Deuxième dimanche de Pâques – année B
Scourmont 7 avril 2024
Ac 4, 32-35 – Ps 117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24 –
1 Jn 5, 1-6 – Jn 20, 19-31
Dieu se révèle dans son Fils, Jésus ressuscité
L’Évangile nous révèle la nature de Jésus, une nature qui est double : une nature humaine, qui est bien connue de tous ceux qui l’ont écoutée, suivie, et une nature divine, que des yeux humains ne peuvent percevoir avec leurs simples sens.
Par les apparitions après sa résurrection, Jésus fait reconnaître sa nature divine à des disciples, même à Thomas dans une seconde apparition, qui le reconnaît comme « Mon Seigneur et mon Dieu ». Mais pour avoir une compréhension plus poussée des personnes de la Trinité, relisons avec attention la deuxième lettre entendue, le passage de la première lettre de saint Jean. Le Père est la première personne de la très sainte Trinité, car c’est lui qui engendre son Fils. Le Père est père pour l’unique raison qu’il a un fils, et de même le fils n’existe que parce qu’il a un père. Si leurs relations étaient différentes, ils n’auraient pas ces noms-là. Celui qui aime le Père aime le Fils, nous dit l’apôtre : « Celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. » Cela est simple, mais, en tant que chrétiens, nous pouvons et devons en vivre. Si Jésus nous a enseigné le « Notre Père », c’est qu’il parlait lui-même à son Père en tant que Fils : Dieu son Père est aussi notre Père. Alors, si nous nous associons à Jésus, nous devenons, avec Lui et en Lui, fils du même Père. Avec lui, nous pouvons dire alors en vérité « Notre Père ». Cela devrait nous marquer chaque fois que nous disons cette prière. Dieu est vraiment notre Père
Il s’agit pour nous de l’aimer comme notre Père ; d’aimer Jésus son Fils et notre frère. C’est là le point de départ de notre vie chrétienne. L’amour pour Dieu nous engendre en tant que ses fils, en tant que chrétiens. Si nous aimons vraiment le Père, que nous ne connaissons que par le Fils, si nous mettons toute notre foi en lui, alors nous aimerons aussi ses enfants, ceux qui existent en lui, comme nous, et qui sont donc nos frères. Nous ne sommes pas d’abord portés par leur personnalité – leurs qualités ou leurs défauts – mais par leur statut de fils. Ils sont nos frères car nous avons le même père. Nous devrions méditer cette réalité de manière plus intense. La difficulté vient de ce que cette connaissance ne nous vient que par la foi et la relation spirituelle avec notre Père.
En quoi consiste aimer Dieu ? C’est « garder ses commandements », dit saint Jean. La formulation de l’évangéliste est simple dans son expression, mais plus complexe quand il faut la mettre en œuvre. Garder ses commandements suppose de les connaître et de les mettre en pratique en y voyant le seul moyen de montrer notre amour pour Dieu et pour nos frères et nos sœurs. Notre vie chrétienne est immense et nous implique en toutes nos activités de chaque jour. Nous trouvons la liste des commandements dès l’Ancien Testament ; ils n’ont pas été abolis dans le Nouveau, et ils ont été précisés et complétés durant toute la vie de l’Église. Ce n’est pas le lieu d’en donner une liste, car nous les connaissons. Mais il s’agit de leur donner toute leur portée dans notre vie. Et pour nous, moines, qui nous s’appuyons sur la vie bénédictine, nous en avons un bel exemple dans le chapitre quatre de la Règle, qui commence ainsi : « En premier lieu, aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces ; ensuite aimer son prochain comme soi-même. » Notre Père saint Benoît développe ensuite une liste de points d’application que nous devons mettre en œuvre ; il nous résume ainsi toute l’identité de l’Église.
Nous souhaitons tous remporter la victoire sur le monde, et pour cela, il n’y a qu’un seul moyen : c’est notre foi, qui est mise en œuvre dans notre existence, selon l’exemple de Jésus. Lui-même était parfait en tout durant toute sa vie. En tout, il était vraiment Fils de Dieu. Sa foi était parfaite : il a tout reçu de son Père. C’est en Lui que nous croyons, nous les êtres humains, et non pas d’abord dans nos capacités humaines, qui ne sont qu’une conséquence de notre foi. Il peut arriver que nous comptions d’abord sur nous-mêmes, sur nos capacités personnelles, et même sur nos proches ; nous voulons alors mettre ainsi tout en œuvre quoiqu’il en coûte. Or, il ne nous appartient pas de tout gagner en cette vie ; ce ne peut être qu’un don de Dieu. Jésus n’est pas venu seulement avec l’eau de son baptême, qui a officialisé sa relation avec son Père, mais avec l’eau et le sang, ce sang qui, en étant répandu, l’a comme tiré de la vie sur terre, pour que, aussitôt, par sa résurrection, il soit transformé en être humain glorieux.
Nous pourrions nous poser des questions sur toute cette foi chrétienne, mais nous sommes mis sur le chemin de la vérité par l’Esprit du Christ : « Celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité », dit saint Jean. L’Esprit est celui qui nous introduit en Jésus le Fils du Père. Tout cela est bien mystérieux, mais nous devons y croire, pour être sûrs d’atteindre Jésus et de devenir avec lui fils du même Père et frères de tous les êtres humains. L’apôtre Thomas, dans l’évangile, a été comblé par le don de Jésus qui lui donne d’affirmer sa foi en proclamant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Thomas sera appelé à suivre le Seigneur jusqu’au martyre, mais il ne reniera jamais sa foi.
Et nous-mêmes, nous recevons le même appel transmis par Jésus à son apôtre : « Cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas a vu Jésus. C’est pour l’ensemble des chrétiens que nous sommes que Jésus affirme : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Même si nous ne voyons pas tout ce que Jésus nous présente, il nous déclare heureux, à condition bien sûr que nous gardions la foi, et que nous agissions en conséquence. Nous ne sommes pas libres de faire tout ce que nous voudrions, mais seulement ce que Jésus nous inspire, et qui finira par nous conduire, nous aussi, à la vraie vie, au vrai Dieu, par le chemin de la Croix.