ce n'est pas le terrain rocailleux, qui ne permet pas à la semence d'avoir des racines profondes; ce ne sont pas les oiseaux du ciel qui viennent manger les grains tombés sur le sentier; ce n'est même pas la bonne terre qui reçoit cette semence. Ce qui est le plus important pour Jésus, c'est la semence même. Et la semence dont il parle, c'est sa Parole, qui est aussi la Parole de son Père.
Nous sommes toujours portés à nous préoccuper de nous-mêmes et de nos comportements. Nous nous préoccupons de la façon dont nous recevons la Parole de Dieu; et il est bien, évidemment, que nous nous en préoccupions. Mais il ne faut jamais oublier que la Parole est immensément plus importante que tout ce que nous pouvons faire ou ne pas faire avec elle. Un grand théologien protestant, Karl Barth, disait même que le simple fait que Dieu nous ait parlé est infiniment plus important que tout ce qu'il nous a dit!
Or, il se fait qu'aujourd'hui, dans le lectionnaire de la messe, nous commençons, pour la première lecture, le Livre du prophète Jérémie. Tout ce long Livre de Jérémie (qui comprend 52 chapitres), est l'histoire pathétique, enthousiasmante, souvent douloureuse de la Parole de Dieu adressée au Peuple à travers Jérémie.
Jérémie se passerait bien de cette Parole. Lorsqu'elle lui est adressée pour la première fois, il essaye de l'éviter sous le prétexte qu'il est trop jeune. Jérémie est un homme très sensible et fragile, qui aurait besoin d'être accepté, aimé, réconforté. En tout cas, s'il doit parler au Peuple, il aimerait dire des choses agréables et plaisantes. Et pourtant Dieu met sans cesse dans sa bouche des messages exigeants, des reproches, des paroles sévères, que le Peuple ne veut pas entendre. Dieu lui demande même de rester célibataire, car il ne doit exister que pour la Parole qui le saisit tout entier. Le jour où il n'a plus de Parole à transmettre, il disparaît tout simplement, dans le flot des réfugiés.
Pour nous, moines et moniales, Jérémie est un modèle et un proto-type. Nous sommes appelés nous aussi, à notre façon, à nous laisser saisir entièrement par la Parole de Dieu, à nous nourrir de cette Parole et à n'exister que pour elle. Puisse-t-elle nous suffire comme compagne et comme nourriture. Puissions-nous avoir le courage d'être le canal par où elle passe si Dieu le veut et quand il le veut, et aussi l'humilité de disparaître derrière elle.