HOMÉLIE POUR LE 20e DIMANCHE ORDINAIRE - B
Scourmont, le 18 août 2024
Pr 9, 1-6 : Ps 33, 2-3.10-15
Ep 5, 15-20 - Jn 6, 51-58
Demeurer en Dieu
1. Dieu
« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » Toute notre religion chrétienne prend son départ du Père, de Dieu le Père. Beaucoup de religions dans l’univers sont marquées par Dieu. Beaucoup d’humains ont foi en un seul Dieu, même s’ils lui donnent un nom particulier, qu’ils soient chrétiens ou non chrétiens. Pensons aux croyants non chrétiens qui nous sont les plus proches : les juifs, les musulmans, mais il en existe beaucoup d’autres dont la foi est encore plus éloignée de la nôtre. Ils croient en celui qui est, d’une certaine façon, un seul Dieu, et ils trouvent dans cette orientation de vie un support pour leur existence tout entière. Notre foi chrétienne, elle aussi, est marquée par l’existence de Dieu, un seul Dieu que nous croyons être vivant, même si notre lien avec lui n’est pas palpable physiquement.
2. Le Père et le Fils
Nous chrétiens, nous connaissons le Dieu avec qui nous sommes en relation de manière plus précise que les non-chrétiens. Nous l’appelons : Dieu le Père. C’est la Bible qui nous apprend cela. Et puis, nous croyons que pour l’existence d’un Père, d’un Dieu qui porte le nom de Père, il doit y avoir un Fils, sinon il ne serait pas Père. Notre foi chrétienne nous oriente donc vers un Dieu unique en plusieurs personnes : le Père, le Fils et l’Esprit. Nous le savons, nous le croyons, mais nous ne pourrons jamais l’intégrer complètement dans notre existence. Et pourtant c’est grâce à cette réalité que nous réalisons notre unité personnelle avec Dieu. Car, le but de notre foi est de nous unir à Dieu. Il ne nous est pas offert seulement de le connaître, ou de vivre une certaine proximité avec lui ; il s’agit de réaliser une union réelle avec lui.
3. S’unir à Dieu par le Fils
Pour beaucoup de personnes, l’union avec Dieu est marginale et comme secondaire dans l’existence. Avoir la foi, ce serait seulement être relié à Dieu comme on est uni à une personne humaine, ou même, de manière plus légère encore, comme deux personnes qui connaissent seulement leur existence. Pour les chrétiens, pour nous, au contraire, cette union à Dieu est essentielle pour notre destinée humaine.
Tous les sacrements que nous vivons sont célébrés en union avec la très sainte Trinité. Pour un chrétien, tout commence par son baptême, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et cette réalité est marquée encore plus dans le sacrement de l’Eucharistie, comme le rappelle l’évangile de ce jour. « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain [l’Eucharistie], il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Communier, c’est recevoir le Corps du Christ, lui qui est la seconde personne de la Trinité. Nous sommes alors unis à Dieu, puisque le Corps de Jésus vient s’unir à notre corps, et nous devenons ainsi, par grâce, l’être que nous recevons. « Celui qui me mange vivra par moi », dit l’évangile. Nous sommes invités à méditer ce mystère, et à le mettre en œuvre quand nous participons à une célébration eucharistique. Et Jésus ajoute : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. » Il ne s’agit pas de la vie biologique, mais de la vie spirituelle, de la vie divine. Si on vit dans de telles conditions, alors on est pleinement chrétien.
Et ce lien avec Jésus nous unit à la vie du Père. « De même que […] moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » Notre participation à la vie divine passe par notre participation à la vie de Jésus. Comme le font les autres sacrements, qui nous unissent tous à Jésus, et par cette union à Jésus, à toute la vie de la Trinité, ainsi c’est ce qui se réalise pour l’Eucharistie. Participer à l’Eucharistie, c’est entrer dans la vie de Jésus, dans la vie du Fils dans la Trinité, entrer en relation avec le Père en tant que fils, fils adoptif, mais fils réel. Nous avons à méditer cette réalité en toute communion eucharistique que nous vivons. Nous sommes invités à la vivre plus intensément dans les quelques minutes de silence qui suivent toute réception de ce sacrement.
4. L’Esprit et l’Église
Nous avons parlé du Père et du Fils, mais très peu de l’Esprit Saint. Cela ne veut pas dire qu’il est absent. Au contraire, c’est lui qui est à l’œuvre en nous pour nous donner de vivre tout ce dont nous avons médité et de méditer ce que nous vivons. Dans notre vie chrétienne, tout ce que nous faisons de bien, tout ce que nous méditons du Seigneur, c’est l’Esprit qui nous donne de le réaliser. Comment méditer sur la Trinité sans l’Esprit ? Comment réfléchir sur les sacrements si ce n’est par l’Esprit qui les fait se réaliser en nous ? Nous le savons, tout ce qu’il y a de bien en nous, c’est l’Esprit qui le réalise.
Et c’est par l’Esprit que nous avons la vie. « Celui qui mange ce pain vivra éternellement. » Participer à la vie de Jésus par son Esprit, c’est entrer dans la vie du Père. Les difficultés dans notre vie ne manquent pas, mais nous avons l’essentiel : la vie en Dieu.