A 33 MATTHIEU 25, 14-30 (13) Scourmont : 15.11.2020
Chers frères et sœurs, nous nous approchons de la fin de l’année liturgique. Les textes bibliques nous donnent l’occasion encore une fois de nous tourner vers la fin des temps. Car ce sera le grand passage vers ce monde nouveau que Jésus appelle le Royaume de Dieu. Dans ce monde-là, il y aura pleine communion entre la création et Dieu. L’Évangile de ce dimanche nous invite à veiller consciencieusement car nous ne connaissons pas le jour ni l’heure du retour du Christ (Mt 25,13).
La première lecture tirée du dernier chapitre du livre des Proverbes (31,10…31) doit être lue à la lumière des Évangiles ; en l’écoutant, nous comprenons que la Sagesse de Dieu, ce n’est pas la femme parfaite, mais le Christ qui vient à notre rencontre. Il apporte à tous ceux qui le cherchent lumière, joie, paix et espérance. Il illumine notre vie et nous montre le chemin. Le Christ nous rend capables de l’accueillir lorsqu’il se présente dans notre vie. Or il se présente chaque jour et nous sommes invités à l’accueillir avec amour et prévenance. C’est-à-dire que notre foi doit être une recherche, un désir de Dieu, une ouverture de nous-mêmes qui nous remet en route chaque jour, pour « qu’aux portes de la ville, nos œuvres disent sa louange » (Pr 10,31).
Dans sa lettre aux Thessaloniciens (5,1-6), l’apôtre Paul nous demande de rester éveillés dans l’espérance du Royaume. Il s’adresse à des chrétiens qui vivent dans l’attente fiévreuse du retour du Christ. Ce « jour du Seigneur viendra comme un voleur à l’heure et au jour où on ne s’y attend pas » (1 Th 5,2). Paul recommande aux chrétiens de ne pas vivre dans l’impatience ; mais nous ne devons pas non plus nous endormir. Ce qui nous est demandé, c’est de rester vigilants et de ne pas nous laisser absorber par des soucis trop matériels : le travail, les études, l’objet de nos ambitions. Le Seigneur vient ; il est là au cœur de nos vies. Il nous demande d’être attentifs aux signes de sa présence et de lui donner la première place dans nos vies, en vivant chaque jour intensément dans la lumière de l’amour que nous donnons et que nous recevons.
Dans l’Évangile, Jésus nous raconte la savoureuse parabole des talents. Cette parabole, nous la connaissons bien. Mais il y a une chose que nous oublions souvent : Il ne s’agit pas d’un talent au sens de compétence ou de capacité ; ce talent dont il est question, c’est une unité de monnaie qui pèse trente kg. Pour une personne qui travaille douze heures par jour, c’est le salaire de six mille jours de travail ou bien de 17 à 20 ans. La somme remise à chacun est donc énorme, la démesure totale.
La signification de cette parabole est claire : l’homme qui part en voyage c’est Jésus ; les serviteurs c’est nous. Les talents c’est le patrimoine que le Seigneur nous confie, c’est sa Parole, son Eucharistie, son Amour pour nous, c’est la foi en Dieu notre Père, c’est son pardon, c’est la résurrection, c’est encore des frères et des sœurs à aimer, un monde à construire. C’est ainsi que le Seigneur nous confie ses biens les plus précieux. Il ne nous demande pas de les conserver précieusement dans un coffre-fort mais de les faire fructifier. Il souhaite que nous les utilisions pour notre bien et pour le bien des autres.
Un jour, nous aurons à rendre compte de la gestion de ce trésor qui nous a été confié. Le Seigneur compte sur nous et il nous fait confiance. Nous n’avons d’autre garantie que sa Parole. La malédiction qui frappe le troisième serviteur ne s’explique pas par la petite somme qui lui a été remise. Ce que le Maître lui reproche, c’est sa paresse, c’est son peu d’empressement à faire valoir ce qu’il devait gérer. Ce mauvais serviteur cache le don de Dieu. Il aurait dû au contraire le placer sur une table comme on ferait d’une lampe allumée qui doit éclairer la maison. Au contraire le talent qu’il a reçu ne change en rien sa vie, puisqu’il l’enfouit dans un champ. Il ne s’implique à aucun niveau. Et il justifie son comportement par la peur de son maître, la peur de Dieu.
Voilà donc une parabole qui nous rejoint tous : quels que soient notre âge, notre situation, notre état de santé, personne n’est privé des dons de Dieu. Il donne à chacun selon ses possibilités, mais il nous demande de donner le meilleur de nous-même pour les faire valoir au service des autres. Nous sommes tous des envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu. Nous vivons dans un monde dur et violent. Nous sommes tous invités à y être des semeurs de paix, de joie et d’amour. Notre action c’est comme une semence qui doit donner son fruit pour le Royaume. Et c’est ainsi que nous pourrons « entrer dans la joie de Dieu » (Mt 25,21).
De nombreux chrétiens s’organisent pour faire reculer tout ce qui déshumanise. Malheureusement, les pauvres sont trop souvent victimes de préjugés. Cependant nous vivons dans un monde pour qui le Christ a donné sa vie. Un jour, la question nous sera posée : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » La question ne devrait pas nous effrayer : la grâce du baptême a fait de nous des enfants de lumière, des témoins de l’Evangile, des artisans de paix et d’amour. N’oublions pas, ce qui donne de la valeur à notre vie, c’est notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent.
En ce jour, nous nous tournons vers la Vierge Marie, Notre Dame de l’Avent : elle a accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne ; à son tour, elle l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être des serviteurs bons et fidèles pour participer à « la joie de Notre Seigneur ».