Homélie pour le 7 nov. 2024, -- jeudi de la 31e sem. paire
Homélie
Dans l'Évangile d'hier, Jésus énonçait les exigences radicales qu'il présentait à ceux qui voulaient le suivre. Tout de suite après, nous voyons les Publicains et les pécheurs se grouper autour de lui, au grand scandale des Pharisiens et des scribes qui lui reprochent de faire bon accueil aux pécheurs et de manger avec eux. En réponse à ces murmures, Jésus leur offre non pas une mais bien trois paraboles, qui ont toutes pour thème central la joie qu'il y a dans le ciel lorsqu'un pécheur se repent et revient à Dieu. C'est une joie semblable à celle d'un berger qui a retrouvé la brebis qu'il avait perdue ou encore à celle de la femme qui a retrouvé la pièce d'argent qu'elle avait égarée. La troisième parabole, qui n'est pas inclue dans la lecture de l'Évangile d'aujourd'hui, décrit la joie d'un père lorsque son fils prodigue revient à la maison.
Les Pharisiens considéraient les Publicains et les pécheurs comme des classes avec qui une personne qui se respectait ne devait pas s'associer; et ils étaient scandalisés de ce que Jésus mangeât avec eux. Par cette parabole Jésus enseigne que ce qui est vraiment important n'est pas ce que ces personnes sont, mais ce que Dieu est, puisque, en définitive, nous sommes tous pécheurs. L'objet premier de chacune de ces paraboles n'est pas la conversion du pécheur, mais bien la joie qu'éprouve Dieu lorsque le pécheur revient à Lui.
Saint Paul, dans la première lecture, raconte sa propre histoire de conversion. Il ne s'agit pas de la conversion d'une vie de péché à une vie de vertu, mais de la non-croyance à la foi. Dès que Paul eut reçu la grâce de la lumière lui faisant voir qui était Jésus de Nazareth, tout ce qu'il avait été auparavant, même son dévouement le plus radical à ce qu'il croyait la "bonne cause", n'eut plus aucune importance. Il accepta de tout perdre pour gagner le Christ.
Lorsque nous avons l'impression de ne plus avancer sur le chemin de la perfection, efforçons-nous de découvrir ce à quoi nous sommes restés attachés, ce que nous n'avons pas encore accepté de perdre. Encore une fois, engageons-nous avec une ardeur renouvelée sur le chemin de la vie monastique, que saint Benoît décrit, dès les premières lignes du Prologue de sa Règle, comme un chemin de retour à Dieu. Et que notre propre joie prenne alors sa racine dans la conviction de procurer ainsi de la joie à Dieu.
Armand Veilleux