Saint Joseph
(Mt 1,16.18-21.24a)
Mars 2023
Frères et Sœurs, pour cette homélie, j’aimerais m’appuyer sur la lettre apostolique Patris Corde du pape François à l’occasion du 150e anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle.
Saint Joseph, ou d’abord il faudrait dire Joseph, a « fait de sa vie un service ». En accueillant l’Enfant et sa mère, et en les protégeant ; en consentant au projet de Dieu, il a « fait de sa vie, comme le disait Paul VI, un sacrifice au mystère de l’incarnation et à la mission rédemptrice ». Ainsi Joseph nous invite à le suivre sur ce chemin de service et de don de soi, le véritable sacrifice. Et ce chemin passe par cette écoute dont il a fait preuve dans les évangiles, et par son obéissance, la mise en pratique de ce qu’il a entendu, reconnu, de Dieu. En épousant Marie, Joseph a accueilli et servi l’Eglise, la communauté que Dieu lui confiait. Être à l’écoute de ce que Dieu veut pour pouvoir se donner et servir ; pour pouvoir faire grandir, dans nos vies et dans notre communauté, le Christ, le salut.
Joseph écoute et obéit. Nous l’avons entendu dans l’évangile où, « Grâce à l’obéissance, il surmonte son drame et il sauve Marie. » Et nous pouvons le lire encore dans les deux péricopes où il fuit en Egypte et où il en sort. L’obéissance, loin de contraindre Joseph, lui ouvre un chemin de vie au cœur des difficultés face à des évènements contraires qui le dépassent de toute part. « Joseph nous enseigne ainsi qu’avoir foi en Dieu comprend également le fait de croire qu’il peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse, nous dit le pape. Et il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau. Parfois, nous voudrions tout contrôler, mais lui regarde toujours plus loin. » Joseph nous invite ainsi à la confiance et à oser le risque de l’abandon, du lâcher-prise. En ce temps pour le monde comme pour l’Eglise et pour notre communauté, où l’avenir se fait plus incertain, Joseph, par son obéissance, vient nous ouvrir un chemin d’espérance.
Par cette même obéissance, il est ouvert à ce qui vient et surtout ouvert à ce qui va naître. Ainsi, comme le dit le pape, « la vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil, de cette réconciliation [avec la vie et les évènements, avec soi-même et avec les autres] qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande, un sens plus profond ». Joseph s’inscrit dans ce processus qui ouvre la voie aux possibles. S’il n’avait pas dit son « oui », son « fiat » ; s’il avait campé sur ses positions, ses principes, quel salut aurait pu naître ? Et ce « oui », nous l’avons entendu, n’a pas été dit dans un contexte facile ou idyllique. Non, c’est bien dans le concret d’une existence, dans un tissu de relations, dans une vie soudain chamboulée, déroutée, que Joseph s’est mis à l’écoute de son Dieu et lui a répondu. Ainsi, il nous enseigne, comme le dit François, que « seul le Seigneur peut nous donner la force d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence. » Et il continue : « La venue de Jésus parmi nous est un don du Père pour que chacun se réconcilie avec la chair de sa propre histoire[…]. Ce que Dieu a dit […] : « Joseph, fils de David, ne crains pas » (20), il semble le répéter à nous aussi : « N’ayez pas peur ! ». Il faut laisser de côté la colère et la déception, et faire place, sans aucune résignation […] mais avec une force pleine d’espérance, à ce que nous n’avons pas choisis et qui pourtant existe. […] La vie de chacun peut repartir miraculeusement si nous trouvons le courage de la vivre selon ce que nous indique l’Évangile. » Nous sommes ici dans le mystère pascal…
Le pape nous invite néanmoins à avoir un « courage créatif », à l’image de celui de saint Joseph qui « est l’homme par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la rédemption, […] le vrai “miracle” par lequel Dieu sauve l’Enfant et sa mère ». Ainsi, nous dit le pape, « la “bonne nouvelle” de l’Évangile est de montrer comment, malgré l’arrogance et la violence des dominateurs terrestres, Dieu trouve toujours un moyen pour réaliser son plan de salut. » Et François nous invite à avoir « le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence. » Et il ajoute que « si quelquefois Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés, mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver. »
Frères et Sœurs, ce matin en fêtant saint Joseph, ne nous contentons pas d’honorer une belle figure, mais inscrivons-nous résolument dans sa foi, son écoute, son obéissance, son espérance. Que cette eucharistie nous donne, nous aussi, d’être pleinement au service du salut.