C PÂQUES 04 JEAN 10,27-30 (15) Chimay :

08.05.2022

Frères et sœurs, dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus se présente à nous comme le « bon berger ». « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent » (Jn 10,27). Ces paroles de Jésus nous aident à comprendre que nous ne pouvons pas nous proclamer disciples de Jésus si nous n’écoutons pas sa voix. Il ne s’agit pas seulement d’une écoute de l’oreille mais d’une écoute du cœur. Cela nous engage à suivre le Christ, à lui faire confiance et à mettre en pratique ce qu’il nous dit.

Dans le bruit de la vie courante et trépidante, cela n’est pas toujours facile. Nous sommes souvent affrontés à des difficultés, des doutes, des souffrances. Beaucoup sont désorientés par tous ces changements dans notre société, dans notre monde et même dans notre Église. Alors on s’interroge : à qui pouvons-nous donner notre confiance ? Beaucoup disent qu’ils n’ont pas besoin de maître, etc.

Mais l’Évangile de ce dimanche nous montre le rapport étroit que Jésus veut établir avec chacun de nous : il est vraiment notre guide, notre Maître, notre ami, notre modèle ; il est surtout notre Sauveur. C’est cette bonne nouvelle que nous avons entendue : « Je leur donne la vie éternelle et personne ne les arrachera de ma main » (Jn 10,28). Ces paroles du Christ nous donnent un sentiment de sécurité absolue ; notre vie est pleinement à l’abri entre les mains de Jésus et du Père ; il est celui qui ne cesse de nous manifester sa miséricorde. C’est son regard d’amour qui touche chacun de nous au plus profond de lui-même.

Tous ceux qui restent fermés sur eux-mêmes, ou sur leur conception de la vie et de la religion, ne pourront aboutir qu’au refus du Christ. Mais ceux qui écoutent sa voix, c’est-à-dire accueillent sa Parole avec foi et confiance, ceux qui se déterminent à agir avec lui et comme lui, ceux-là perçoivent la vérité de cet homme : « Le Père et moi, nous sommes un » (Jn 10,30). Pour comprendre cela, c’est vers la croix du Christ qu’il faut nous tourner. Le pape François nous dit que pour sauver les brebis égarées, le berger s’est fait agneau, il s’est laissé sacrifier, il a pris sur lui tous nos péchés pour nous en libérer. C’est ainsi qu’il a donné sa vie en abondance pour nous et pour le monde entier ; avec lui, nous n’avons plus peur. Notre vie est désormais à l’abri de la perdition. Rien ni personne ne pourra nous arracher à la main de Jésus parce que rien ni personne ne peut vaincre son amour. L’amour de Jésus est invincible. (Regina Coeli, 17 avril 2016).

Nous sommes tous invités à répondre à cet amour qui ne cesse de faire les premiers pas vers nous. Il est venu pour tous car le Seigneur ne veut pas qu’un seul se perde. Cela signifie qu’il ne pense pas seulement aux croyants fidèles. Le livre des Actes (13,14.43-52) nous montre une communauté qui risquait de se renfermer sur elle-même devant l’hostilité des Juifs. Avec Paul et Barnabé, l’Évangile sera annoncé aux païens, ce qui suscite leur joie, mais aussi la persécution. L’hostilité des Juifs provoque ce tournant décisif de la vie de Paul. Et malgré la persécution le succès auprès des païens est tout de suite extraordinaire. Le même scénario se répétera dans toutes les villes où Paul prêchera la Bonne Nouvelle. Beaucoup de disciples de Jésus subiront la persécution. Mais ils témoigneront de leur foi jusqu’au martyre. Aujourd’hui, encore plus qu’aux premiers siècles, des chrétiens sont assassinés à cause de leur foi en Jésus. Mais rien ne peut ébranler leur espérance. Personne ne peut les arracher de la main du Berger.

