24ième dimanche du Temps ordinaire C
Frères et Sœurs,
C’est pour souligner l’explosion d’une joie communicative,
qui jaillit lorsqu’on a retrouvé ce qui était perdu,
que cet évangile nous rapporte trois paraboles
structurées de la même façon :
- un berger qui perd sa 100ième brebis et qui la retrouve.
-la joie d’une femme qui retrouve une pièce d’argent,
le dixième de son avoir.
-quant à la troisième parabole
celle d’un père qui avait deux fils,
elle est vouée à un destin exceptionnel.
Cette perle parmi les paraboles
est non seulement un joyau de la littérature universelle
ELLE EST BIEN DAVANTAGE LE CŒUR DE L’EVANGILE.
On l’a connaît cette parabole
et pourtant on ne se fatigue pas de la réentendre,
peut-être parce qu’elle met en évidence quelque chose d’essentiel dans les relations humaines,
à fortiori dans les relations familiales.
Et par-delà,
cette histoire nous raconte comment Dieu se comporte envers les pécheurs et les publicains
mais aussi tout ce monde paganisé représentés ici par LE FILS CADET, le dernier venu.
Monde paganisé !
Oui car il ne croit qu’aux valeurs …qui passeront,
Cette parabole nous le montre de façon dramatique.
Quant aux pharisiens et aux scribes,
les premiers venus dans le choix de Dieu,
ils sont représentés par LE FILS AÎNÉ.
Les pharisiens et les scribes murmuraient contre Jésus :
« CET HOMME FAIT BON ACCUEIL AUX PÉCHEURS
ET IL MANGE AVEC EUX ».
Le murmure :
ce moyen par lequel se prépare le terrain de la médisance,
le terrain de la méchanceté
et de la haine.
C’est là l’impasse dans laquelle vont se fourvoyer les scribes et les pharisiens :
« ILS ONT DES OREILLES MAIS N’ENTENDENT PAS ».
dira Jésus.
Quant aux pécheurs et aux publicains…..
« ILS VENAIENT TOUS À JÉSUS POUR L’ÉCOUTER ».
Et le livre des Actes des Apôtres
qui est la suite de l’évangile selon S.Luc –
que nous entendons tous les dimanches de cette année,
le livre des Actes des Apôtres
se termine de façon solennelle par ces mots
« SACHEZ-LE DONC :
C’EST AUX PAÏENS
QU’A ÉTÉ ENVOYÉ CE SALUT DE DIEU ;
EUX ILS ECOUTERONT. »
La parabole qui nous occupe aujourd’hui
met en présence UN PÈRE et ses DEUX FILS.
La présentation du CADET
reflète bien la mentalité qui à cours en notre temps :
avoir tout…..tout de suite !
« PÈRE…
DONNE-MOI LA PART D’HÉRITAGE QUI ME REVIENT. »
nous connaissons la suite :
LOIN DU PÈRE,
AUPRÈS DE QUI IL FAIT BON VIVRE…..
le cadet s’est fourvoyé
« DANS LES RÉGIONS DE LA DISSIMILITUDE »,
c’est juste le contraire de la SIMILITUDE..
tout comme la DISSEMBLANCE
est l’opposé de la RESSEMBLANCE.
Ces expressions sont chères à S. Bernard.
Loin du père,
Ce fils, assoiffé de liberté…
veut prendre sa vie à pleine mains….
être assoiffé de liberté…
prendre sa vie à pleine mains…
l’intention est excellente ;
ce qui ne l’est pas ce sont les conditions dans lesquelles
ce fils cadet veut réaliser sa liberté.
En effet,
ce fils est tendrement aimé de son père.
La preuve que ce père aime
tout en étant le contraire d’une « mère poule »
ce père ne fera pas obstacle,
il ne va pas empêcher ce fils de partir…avec sa part d’héritage.
Ce père aime tellement son fils
qu’il respecte sa décision de partir…
puisqu’il avait atteint sa majorité.
Quand on aime, en vérité,
on respecte la personne jusque dans ses choix…
à fortiori quand il s’agit de son fils.
Bien sûr ce père qui a l’expérience de la vie,
conseille,
aide son fils à réfléchir sur ses choix
car ce père a l’expérience de la vie
tandis que son fils, lui, n’a pas l’expérience de la vie.
Mais ce fils veut vivre sa vie.
À ce propos en ce qui concerne
La relation parents enfants
écoutons la réflexion de Kahlil Gibran, un poète libanais
dans son livre intitulé : « LE PROPHÈTE ».
KHALIL GIBRAN fait rencontrer certaines gens
selon leurs préoccupations.
Elles interpellent le prophète :
Écoutons Kahlil Gibran :
« ARRIVE UNE FEMME QUI PORTAIT UN ENFANT DANS LES BRAS,
ELLE DIT AU PROPHÈTE :
« PARLEZ-NOUS DES ENFANTS. »
Et il dit :
« VOS ENFANTS NE SONT PAS VOS ENFANTS.
