B PÂQUES 07 JEAN 17, 11b-19 (13)

Chimay : 12.05.2024

Frères et sœurs, sur les chemins de notre humanité sauvée, écoutons le Ressuscité nous dire aujourd’hui : « Je vous donne part à mon Esprit » (1 Jn 4,13).

Nous avons fêté jeudi dernier l’Ascension de Jésus. Cette fête intimement liée à Pâques nous rappelle que le Christ ressuscité est entré le premier dans son Royaume et qu’il donne aux membres de son corps l’espérance de le rejoindre un jour. Nous avons également vu que le retour du Christ auprès de son Père a été le point de départ de la mission des apôtres. C’est Jésus lui-même qui les a envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle à toute la Création. Désormais, c’est le temps de l’Église qui est commencé. Les disciples qui ont suivi Jésus pendant trois ans sont appelés à devenir des apôtres. Ils seront envoyés dans le monde entier pour être les messagers de la Bonne Nouvelle. Nous sommes bénéficiaires de leur témoignage ; mais nous avons aussi à transmettre le flambeau autour de nous. Le Seigneur compte sur nous dans nos familles, nos villages, nos quartiers. Jésus ne demande pas au Père de nous retirer loin du monde, mais que nous y soyons témoins de la vérité. Rien ne doit arrêter la Parole de Dieu.

Le livre des Actes (Ac 1,15-26) nous montre que ce témoignage a besoin d’une communauté organisée. Judas n’est plus là. Après avoir trahi Jésus, il a mis fin à ses jours. Lors d’un rassemblement de la communauté, Pierre se lève et prend la parole. Il explique ce qu’ils vont faire pour remplacer Judas. Il faut le remplacer par un témoin de la résurrection. Après avoir prié, on va simplement tirer au sort en demandant à Dieu de manifester ainsi sa volonté. C’est Mathias qui est choisi pour être associé aux onze apôtres. Ce passage du livre des Actes des Apôtres nous rappelle que l’Esprit Saint est très présent dans la vie de son Église. Il ne cesse d’éclairer sa route et il continue à agir pour faire de nous des hommes et des femmes de foi, témoins de Jésus.

La première lettre de saint Jean (1 Jn 4,11-16) nous rappelle que pour ce témoignage, il est indispensable d’être en communion d’amour avec Dieu. Il ne peut y avoir de vie chrétienne authentique sans amour. Cet amour nous vient de Dieu et s’enracine dans la foi au Fils de Dieu. Le vrai chrétien, c’est celui qui est fidèle à la foi enseignée depuis le commencement et à la pratique de l’amour fraternel. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous » (1 Jn 4,12). C’est à cela que le monde peut le reconnaître. Et c’est l’Esprit Saint qui nous permet de donner ce témoignage. Personne n’a jamais vu Dieu. Mais la foi nous permet de le reconnaître dans l’amour que nous avons pour les autres.

L’Évangile de saint Jean nous rapporte la grande prière de Jésus au moment de passer de ce monde à son Père. Nous y entendons des paroles fortes : « Garde mes disciples unis dans ton nom ! » (Jn 17,11b). La fidélité est au cœur de cette prière. Elle est demandée comme une grâce car elle est bien fragile. Il ne peut y avoir de véritable amour que dans la durée. La mission des disciples, notre mission à tous, c’est d’être des témoins authentiques de l’amour de Dieu parmi les hommes. S’adressant à son Père, Jésus lui demande de protéger les siens dans cette mission difficile. Ils seront affrontés aux persécutions, à la dérision, à l’indifférence. Mais le Seigneur veille sur nous et rien ne peut nous séparer de son amour (Rm 8,39).

Autre préoccupation de Jésus : « Qu’ils soient un comme nous-mêmes ! » (Jn 17,21).  Être un avec Dieu, c’est répondre à ses désirs pour moi et pour le monde, c’est répondre à cet amour débordant qu’il m’offre. Nous sommes appelés à cette plénitude d’amour. Et c’est absolument essentiel pour que la Bonne Nouvelle porte du fruit. Le message de l’Évangile ne peut être transmis que par des croyants unis par les liens de l’amour. Nous pensons tous aux divisions entre religions catholiques, protestantes, orthodoxes et autres. Mais nous ne devons pas oublier celles qui existent à l’intérieur de nos communautés paroissiales, nos familles, nos villages et nos quartiers. Toutes ces rivalités et ces rancunes sont un contre-témoignage. Comment croire à l’amour de chrétiens qui n’arrêtent pas de se critiquer les uns les autres. Toutes ces paroles méchantes qui détruisent l’autre sont un obstacle à l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Mais n’attendons pas d’être parfaits pour nous tourner vers le Christ. Lui-même nous invite à nous associer à sa prière pour l’unité de ses disciples. Nous connaissons nos fragilités, notre péché. Nous vivons dans un monde qui nous regarde vivre et qui ne pardonne pas les scandales dans l’Église. Alors, plus que jamais, nous nous unissons à la prière du Christ pour l’unité et la fidélité des siens. C’est à travers nos gestes d’amour, de partage et de solidarité que nous serons reconnus comme disciples du Christ. C’est cela qui fait la valeur d’une vie. « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » a écrit saint Jean de la Croix ; c’est-à-dire par des œuvres de miséricorde corporelles : 1) donner à manger à ceux qui ont faim, 2) donner à boire à ceux qui ont soif, 3) vêtir ceux qui sont nus. 4) accueillir les étrangers, 5) visiter les malades, 6) visiter les prisonniers, 7) ensevelir les morts ; ou encore des œuvres spirituelles : 1) instruire les ignorants, 2) conseiller ceux qui sont dans le doute, 3) consoler les affligés, 4) corriger celui qui est dans l’erreur, 5) pardonner les offenses, 6) supporter patiemment les défauts des autres, 7) prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

C’est cet amour du Père que Jésus est venu nous révéler et nous communiquer. Il nous revient de le transmettre autour de nous à tous ceux et celles qui se trouvent sur notre route. Dans ce monde, nous rencontrons la violence, la haine, la rancune, la misère, la faim. En ce dimanche, nous unissons notre prière pour la réconciliation des peuples, la progression de la justice et la résolution des conflits. Que le Seigneur nous donne force et courage pour travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde rempli de l’amour qui est en Dieu. Si personne n’a jamais vu Dieu, en revanche, son amour se donne à voir dans la vie de ses disciples.