13 novembre 2024 – Toussaint bénédictine
Is 61, 9-11; Jn 15, 1...8
H O M É L I E
"Moi, je suis la vraie vigne". Nous avons affaire ici à l'une de ces très nombreuses affirmations où Jésus révèle son identité : Je suis l'eau vive, la lumière du monde, le bon pasteur, la porte des brebis, la résurrection et la vie, le chemin, la vérité, etc. Les éléments auxquels Il s'identifie sont presque toujours des éléments essentiels de la vie humaine et un adjectif y est souvent ajouté soulignant leur importance: l'eau vive, le bon pasteur, par exemple.
Ici, Jésus se présente comme la vraie vigne. Pour percevoir le sens de cet adjectif, il faut se souvenir que la vérité dans la pensée juive, est très liée à l'idée de fidélité et de constance. Il ne faut surtout pas oublier que tout au long de l'Ancien Testament, particulièrement chez les prophètes, le peuple d'Israël est comparé à une vigne (Osée 10,1; Jer 2,21; Ezéch 17, 1-10; Isaïe 5,1-8 etc.). Mais le problème avec cette vigne est qu'elle n'a pas été vraie, n'a pas été fidèle et n'a donc pas donné de fruit à son propriétaire. C'est donc par opposition à cette vigne-là que Jésus déclare : "Moi, je suis la vraie vigne".
Une autre catégorie importante dans notre texte est celle de la permanence. Le verbe "demeurer" revient constamment (huit fois) comme un leitmotiv. Nous ne pouvons porter des fruits que si nous demeurons étroitement unis à Jésus; c'est-à-dire si nous demeurons en lui et lui en nous. Et la gloire du Père de Jésus, qui est le vigneron, est que nous portions beaucoup de fruits. En effet nous ne sommes pas appelés à être les disciples de Jésus et à former son Église simplement pour notre perfection individuelle, mais bien pour porter des fruits dans le monde, auquel nous sommes envoyés pour être les témoins du salut apporté par Jésus.
Jésus pousse encore plus loin l'image de la vigne. Afin de porter des fruits, il ne suffit pas de demeurer attachés au cep. Il faut accepter d'être purifiés, émondés; d'être dépouillés de tout ce qui est étranger à l'Évangile.
Ce texte est tout à fait adapté à la Fête que nous célébrons aujourd’hui : la Toussaint bénédictine, c’est-à-dire la fête de tous ceux qui se sont sanctifiés en vivant selon la Règle de saint Benoît dans l’Ordre de Cîteaux. Ce qui est décrit dans cet Évangile est ce qui forme l’essentiel de l’expérience spirituelle bénédictine : la stabilité. Une stabilité qui n’est pas simplement le fait de demeurer toujours dans le même lieu, mais qui consiste dans un effort constant de demeurer en Dieu, de faire en Lui notre demeure, afin que Lui-même fasse en nous sa demeure, comme il nous l’a promis.
L’un des aspects essentiels de notre vie monastique est l’écoute constante de la Parole de Dieu. Or, si quelqu’un écoute ma parole, dit Jésus, mon Père l’aimera ; nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure. On pourrait ajouter que le mot grec utilisé par l’Évangile de Jean pour désigner la « demeure » est le mot « monè », qui est l’un des mots utiliser dans la littérature monastique grecque pour désigner le monastère. Demeurons donc dans la Parole de Jésus afin que Lui et son Père fassent de notre cœur le « monastère » où ils viendront habiter.