29 octobre 2024 - Mardi de la 30ème semaine ordinaire, année paire
Eph. 5, 21-33 ; Luc 13, 18-21
Homélie
Ces deux paraboles font partie d’un groupe de quatre paraboles qu’on retrouve dans les trois Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), même si chacun des Évangélistes les a placées différemment dans son récit. Les deux autres sont celles de l’agriculteur patient qui a déposé sa semence dans la terre et attend qu’elle croisse et celle de l’ivraie mélangée à la bonne semence et qui ne sera arrachée que lorsque la semence aura atteint sa pleine croissance. Toutes quatre paraboles parlent de la même réalité, c’est-à-dire l’échec apparent rencontré par Jésus dans sa prédication, ou au moins la lenteur avec laquelle se manifestaient les résultats de cette prédication.
Dans la parabole du grain de moutarde (ou de sénevé), Jésus veut nourrir la foi en Dieu, soulignant le contraste entre les débuts humbles de son règne et les dimensions du règne eschatologique à venir. Jésus veut sans doute répondre ainsi à ceux qui opposaient la faiblesse des moyens qu’il employait à la gloire du Règne de Dieu qu’ils attendaient.
Par cette parabole comme par celle du levain dans la pâte, Jésus nous appelle à la patience – patience avec nous-mêmes comme avec nos frères et nos sœurs -- devant la lenteur de notre croissance et de leur croissance. Il nous rappelle que les accidents et les échecs, les blessures et les guérisons font tous partie de ce processus de croissance et lui confèrent sa beauté. Tout cela fait partie de notre beauté de créatures. Cela nous est souvent difficile à accepter – accepter de ne pas être parfaits et surtout que les autres ne soient pas parfaits. Accepter que rien autour de nous ne soit vraiment parfait, et que toute notre vie ici-bas soit un pèlerinage depuis notre finitude jusqu’à notre développement parfait réservé pour le temps de la moisson.
L’harmonie parfaite n’est pas une dimension de la création, et n’est donc pas une dimension de l’existence humaine, même rachetée. La grandiose description de la création que nous trouvons dans la Genèse nous montre un univers dont tous les éléments explosent dans l’existence : l’eau, la terre, le soleil, la lune, les animaux, les humains. Commence alors un long chemin vers l’harmonie qui ne sera accomplie pleinement qu’à la Parousie. Un processus qui conduira au bonheur définitif, à travers un cheminement fait de cris, d’accidents, d’échecs et de blessures. C’est là la beauté de notre monde créé.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus fonde notre espérance sur la certitude de la pleine croissance de la semence déposée en nous. Il nous invite aussi à accepter l’attente dans la patience et la confiance.