A NOEL NUIT LUC 02,01-14 (13)
Frères et sœurs, cet évangile de Noël, nous le connaissons bien car nous l’entendons chaque année. Il ne faut surtout pas le recevoir simplement comme une belle histoire qu’on se plaît à raconter aux petits enfants. Dans ce récit, il y a en effet un message de la plus haute importance, une bonne nouvelle pour le monde entier. A travers ce petit enfant, c’est le Dieu transcendant qui se fait tout proche de nous. Il se fait tout petit dans les bras d’une maman ou couché dans une mangeoire. Dans notre nuit jaillit la lumière de l’enfant de Noël qui est Prince de la Paix. Il est « Emmanuel » ce qui veut dire « Dieu avec nous ».
Les premiers qui ont entendu cette bonne nouvelle, ce sont les bergers. Ils passaient la nuit dans les champs à garder leurs troupeaux. C’étaient de pauvres gens qui vivaient comme ils pouvaient avec de petits moyens. Et surtout, ils vivaient en marge de la société. Ils ne participaient pas au culte, ni aux activités publiques. Aux yeux des grands de ce monde, ils ne comptaient pas. Ils passaient pour des gens peu civilisés et même des voleurs. Or voici que l’ange du Seigneur vient leur annoncer cette bonne nouvelle : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ; il est le Messie, le Seigneur… vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,11-12). Dès le départ, l’évangile c’est la bonne nouvelle annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. À travers les décisions des gouvernants, Dieu prépare la naissance du Sauveur, mais c’est aux humbles qu’il la fait annoncer.
Cette bonne nouvelle retentit aujourd’hui dans toutes les églises du monde entier : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur » (Lc 2,11). Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui ignorent l’origine de cette fête. On pense à tout, au sapin, au réveillon, aux guirlandes, aux cadeaux, mais on oublie l’essentiel. Nous chrétiens, nous savons que Noël c’est tout autre chose. L’important c’est de revenir au cœur de la foi et de retrouver Dieu qui se fait l’un de nous pour que nous soyons avec lui. C’est de cela que nous avons à témoigner dans le monde d’aujourd’hui. Dieu avec nous ! Emmanuel ! La bonté de Dieu éclate à Noël, pour être révélée à tous les hommes par « un peuple ardent à faire le bien » (Tt 2,14).
Avec les bergers, nous sommes tous invités à nous rendre à la crèche. C’est là que notre Sauveur nous attend. Nous venons nous imprégner de la présence de Celui qui veut naître en nos cœurs. Nous accueillons cette lumière qui est en lui pour qu’elle transforme notre vie. Puis nous sommes envoyés pour la communiquer à tous ceux et celles que nous rencontrerons sur notre route. Cette présence et cet amour de Dieu c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager. Nous ne devons jamais oublier que Noël c’est Jésus qui continue à venir pour nous et pour le monde entier.
La priorité de Noël ce sont les pauvres, les exclus, les rejetés. Parfois on entend dire : c’est la fête des enfants. C’est faux, enfin pas totalement vrai. Comme autrefois, la bonne nouvelle de Noël doit être annoncée à tous les pauvres d’aujourd’hui. Ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui vivent dans la misère : ils n’ont plus de quoi se nourrir, se vêtir ou se chauffer. Beaucoup se retrouvent à la rue. D’autres vivent dans des pays en guerre. L’évangile nous dit aujourd’hui qu’il est impossible de fêter Noël sans eux. Si nous voulons rencontrer le Christ, c’est vers eux qu’il nous faut aller. Il est présent dans celui qui a faim et froid, celui qui est malade et seul, celui qui est prisonnier, celui qui a perdu ou oublié sa dignité humaine. Vivre Noël, c’est accueillir le Christ dans la personne du pauvre et lui donner la place d’honneur.
Le Messie de Dieu, l’envoyé de Dieu continue à venir dans ce monde détraqué, abîmé par les guerres, l’égoïsme et l’indifférence des hommes. Avec lui c’est la lumière qui jaillit, c’est l’espérance qui grandit au milieu de nos grisailles. Il est heureux que des hommes, des femmes et des enfants, croyants ou non, se mobilisent pour partager, pour apporter un peu de joie et d’amitié à ceux et celles qui vivent dans la souffrance physique et morale. Si nous voulons que la venue du Sauveur soit une bonne nouvelle pour les pauvres, il faut que cela se voie dans notre vie. On peut même se demander : à qui ai-je apporté cette bonne nouvelle ?
Noël, c’est Jésus qui vient et qui nous invite à travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde solidaire, un monde d’amour. L’important ce n’est pas d’abord de changer les structures, même si elles en ont bien besoin. Ce qui est premier c’est de changer nos cœurs, c’est de regarder ce monde avec le regard de Dieu qui est plein d’amour. Si nous avons bien compris cela, beaucoup de choses changeront.
A Noël, rien d’une lumière éclatante mais une humble étincelle dans la nuit du monde. Pourtant, le prophète Isaïe évoquait, dans la nuit de la déportation à Babylone, une « grande lumière », annonce d’un enfant roi donné par Dieu, et qui inaugurera un royaume de justice et de paix. Dieu, dont l’amour est indicible, ne peut abandonner ses enfants aux ténèbres de l’exil.
À Noël, en pleine nuit de Palestine, la promesse de Dieu prend corps en Jésus. Cette Bonne Nouvelle, annoncée aux petits et aux humbles, passe par des chemins d’humilité, de pauvreté, de discrétion, qui surprennent nos attentes humaines. Contrastant avec le silence, l’obscurité et la pauvreté de la naissance, la nuit porte une clarté nouvelle et la parole retentit, dévoilant le sens de l’évènement. La nuit de Palestine s’illumine du chant des anges et de la joie des bergers : le ciel et la terre sont en fête.
À Noël, la manifestation du Seigneur, si humble et fragile soit-elle, offre aux chrétiens de vivre d’une vie nouvelle dans l’attente de la manifestation du Seigneur dans la gloire, à la fin des temps. Située entre ces deux venues, l’attente chrétienne prend tout son sens et y puise son dynamisme.
« Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : ‟Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime” ». Noël est bien sûr la fête de la joie. Beaucoup de familles se rassemblent ; des peuples essaient de se réconcilier ; c’est l’heure de partager avec ceux qui n’ont pas. Mais avant tout, Noël, c’est la fête de Celui qui est venu. Aujourd’hui, où que nous soyons – que nous soyons en bonne santé ou malade, seuls ou accompagnés, joyeux ou attristés – regardons l’Enfant de la Crèche. Nous ne sommes pas tous seuls car Il est là. Que le Seigneur nous permette de sentir sa présence aujourd’hui.