15 janvier 2025 – Mercredi de la 1ère sem. impaire
Homélie
Dans l’Évangile de Marc, Jésus, tout de suite après son baptême, ses quarante jours au désert et le choix de ses disciples, retourne en Galilée. L’Évangile de lundi nous racontait le choix des disciples.
Marc nous rapporte ensuite une série d’événements qui se succèdent rapidement dans la même journée -- ce qu’on serait tenté d’appeler, pour utiliser une expression moderne : « Une journée dans la vie de Jésus de Nazareth ». Ce sont vingt-quatre heures bien utilisées. Le matin du sabbat, il enseigne dans la synagogue de Capharnaüm et y guérit un possédé. C’était l’évangile d’hier. Ensuite il va à la maison de Simon et André et guérit la belle-mère de Simon. Le soir, on lui amène beaucoup de malades à guérir. Puis, durant la nuit il va prier dans la montagne. Les disciples vont le chercher, mais il leur répond qu’il doit aller (non plus à Capharnaüm, mais dans les villages voisins). C’est vraiment beaucoup pour vingt-quatre heures. Essayons de percevoir et de recevoir quelques-uns des enseignements que Marc veut transmettre, ou plutôt les enseignements de Jésus à ses premiers disciples.
La belle-mère de Simon-Pierre souffrait de la fièvre, ce qu’on concevait alors comme une forme de possession. D’ailleurs, le mot grec qui désigne la fièvre est de la même racine que le mot « feu » et le mot « zèle ». On peut y voir une allusion au zèle ardent du prophète Élie, le prophète du feu (Sir. 48, 1-3.9; 1 Roi 19,10.14), qui fit périr de sa main les 450 prophètes de Baal, et au zèle des disciples de Jésus qui, un jour, voulaient faire descendre le feu du ciel sur ceux qui n’avaient pas reçu le message de Jésus. Jésus veut montrer à ses disciples que cette fièvre, cette furie destructrice doit être étrangère à ceux qui veulent se mettre à sa suite. Cette furie doit faire place à l’esprit de service. Et, de fait, la belle-mère de Simon, une fois guérie de sa fièvre, se met à les servir.
Dans nos relations personnelles, aussi bien que dans les relations entre les confessions religieuses ou les nations, toute ardeur à condamner les autres, à leur imposer nos points de vue, à faire pleuvoir sur eux (moralement ou physiquement) le feu du ciel, est contraire au message de Jésus. Jésus choisit la voie du service, de l’humilité et de la prière. Alors que les débuts de son ministère à la synagogue de l’importante ville de Capharnaüm avaient été un grand succès, il quitte ce lieu public pour se retirer dans la maison privée d’un de ses disciples. Et quand les guérisons qu’il opère dans cette maison le rendent encore plus populaire, il quitte ce lieu pour se réfugier dans la prière solitaire, avant de partir pour les humbles villages de la région.
Nous aussi, à l’exemple de Jésus, choisissons la voie du service de nos sœurs et de nos frères. Choisissons aussi la voie de la prière dans la solitude pour y découvrir la volonté de Dieu sur nous.
Nous faisons aujourd’hui mémoire des saints Maur et Placide, disciples de saint Benoît.
Armand Veilleux