27 décembre 2024 – Fête de saint Jean

1 Jean 1, 1-4 ; Jean 20,2-8  

H o m é l i e

         C’est à la joie que nous invite saint Jean dans sa première lettre, dont nous avons lu le début comme première lecture.

          Si nous voulions faire de l’exégèse pointue, nous pourrions nous demander si l’auteur de cette lettre, ou de l’apocalypse ou même de l’Évangile de Jean est vraiment l’apôtre Jean, le disciple bien-aimé qui reposa sur la poitrine de Jésus à la dernière Cène et qui se trouva, fidèle, avec Marie, au pied de la croix. Cela n’a pas d’importance en réalité, car ce que tous ces écrits nous transmettent c’est la foi des Églises d’Asie évangélisées par l’apôtre Jean. Que les textes, dans leur forme définitive aient été écrits par lui ou par ses disciples, cela n’a guère d’importance. Ils transmettent son message.

          L’un des aspects les plus frappants de l’Église primitive, c’est la grande diversité que l’on peut constater entre les Églises locales, ayant chacune une identité propre et une sensibilité religieuse distincte. Il y a même une grande différence entre les Églises de Palestine, de Syrie et d’Asie, d’une part, toutes sous l’influence de la pensée johannique et, d’autre part, tous les pays – disons, en gros, de l’Empire Romain – sous l’influence de Paul. Il est bon que, tout de suite après avoir célébré la naissance du Messie, ce soit le message des Églises d’Asie que nous entendions en cette fête de saint Jean.

          Dans les deux textes que nous avons entendus, nous percevons un aspect important de la prédication chrétienne primitive, qui n’est pas un enseignement sur les vérités de la foi, ni même – pourrait-on dire – un enseignement sur le Christ, mais tout simplement la transmission d’une expérience. Et cela est tout à fait dans la ligne de la prédication de Jésus lui-même. Jésus n’a pas fait de grandes leçons de théologie morale ni même de théologie dogmatique. Il nous a dit simplement qu’il avait un Père ; et il s’est efforcé de nous faire comprendre à travers plusieurs paraboles, qui était son Père, puis il nous a dit que son Père et lui étaient unis dans un lien d’amour qu’il a appelé l’Esprit Saint, et il nous a dit que nous étions invités à entrer dans ce même réseau d’amour et à devenir nous aussi un avec Lui, son Père et l’Esprit Saint.

          Jean, dans l’Évangile d’aujourd’hui ne fait rien d’autre. Il veut tout simplement nous transmettre non pas des idées ni des exhortations moralisantes, mais simplement son expérience : « ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ». Et il nous dit tout bonnement qu’il le fait pour que SA joie soit complète. Ce qui nous fait comprendre que notre joie à nous aussi sera complète lorsque nous partagerons avec nos frères et nos soeurs, et, à travers notre vie, avec le monde entier, notre propre expérience du Christ.

          Pour l’Évangile que nous avons entendu, c’est aussi la dernière phrase, qui retient notre attention : « Il vit et il crut ». C’est lapidaire. Ce qu’il vit, c’étaient des choses qui pouvaient être décrites : des bandelettes et un morceau de linge qui avait recouvert la face de Jésus. Ce qu’il crut ne peut être décrit.   Il crut tout simplement. C’est à dire que sa confiance et son amour pour le Christ retrouvèrent toute leur intensité.

          Nous sommes facilement préoccupés de la joie des autres ; mais nous ne pouvons communiquer que celle que nous avons. Alors, comme l’apôtre Jean, partageons tout simplement à travers notre vie notre propre expérience de l’Enfant de Bethléem : ce que de Lui nous avons vu, entendu, touché dans nos vies. Et faisons-le tout simplement – je dirais presque égoïstement – pour que notre joie soit complète. Et si notre joie est vraie, elle sera contagieuse !

Armand Veilleux