19 décembre 2024
Homélie
Dans les deux premiers chapitres de son Évangile, Luc raconte, en des récits tout à fait parallèles, les évènements relatifs à Jean-Baptiste et ceux relatifs à Jésus. La circoncision de Jean-Baptiste avec le chant de Zacharie est parallèle à celle de Jésus, avec le chant de Siméon ; Jean grandit et se retire au désert, tout comme Jésus grandit et se retirera lui-aussi au désert pour quarante jours ; etc.
L’Évangile d’aujourd’hui racontant l’annonce à Zacharie de la naissance de Jean est parallèle à l’annonce faite à Marie de la naissance de Jésus qui sera l’Évangile de demain.
Zacharie était un vénérable vieillard, dont l'arbre généalogique contenait la crème de la bourgeoisie d'Israël. Sa carte de visite était impressionnante : prêtre, d'origine lévitique, strict observant de la Loi, qui accomplissait le service sacerdotal dans le temple, et qui y était entré ce jour-là pour offrir le sacrifice de l'encens. Marie, à l'opposé, est une toute jeune fille, d'une humble famille et d'une humble bourgade, dont on ignore la lignée ancestrale bien qu'il soit dit que son fiancé était de la lignée de David.
Ce que Luc veut montrer, c'est que l'Institution religieuse, avec tout ce qu'elle a non seulement de prestige, mais aussi de vertu et de grandeur, ne reçoit pas -- en tout cas pas sans demander des preuves -- le message de Dieu et elle est réduite au silence. Le petit peuple, celui des Anawim, des "pauvres de Yahvé", représenté par Marie -- ce petit peuple, pas très observant de la loi -- qu'il ne connaît d’ailleurs que vaguement -- et méprisé par les grands, reçoit ce message avec une foi toute fraîche et ingénue; et la bouche de Marie se délie dans un chant de louange : Mon âme exalte le Seigneur.
Soyons du Testament Nouveau et non de l’Ancien. Comme Marie, ouvrons-nous dans la foi à toute Parole venant de Dieu et laissons cette Parole prendre racine en nous et y porter fruit.
Armand Veilleux