Le livre de l’Apocalypse (Ap 7,9.14-17) nous montre précisément la victoire obtenue par les martyrs. Son but est de nous rappeler que même dans les pires catastrophes, le mal n’aura pas le dernier mot. Jésus nous est présenté comme l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Et ce qui est merveilleux, c’est qu’il veut tous nous associer à sa victoire. Saint Jean nous parle d’une foule de toutes races et de toutes nations. C’est un immense cortège de tous les peuples et de toutes les cultures, qui connaît désormais le bonheur de l’intimité avec Dieu. Jean l’évoque avec des images parlantes pour un peuple de nomades : habiter la même tente, ne plus souffrir de la faim, de la soif, de la chaleur desséchante, ne plus pleurer de misère ou de souffrance. Après les persécutions, ils connaissent la joie d’être avec Dieu.

En ce dimanche de prière pour les vocations, nous nous unissons à la prière de l’Église universelle. La Bonne Nouvelle de l’Évangile est pour toutes les nations. Elle doit être annoncée à temps et à contretemps. Cette journée nous rappelle que le Christ veut tous nous associer à sa mission de berger de toute humanité.

Les premiers chrétiens ont représenté Jésus comme un berger qui porte sur ses épaules la brebis perdue et retrouvée : « Lorsqu’il l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules » (Lc 15,5). Il marche à nos côtés, nous tient par la main à chaque pas, nous relève lorsque nous tombons, et nous porte sur ses épaules lorsque nous sommes épuisés ou perdus.

Comme David, ce berger devenu roi d’Israël, Jésus est envoyé par le Père pour rassembler son peuple. Il est le Messie que tous attendaient. Pour nous aider à méditer ce mystère, Jésus se décrit comme le Bon Pasteur. La figure du Messie évoque la puissance d’un chef militaire. Celle du berger se revêt d’une grande douceur. Elle nous montre un Dieu proche. Le berger appelle chacune de ses brebis par son nom. Et celles-ci reconnaissent sa voix et son visage.

Nous pensons aux prêtres, religieux et religieuses, aux catéchistes, aux animateurs des divers groupes pastoraux mais aussi à tous les baptisés. Nous ne sommes pas chrétiens pour nous-mêmes, pour sauver notre âme, mais pour travailler avec le Christ qui veut sauver le monde. Personne ne doit rester sur la touche. Le Seigneur attend de nous que nous donnions le meilleur de nous-mêmes, là où nous sommes.

Dieu n’est pas le grand horloger. Les philosophes et les scientifiques des Lumières étaient fascinés par la Raison. En contemplant l’univers ils y ont vu la logique et la loi et ils ont donc comparé Dieu à un horloger. Il avait créé un univers type Rolex et depuis il se contente de laisser sa création tourner. Les lois parfaites et implacables de la physique l’avaient libéré de tout souci et il n’avait plus rien à faire pour sa création. Cette notion déiste n’est pas le Dieu que nous adorons. Notre Dieu est toujours présent, toujours attentif à chacun de ses enfants. Son amour pour nous est d’une intimité et d’une intensité infinie. Il nous protège et nous rassure car « personne ne peut rien arracher de la main du Père » (Jn 10,28).

Si Jésus est le Berger différent de tout autre berger, nous devrions être des brebis bien différentes de ce charmant animal couvert de laine. Leur ardeur pour la prochaine touffe d’herbe fraîche est telle que la voix du berger suffit à peine pour les maintenir dans la sécurité du troupeau. Les aboiements des chiens sont un élément essentiel à la survie du troupeau. Mais les brebis du Christ n’ont pas besoin de ce genre de coercition. Dans la prière nous entendons sa voix. Dans notre âme, nous ressentons la bienveillance du Berger, nous sommes témoins de ses nombreux dons. Que jamais nous ne nous éloignions du troupeau ! Que toujours nous écoutions et nous suivions sa voix.

En célébrant cette eucharistie, nous nous tournons vers Celui qui a échangé sa vie contre notre salut. Nous lui rendons grâce pour cette espérance et cette joie qui est en nous. Qu’il nous donne d’en être les porteurs et les messagers tout au long de notre vie.