C AVENT 01 LUC 21,25-28.34-36 (18)
Chimay : 01.12.2024
Frères et sœurs, en ce jour, premier dimanche de l’Avent, nous commençons notre préparation à la fête de Noël, la célébration de la naissance de Jésus, la venue au monde de notre Sauveur. Pourquoi donc commençons-nous cette période liturgique avec ce passage de l’Évangile de Luc, qui nous parle de la fin des temps ? Quel est le lien avec la fête de Noël ? Dans l’Église, les fêtes liturgiques ne sont pas de simples commémorations d’événements du passé. Il ne s’agit pas seulement de se rappeler. Il s’agit aussi de se rendre compte de la portée que ces événements, en l’occurrence la naissance de Jésus, ont dans notre propre vie.
Et de fait, on distingue trois « venues » de Jésus. La première est celle que nous célébrerons le 25 décembre, sa naissance à Bethléem dans la chair. La deuxième est le retour de Jésus dans la gloire, auquel ce passage de saint Luc fait référence, et la troisième est la venue de Jésus dans le cœur de chaque homme, tout au long de sa vie sur la terre. Ces trois « venues » sont liées les unes aux autres. Si Jésus reviendra dans la gloire, c’est parce qu’il est déjà venu dans l’humilité de la crèche. Il veut aussi venir chaque jour dans notre cœur, pour que nous soyons mieux préparés à le rencontrer lors de son dernier retour.
La contemplation de Jésus dans la crèche, dans la pauvreté, l’humilité et la simplicité, doit donc nous aider à mieux l’accueillir dans notre vie de tous les jours. Pour accueillir Jésus dans sa vie, il n’y a rien de mieux que de regarder Marie, Joseph, les bergers, les rois mages, et d’imiter leur attitude de silence, de simplicité, de pauvreté, de générosité. D’ailleurs, quelle meilleure manière de se préparer au retour de Jésus dans la gloire que de le rencontrer déjà tous les jours dans notre âme, dans l’intimité de notre cœur ?
Le royaume de Dieu est proche. L’Évangile de ce dimanche, avec lequel nous ouvrons la nouvelle année liturgique, nous annonce le triomphe définitif du Christ. Jésus nous décrit sa seconde venue : une catastrophe telle se produira dans le monde, dans le ciel, sur la terre et dans la mer que les hommes mourront d’effroi et de terreur. Mais Jésus nous rassure : cela est pour les ennemis de la Vérité. Nous, quand nous verrons arriver ces choses, nous saurons que notre salut est proche.
Les premiers versets de l’Évangile que nous avons lus ne doivent pas nous effrayer. Saint Luc les a rédigés dans un style littéraire très particulier qu’on appelle apocalyptique. Le cosmos entier est comme ébranlé par le plus grand des événements qui puisse se produire et qui a changé la destinée de l’humanité : l’Incarnation, la mort et la Résurrection du Fils de Dieu ! Oui, « les puissances des cieux seront ébranlées » (Lc 21,26), car jamais il ne s’est produit quelque chose de semblable. Saint Luc imaginait-il que l’événement Jésus-Christ influencerait le monde entier, au point d’être le point zéro à partir duquel nous calculons le temps ?
Jésus invitait déjà ses disciples à relever la tête, car la Rédemption est proche. Le temps de l’Avent est un temps de préparation ou d’attente. Notre salut vient. Il ne cesse d’ailleurs de venir. Tant que nous sommes sur terre, rien n’est terminé. Le combat n’est pas encore fini. C’est pourquoi Jésus nous invite à nous tenir sur nos gardes. Il nous faut veiller pour être prêts et pour l’accueillir. Rester spirituellement éveillés. Le temps de l’Avent est un temps favorable pour donner un peu plus de temps et d’attention à Dieu
« Veillez et priez » (Lc 21,36). C’est la seule recommandation que Jésus nous fait aujourd’hui. Recommandation tant de fois répétée dans l’Évangile. Saint Paul ajoute : « Qu’il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints » (1Th 3,13). « Il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard » (Ep 1,4). Soyons donc saints et irréprochables devant Dieu notre Père, et nous serons disposés à recevoir le Seigneur Jésus-Christ quand il viendra avec tous ses anges et ses saints. Notre rencontre avec le Seigneur peut survenir n’importe où, à n’importe quel moment et de la manière la plus inattendue. L’important est que, au moment de cette rencontre définitive, nous puissions dire : « Me voici, Seigneur ! Je t’attendais... »
Le cœur qui aime ne se fatigue jamais d’attendre. La prière que nous élevons vers Dieu doit venir du cœur, un cœur qui aime avec passion et constance, avec générosité et la volonté d’accepter n’importe quel sacrifice, un cœur qui aime à demeurer en présence du Christ que nous aimons. L’Avent est un temps d’attente et de préparation. La vigilance et la prière sont les meilleurs moyens de nous préparer, dans la joie et la sérénité, pour accueillir Jésus.
Dans l’attente de ce jour, le Seigneur nous invite à nous redresser, à relever la tête, à nous tenir sur nos gardes, à rester éveillés, à prier en tout temps pour que nos cœurs ne s’alourdissent pas et ainsi pouvoir tenir debout devant le Fils de l’homme. Les préfaces de l’Avent nous invitent aux mêmes attitudes spirituelles : attendre en veillant dans la foi (Préface I), vigilants dans la prière et remplis d’allégresse. Toutes ces attitudes découlent de l’espérance chrétienne qui nous donne en germe le terme de notre attente et nous assure que le Seigneur nous accompagne dans ce temps de l’Église. En attendant le retour glorieux du Christ continuons à prier avec intensité : « Que ton Règne vienne ! » Dans ma vie et dans la vie du monde et œuvrons pour que Jésus soit le roi de tous les cœurs.
Combien de fois est-il arrivé, dans l’histoire, des désastres tels que partout l’on s’affolait, désemparés par le fracas de la nature en furie ou par celui des armes qui détruisent et tuent... Encore aujourd’hui, bien sûr, l’idée des bombardements ou des tremblements de terre nous fait trembler de terreur. Lorsque la catastrophe s’abat sur un pays, sur une famille, notre réaction est la crainte et le désarroi. La parole de Dieu, pourtant, semble se dresser sur les lieux de toutes nos peurs et, avec une autorité désarçonnante, nous commande, précisément à ce moment-là, de redresser la tête, et de nous relever.
En raison de quoi redresserions-nous la tête ? En raison de quoi nous relèverions-nous lorsque tout menace de s’effondrer ? À cause de la foi seule en la promesse qui nous a été faite : le Christ ressuscité, vainqueur du mal, est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20), et il vient pour accomplir sa promesse de bonheur et de salut. Lui obéirons-nous ? Essaierons-nous, lorsque la tempête fait rage, de jeter l’ancre de notre espérance vers le Dieu fidèle ? Demandons cette grâce à la Mère des croyants, debout au pied de la Croix : afin de croire jusque dans l’échec et le chaos que la rédemption va se lever, qu’elle se lève déjà. « Viens, Seigneur Jésus, fais-nous voir ton amour et donne-nous ton salut » (Ps 84,8).