B PENTECÔTE JEAN 15, 26-27;16, 12-15 (11)

Pentecost

Chimay : 19.05.2024

Frères et sœurs, en ce 50e jour après Pâques, nous célébrons la fête de la Pentecôte. Nous savons, nous chrétiens, que c’est le don de l’Esprit Saint aux apôtres, puis à toute l’Église, qui est souligné par cette fête. Ils étaient tous là, la Vierge Marie, les apôtres, enfermés dans une pièce appelée Cénacle. « Ils se trouvaient réunis tous ensemble » (Ac 2,1). Soudain, ils entendirent un bruit pareil à celui « d’un violent coup de vent » (Ac 2,2), et ils virent des langues de feu se poser sur chacun d’eux. « Tous furent remplis d’Esprit Saint » (Ac 2,4). C’est la promesse de Jésus qui se réalisait. Jeunes et anciens sont pris dans l’ouragan de l’Esprit Saint. Ils sont propulsés dehors pour témoigner des merveilles de Dieu. « Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » (Ac 2,4).

Dans le Cénacle, où avait eu lieu la dernière Cène, ils attendaient l’Esprit, « cette force d’en haut » que Jésus leur avait promis. Le voici, dix jours après l’Ascension, cinquante jours après Pâques : L’Esprit qui avait habité Jésus tout au long de son ministère et qu’il avait remis sur la Croix : « Père, en tes mains je remets mon Esprit » (Lc 23,46) ; l’Esprit du Père qui avait fécondé Marie pour réaliser en elle le mystère de l’incarnation : « Le Saint Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1,35) ; l’Esprit qui avait guidé Jésus toute sa vie, même au désert face au Tentateur : « Jésus, rempli du Saint Esprit, revint du Jourdain – (où il avait été baptisé) – et fut conduit par l’Esprit Saint au désert » (Lc 4,1) ; cet Esprit vient désormais reposer en chacun des disciples. Un nouveau temps s’ouvre : et la Vierge Marie est témoin de cette naissance de l’Église. Car désormais c’est aux disciples que revient la tâche de rendre le Seigneur présent, visible, agissant dans le monde. À l’Église primitive revient d’incarner maintenant la Parole de Dieu et son annonce. A cette toute petite Église revient désormais la mission de rendre accessible et compréhensible à toute l’humanité le message d’amour du Seigneur. Elle « marche sous la conduite de l’Esprit Saint » (Ga 5,16).

Pour peu que nous ne le sachions, l’Esprit Saint désormais nous fait vivre et nous invite à marcher sous sa conduite (Ga 5,26). Il viendra désormais à notre aide pour parler des merveilles de Dieu. Laissons-nous emplir de cet Esprit : il fécondera la Parole en chacun.

Est-ce à dire que l’Esprit Saint ne veut pas que nous nous installions dans une Église « à air conditionné », une expression favorite du pape François ? Le pape François ne cesse de nous le rappeler : nous avons à témoigner des merveilles de Dieu jusque dans les périphéries. Et lui-même le fait malgré ses handicaps évidents. Cet homme-là, non seulement sait qu’il est conduit par l’Esprit, mais il y croit et agit en conséquence. Ses nombreux déplacements le prouvent. Donc à nous de conclure que l’Esprit Saint qui nous est donné en vue de cette mission est comme un ouragan qui balaie toutes nos peurs.

Pierre en la personne de Jean xxiii a ouvert la fenêtre et il a nous dit : « C’est la Pentecôte ». Avec le concile Vatican ii, il a ouvert la fenêtre de l’Église pour laisser entrer un peu d’air frais. Depuis le Concile Vatican ii, certains sont pris de vertige par une si rapide oxygénation. Rassurons-nous. Faisons confiance à l’Esprit Saint : Il apporte constamment à l’Église de Jésus Christ une bouffée d’air frais. Il y chasse l’odeur de renfermé et de naphtaline dans laquelle nous avons trop tendance à nous installer.

En réponse à ce cadeau merveilleux que fut le concile, nous ne pouvons que rendre grâce au Seigneur. Le psaume 103 nous invite précisément à la louange : « Tu envoies ton souffle… Tu renouvelles la face de la terre… » Nous rendons grâce au Seigneur pour toutes ses réalisations, celles d’autrefois et celles d’aujourd’hui. La Pentecôte c’est la naissance d’une nouvelle création. Cela a commencé par le brassage entre Juifs, Parthes, Mèdes et Elamites…. Tous les entendaient « proclamer dans leur langue les merveilles de Dieu » (Ac 2,11).  Nos assemblées dominicales sont aussi un brassage de gens très divers. Un enfant du catéchisme disait : « Dans ma classe, il y en a qui sont blancs, d’autres noirs ; il y en a un qui vient d’Asie ; d’autres sont arabes. Il y en a qui disent : ‟Ce n’est pas normal, il devrait n’y avoir que des autochtones”. Moi je crois que si Dieu a fait l’arc-en-ciel avec des couleurs différentes, c’est qu’il aime ça ». Actuellement, dans le monde entier, presque tous entendent le message de Dieu dans leur langue. Et cette langue n’est rien d’autre que celle de l’amour qui est en Dieu.

Quand on a reçu l’Esprit Saint, plus rien ne peut être comme avant dans notre vie. Notre Pentecôte à nous, ce fut le jour de notre confirmation. Ce qui nous est demandé depuis, c’est de vivre sous la conduite de l’Esprit Saint et de nous laisser guider par lui. Marcher sous la conduite de l’Esprit Saint, c’est le laisser agir en nous. Il est la seule source spirituelle capable d’arroser notre cœur. L’Esprit Saint est une force qui nous transforme. Elle nous donne « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5,22-23). C’est grâce à lui que nous pouvons nous ouvrir à Dieu.

L’Évangile d’aujourd’hui fait partie du discours de Jésus après la Cène, au soir du Jeudi Saint. Mais il a été écrit après Pâques, et cela change tout. L’Esprit que Jésus promet à ses disciples sera leur défenseur contre le mal. Comme lui, ils auront à souffrir de la persécution. Ils seront conduits devant les tribunaux. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas. Grâce à lui, nous pourrons parler avec assurance devant ceux-là même qui ont fait mourir Jésus sur la croix. Il suffit de relire le livre des Actes des Apôtres pour se rendre compte de la force de ce témoignage.

Comme au temps des apôtres, l’Esprit Saint est toujours agissant dans le monde d’aujourd’hui. Il est le défenseur des chrétiens persécutés. Nous savons qu’ils sont de plus en plus nombreux dans le monde. Nous pensons à tous ceux du Moyen Orient, de l’Afrique, de l’Asie et de nombreux pays. Le Seigneur nous assure de sa présence, tous les jours et jusqu’à la fin du monde. Il ne nous abandonne jamais, même dans les situations les plus désespérées. Rien ne peut l’empêcher de faire en sorte que le témoignage des chrétiens porte du fruit.

Avec la Pentecôte se clôt le temps pascal de la liturgie. Quarante jours de carême, quarante jours de temps pascal jusqu’à l’Ascension, plus dix autres jours jusqu’à la Pentecôte. Et si nous relisions le chemin parcouru pendant ces presque cent jours ? Comment la pédagogie de Jésus Crucifié-Ressuscité nous a-t-elle transformés, façonnés, et rendus capables de porter à notre tour le message de l’Évangile ?