9 août 2024 – Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)
Homélie
Pour cette fête, le lectionnaire liturgique nous offre d’abord un beau texte d’Osée, où Dieu appelle son épouse pour l’entraîner au désert et lui parler au cœur, dans la fidélité et la tendresse. Et nous avons comme lecture de l’Évangile la parabole dans dix vierges invitées au noces.
Si vous le voulez bien, nous allons réfléchir un peu sur cette parabole, en nous arrêtant d’abord à la dernière phrase : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Même si cette brève phrase semble arriver comme un cheveu sur la soupe, elle est bien la conclusion logique du récit qui précède. « Veiller » ne signifie pas ici attendre passivement, mais bien vivre les yeux ouverts et attentifs.
Le récit de cette parabole se situe dans le contexte -- bien connu par les auditeurs de Jésus -- d’une noce, selon les coutumes d’Israël, où l’épouse, accompagnée de plusieurs jeunes filles, attendait l’arrivée de l’époux, accompagné lui-même de ses compagnons, pour commencer la fête, avant d’être introduits tous les deux dans la chambre nuptiale. Des dix jeunes filles en question, cinq étaient prévoyantes (ou sages) et avaient emporté de l’huile pour leurs lampes ; et cinq étaient insensées et avaient oublié de le faire.
Pour bien comprendre cette parabole, telle qu’elle nous est rapportée par Matthieu, il faut la mettre en relation avec un autre enseignement de Jésus qu’on retrouve avec la même terminologie en Matthieu. Il s’agit de l’enseignement concernant la maison bâtie sur le roc ou bâtie sur le sable. « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire – dit Jésus – peut être comparé à un homme sage (ou prévoyant) qui a bâti sa maison sur le roc... Et tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut être comparé à un homme insensé (ou insouciant) qui a bâti sa maison sur le sable... » (Matt. 7, 24-27). Et ce texte était précédé de l’autre texte où Jésus avertit qu’au jour du jugement il dira à ceux qui ont prophétisé en son nom et même chassé les démons en son nom, mais n’ont pas fait la volonté de son Père : « Je ne vous ai jamais connu » (Matt. 7, 21-23) – la même parole qu’il adresse dans notre texte d’aujourd’hui aux jeunes filles insensées.
L’huile d’olive tenait une très grande place dans l’antiquité biblique, à côté du pain et du vin. On s’en servait pour préparer la nourriture, ou comme médicament, de même que comme tonifiant esthétique pour améliorer la beauté du corps. On s’en servait aussi pour faire divers parfums et, bien sûr, comme combustible pour les lampes. Ici, dans notre parabole, l’huile est le symbole de la fidélité à la parole de Jésus, à son premier commandement, celui de l’amour. C’est quelque chose que chacun doit vivre. Ce n’est pas par égoïsme que les vierges sages ne peuvent le partager avec les sottes ; c’est que personne ne peut le vivre pour les autres. Chacun doit le faire pour son propre compte.
En définitive, l’enseignement de cette parabole est simple. Il se résume dans cette simple phrase : « au soir de la vie nous serons jugés sur l’amour ». Nous serons admis au banquet des noces entre Dieu et l’humanité dans la mesure où nous aurons notre bagage d’amour, dans la mesure où nous aurons mis en pratique durant notre vie ce premier commandement qui comprend tous les autres. Si nous ne l’avons pas fait, quelles que puissent être les grandes choses que nous aurons faites dans notre vie, y compris nos prières et nos actes de vertu, nous risquons de nous entendre dire : « Dommage, je ne vous connais pas ! ».
Mais pour ne pas terminer sur ce ton, ne manquons pas de relire le beau texte du prophète Osée qui nous renseigne sur le type de relation que Dieu veut avoir avec son Peuple, mais aussi avec chaque personne de ce peuple : « Je ferai de toi mon épouse (et non seulement l’amie de l’épouse). Je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse… et tu connaîtras le Seigneur.
Connaître le Seigneur… C’est tout ce qui compte !