14 janvier 2025 - Mardi de la 1ère semaine

He 2,5-12; Mc 1, 21-28

Homélie

          L'Evangile commence par ces mots : « Aussitôt, le jour du sabbat il (Jésus) se rendit à la synagogue, et là il enseignait ». Examinons un peu le contexte de ce récit dans l'Évangile de Marc. Nous sommes au début de l'Évangile. Jésus a été baptisé et a passé quarante jours dans le désert, où il a été tenté ; après quoi il est retourné en Galilée et a choisi ses disciples. Ensuite, dit exactement le texte de l'Évangile, il se rendit avec ses disciples à Capharnaüm, et aussitôt, le jour du shabbat, il entra dans la synagogue pour enseigner. Aussitôt, il guérit un homme atteint d'un esprit impur.

          C'est le début du ministère de Jésus selon l'évangile de Marc, et c'est la première fois qu'il parle en public et le premier miracle qu'il accomplit. C'est à ce moment-là que les évangiles de Matthieu et de Luc placent le Sermon sur la montagne. Marc, quant à lui, ne mentionne pas du tout le contenu du sermon. La seule chose qu'il veut souligner, c'est que Jésus a parlé avec autorité, à tel point que tout le monde était stupéfait. Mais il y a plus. Les deux choses que Jésus a faites selon Marc sont : a) qu'il a enseigné et b) qu'il a chassé les esprits mauvais, et qu'il a fait les deux avec autorité.

          Marc souligne également le contraste entre l'esprit mauvais et Jésus. Dans la mentalité de l'époque, on croyait qu'il était possible de chasser un mauvais esprit à l'aide de formules, et surtout qu'on pouvait exercer une autorité sur un esprit ou une personne si on pouvait l'appeler par son nom. C'est la raison pour laquelle l'esprit mauvais dit à Jésus : "Je sais qui tu es, tu es le Saint de Dieu". Il ne s'agit certainement pas ici d'une déclaration de foi, mais d'un effort de la part de l'esprit mauvais pour prendre Jésus sous son contrôle. Mais Jésus n'a pas recours à un tel artifice. Il dit simplement : "Tais-toi (sans doute a-t-il utilisé une expression plus populaire) et sors de cet homme". Un simple ordre, mais exprimé avec autorité !

          C'est pourquoi les gens sont étonnés : "Il enseignez avec autorité, disent-ils, et Il chasse les démons avec autorité".

          Il y avait dans le peuple d'Israël, avant la venue du Christ, trois fonctions ou médiations importantes, interdépendantes mais distinctes les unes des autres : celle du roi, celle du prêtre et celle du prophète. Le roi était chargé de la sphère politique et le prêtre de la sphère cultuelle ; mais le prophète était le porteur de la Parole de Dieu dans tous les aspects de la vie, individuelle ou sociale.

          Jésus s'est toujours manifesté non pas en tant que prêtre ou roi, mais en tant que prophète. Il est cependant un prophète d'un type totalement nouveau. Il n'est pas simplement porteur de messages divins, mais il les énonce en son nom propre, et il exerce en son nom propre l'autorité sur les esprits mauvais. Plus tard, il enverra ses disciples enseigner et chasser les démons en son nom.

          La guérison, tout comme l'enseignement, n'était pas un service individuel offert à des individus isolés ; elle faisait partie de l'édification du Royaume. C'était une œuvre d'amour, introduisant le malade dans la puissance salvatrice du mystère pascal.

          La célébration de l'Eucharistie est notre accès quotidien au pouvoir salvateur de Jésus. Maintenant que nous la célébrons, approchons-nous de Jésus avec foi, en lui exposant toutes nos blessures et toutes nos maladies physiques, psychologiques ou spirituelles, et il nous donnera accès à une vie nouvelle.

          Armand VEILLEUX ocso