10 novembre 2025 – lundi de la 32ème semaine "B" – Mémoire de saint Léon le Grand
Homélie
Le ton des lectures bibliques à la messe nous fait déjà sentir que nous approchons de la fin de l’année liturgique. Comme première lecture nous commençons aujourd’hui le Livre de la Sagesse, qui nous accompagnera durant toute la semaine. Dans ses premiers versets ce livre s’adresse à « ceux qui gouvernent la terre » -- Aimez la justice, vous qui gouvernez la terre – mais le message vaut pour chacun de nous. C’est un appel à vivre dans la justice, mais dans le sens le plus profond du mot, c’est-à-dire avoir un cœur droit qui agit en conformité avec l’Esprit de Dieu appelé ici « Sagesse ».
Ce beau Livre de la Sagesse pourrait être notre guide durant le cheminement que nous aurons à faire ensemble cette semaine. Demandons à l’Esprit-Saint, Sagesse de Dieu, de guider nos cœurs dans la recherche de la communion et de la vérité, en redisant sans cesse le beau verset du psaume 138, qui accompagnait notre première lecture : Conduis-moi, Seigneur, sur le chemin d’éternité.
Le passage d’Évangile que nous avons lu est un peu déconcertant. Il est constitué de trois paroles de Jésus, sans lien entre elles et sans doute prononcées dans des moments et des lieux différents. Avec un peu d’imagination on pourrait sans doute trouver toutes sortes de raisons pour lesquelles Luc les as rapportées ensemble en cet endroit de son Évangile, au milieu de plusieurs autres paroles et paraboles semées le long du chemin qui le mène à Jérusalem où il vivra sa Pâque.
Mieux vaut peut-être ne pas essayer de trouver de liens entre ces trois paroles de sagesse disparates, mais les laisser éclairer les divers aspects disparates de notre vie. Il y aura toujours dans notre vie des scandales, c’est-à-dire des pierres, petites ou grandes, qui risquent de nous faire trébucher dans notre propre cheminement. Pour cette raison, nous devons être toujours vigilants ; mais ce qui est encore plus important, selon le message de Jésus, est que nous ne soyons pas nous-mêmes, de quelque façon que ce soit, un obstacle sur la route de nos frères ou de nos sœurs.
Et comme il est inévitable que cela arrive un jour ou l’autre, Jésus nous invite à pratiquer entre nous, même jusqu’à sept fois par jour, c’est-à-dire sans compter le nombre de fois, le pardon que Lui-même nous offre sans cesse.
Finalement la dernière parole de Jésus dans cet Évangile est un appel à la foi. La foi, qui ne consiste pas simplement à donner son acquiescement intellectuel à des vérités abstraites, mais la foi qui est une attitude de confiance. Les Apôtres demandent à Jésus d’augmenter leur foi, de la faire croître. Et avec son langage imagé, bien enraciné dans le contexte local des gens à qui il parlait, Jésus leur dit que s’ils avaient de la confiance gros comme une toute petite graine de moutarde, ils libéreraient le pouvoir qui est en eux de transporter les arbres ou les montagnes. En effet, remarquons bien que Jésus n’invite pas les Apôtres à demander que le grand arbre se déplace et se jette dans la mer, mais il les invite à dire eux-mêmes au grand arbre : « déracine-toi et va te planter dans la mer ».
En réalité Jésus nous invite à avoir foi en nous-même – ce qui est un pas nécessaire vers la foi en Dieu. Si nous avons confiance au pouvoir que Lui-même nous a donné de marcher droit et dans la justice, nous saurons, avec cette force qui est en nous et qui vient de Lui, continuer notre route, quels que soient les obstacles sur cette route.
Armand VEILLEUX
