B 22 MARC 07,01-08.14-15.21-23 (11)

Chimay : 01.09.2024

Frères et sœurs, les textes bibliques de ce dimanche nous rappellent ce que Dieu dit aux hommes pour conduire leur vie. La parole qu’il nous adresse est celle d’un Dieu libérateur. C’est ce qui s’est passé pour le peuple des Israélites quand ils étaient esclaves en Égypte : sous la conduite de Moïse, Dieu les a libérés de cette situation dramatique. La Bible nous raconte comment ils ont traversé la Mer Rouge et marché dans le désert pour se rendre en Terre Promise.

Aujourd’hui, nous découvrons que Dieu a voulu leur faire franchir une étape supérieure : en leur donnant sa loi, il leur a offert un passeport pour la liberté (Dt 4,1-8). En effet, seuls les peuples libres ont une loi. Les autres sont soumis à l’arbitraire, à la dictature et à la violence ; cela, nous le voyons tous les jours dans les pays où le leader est si puissant que le peuple, dans la peur, souffre en silence. Je ne nommerai qu’un seul pays qui, heureusement est loin de nous, mais qui vit dans la terreur : le Nicaragua où les droits humains sont réduits à rien.

Nous vivons dans un monde qui souffre à cause de ces violences et de ces injustices. Mais l’auteur du livre du Deutéronome (Dt 4,1-8) vient nous dire que Dieu n’a jamais cessé de nous aimer. La Loi que transmet Moïse est la preuve que Dieu est proche de son peuple ; c’est en la mettant en pratique qu’à son tour, il s’approchera de Dieu. « Quand les autres peuples entendront parler de tous ces décrets, ils s’écrieront : ‟Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !” Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? » (Dt 4,6-7).

La loi qu’il donne à son peuple se résume en deux volets : aimer Dieu et aimer tous nos frères.

Le premier volet regarde Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » (Mc 12,30). Ce commandement est une réponse au Dieu créateur qui fait sans cesse le premier pas vers nous. « Je t’aime d’un amour éternel », dit-il à son peuple (Jr 31,3). Il est passionné d’amour pour le monde. En dehors de lui, il n’y a pas de bonheur possible. C’est sur lui que nous sommes invités à construire notre vie. « Lui seul est notre rocher, notre salut » (Ps 61,3). Il ne suffit pas d’accomplir des gestes religieux. L’alliance entre Dieu et les hommes est une histoire d’amour passionné.

Le deuxième volet concerne l’amour du prochain. Il s’agit d’éviter tout ce qui peut faire du mal aux autres. Plus tard, Jésus nous révèlera que Dieu est un Père qui aime chacun de ses enfants. Son amour est pour tous sans exception. Si nous faisons du mal à quelqu’un, c’est contre Dieu que nous péchons. Plus un amour est grand, plus on voit ce qui l’offense. Nous vivons dans un monde qui souffre de la violence, de l’indifférence, du mépris et de toutes sortes de malheurs. Notre mission c’est d’y vivre autrement et d’y porter l’amour. Vous vous souvenez des paroles de la prière attribuée à saint François d’Assise :

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix : Là où il y a de la haine, que je mette l’amour, Là où il y a l’offense, que je mette le pardon, Là où il y a la discorde, que je mette l’union, Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité, Là où il y a le doute, que je mette la foi, Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance, Là où il y a les ténèbres, que je mette ta lumière, Là où il y a la tristesse, que je mette la joie » ?

Dans sa lettre (Jc 1,17-27), saint Jacques s’adresse à des nouveaux baptisés qui vivent en milieu païen et hostile. Il les invite précisément à y vivre autrement. Mettez la Parole de Dieu en application, ne vous contentez pas de l’écouter, nous écrit saint Jacques, ce serait nous faire illusion. Au jour de leur baptême, les nouveaux baptisés sont entrés dans une vie nouvelle. Au centre de cette vie, il y a le Christ. Ses paroles sont celles « de la vie éternelle » (Jn 6,68). Cette bonne nouvelle vient changer notre relation avec Dieu et avec les autres. Si nous voulons vivre en accord avec Dieu, il ne faut pas oublier ceux et celles qui ont la première place dans son cœur : les orphelins, les veuves, les pauvres et tous les exclus de la société.

Dans l’Évangile, nous voyons Jésus en conflit avec un groupe de pharisiens : ces derniers reprochent à ses disciples de prendre leurs repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées rituellement. Il s’agit là d’un manquement à la tradition des anciens. Ces pratiques ne sont pas un mal en elles-mêmes. Le problème c’est que ces pharisiens oublient le plus important : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi » (Mc 7,6). Le plus important n’est pas de se laver les mains mais de se laver le cœur. Dans leurs pratiques, les pharisiens cherchent à être bien vus des hommes. Jésus les invite à être vrais et bien vus de Dieu.

La réponse de Jésus est tranchante : il traite les pharisiens d’hypocrites ! C’est peut-être l’un des adjectifs les plus forts de tout l’Évangile et qui nous renvoie à la scène de la colère de Jésus dans le Temple (Mt 21,12-13). Visiblement certains sujets sont sensibles pour Jésus. Ici, comme dans la scène du Temple, Jésus semble vouloir faire sortir les scribes et les pharisiens de l’erreur dans laquelle ils sont tombés. Et quelle est cette erreur ? Celle de se dessiner un Dieu à leur mesure et de négliger ses commandements pour observer les traditions humaines à la mode. La réaction de Jésus est sévère car l’enjeu est de taille : il s’agit de laisser Dieu être Dieu, de nous apprendre à ne pas enfermer la miséricorde de Dieu dans nos habitudes, la routine, « cela a toujours été comme ça » et de ne pas engourdir notre relation à Dieu par des pratiques uniquement extérieures. Ce qui est premier ce n’est pas l’accomplissement de gestes religieux mais la pratique effective de l’amour. C’est sur notre amour que nous serons jugés.

Jésus ajoute que ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme : « C’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses, inconduites, débauches, adultères, cupidité, méchanceté, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout cela rend l’homme impur » (Mc 7,21-23). Nous sommes invités à recevoir cet Évangile comme un appel à nous convertir et à nous nourrir chaque jour de la Parole de Dieu. Pour Jésus, le mal a sa racine dans notre cœur ; c’est ce cœur qu’il faut changer. Jésus nous le dit, c’est du dedans, de l’intérieur de l’homme, que viennent les choses impures. C’est dans le cœur de l’homme que naissent les péchés.

Saint François de Sales insistera pour qu’on ne réforme pas l’humain uniquement de l’extérieur. « Il faut commencer par l’intérieur ». La liste de malices rapportées par saint Marc n’est pas une pièce de musée. Elle interroge notre aujourd’hui. C’est un appel à la conversion. Pour un chrétien, la conversion est d’abord un changement au-dedans de lui. Tout véritable changement dans notre vie commence par un changement à l’intérieur de nous-mêmes, une conversion de notre cœur. Le Seigneur est toujours là pour nous apprendre à mettre de plus en plus d’amour dans notre vie.

En ce jour, nous demandons au Seigneur, par l’intercession de la Sainte Vierge, de nous donner un cœur pur, libre de toute hypocrisie. Ainsi nous pourrons vivre selon l’esprit de la loi et atteindre son but qui est l’amour.