ILS SONT LES FILS ET LES FILLES DU DÉSIR DE VIE.
ILS ARRIVENT À TRAVERS VOUS MAIS NON DE VOUS.
ET QUOIQU’ILS SOIENT AVEC VOUS,
ILS NE VOUS APPARTIENNENT PAS.
VOUS POUVEZ LEUR DONNER VOTRE AMOUR MAIS NON VOS PENSÉES,
CAR ILS ONT LEURS PENSÉES PROPRES. »
…
Le père dans la parabole qui nous retient aujourd’hui
avait conscience,
bien avant le texte de des valeurs de la vie humaine.
Revenons à l’enfant prodigue,
Il veut aller vite et loin…au petit bonheur la chance..
Mais aussi à ses risques et périls.
Le père, parce qu’il aime son fils cadet,
ce père respecte son choix.
Le cœur gros, il regarde partir son fils.
ce fils comme tous les fils aujourd’hui…ils ont pour eux la jeunesse
Et, en plus,
ils ont largement bien des avantages sur leurs parents :
Ils peuvent voyager autrement que ne l’ont fait leur parents.
Ils ont des moyens de formation et d’information
comme jamais dans le passé.
Bref,
les jeunes ont bien des avantages sur leur parents
sauf une chose :
leurs parents ont l’expérience et eux ils ne l’ont pas.
Et bien des jeunes feraient bien
de profiter de l’expérience de leur parents…
eux qui ont l’expérience.
L’enfant prodigue de notre évangile,
il a largué les amarres et ils s’en va vivre sa vie à sa guise.
Certainement, le père conseille son fils
mais le pouvoir de ce père n’est pas absolu sur son fils.
Il aime son cadet et le cœur brisé…regarde son fils partir.
Mais ce père croit en son fils
dont son amour paternel laissera des traces.
En effet ce père croit et espère
que son fils après son incartade reviendra…là où il fait bon vivre.
De son côté,
ce fils se rend vite compte de l’impasse dans laquelle il se fourvoie.
Après avoir tout dépensé,
il a tout perdu jusqu’à sa dignité humaine.
Pour subsister on l’envoie garder les porcs :
suprême injure pour un fils de la nation juive.
Ce jeune homme qui voulait réussir pleinement sa vie,
voilà qu’en cette vie qui est la sienne
s’étiole la qualité de PERSONNE HUMAINE .
Le voilà réduit à n’être qu’un INDIVIDU…
un quidam sans relation,
un numéro aimé de personne ;
un homme replié sur lui-même…
Mais,
il ne faut jamais désespérer de quiconque
eut-il, apparemment, perdu toute trace d’humanité.
Oui ! pense-t-il, à la maison, il faisait bon vivre.
Loin de son père,
ce cadet n’est plus qu’un mort en sursis,
mais, heureusement pour lui,
car, comme on dit,
« À QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON ».
En effet, ce misérable a faim.
Consentant à faire retour sur lui-même,
il rentre en son cœur.
Etant donné la déchéance dans laquelle il est tombé
il se retrouve comme un vase brisé.
Loin du père,
de ce père…. nous en connaissons la qualité suréminente
qui n’est que respect et tendresse.
CE PÈRE EST UNE PARFAITE IMAGE DE DIEU.
En effet, LA PATERNITÉ DE DIEU EST INOUÏE.
Or, LOIN DE SON PÈRE,
LOIN DE LA SOURCE VIVE,
ce jeune n’est plus qu’ UN HOMME BRISÉ.
Il se dit:
« JE VAIS RETOURNER CHEZ MON PÈRE,
ET JE LUI DIRAI :
PÈRE, J’AI PÉCHÉ CONTRE LE CIEL ET CONTRE TOI ».
Réalise-t-il que SON PÉCHÉ c’est, avant tout,
LE REFUS DE SE LAISSER AIMER PAR SON PÈRE.
C’est cet amour paternel qui lui donnait de vivre.
Ne nous étonnons pas si
avec ces retrouvailles du père et du fils,
il ne sera plus directement question du fils cadet dans cette parabole.
Ce fils, il est à la fête et, comme on dit :
« UN PEUPLE HEUREUX N’A PAS D’HISTOIRE… ».
Aussi, tout porte à croire que ce fils prodigue
a définitivement tourné une page de son histoire.
Venons – en au FILS AÎNÉ…apparemment correct
mais c’est en vain que l’on cherche en lui le sens filial.
Et du coup, lui aussi, perd le sens fraternel.
Lorsque la FILIATION est en souffrance,
la FRATERNITÉ en souffre.
En effet, de son frère cadet revenu,
l’aîné ne dit pas à son père :
MON FRÈRE QUE VOILÀ,
Il dit à son père: « TON FILS QUE VOILÀ ! »
Le père qui n’est que miséricorde
corrige cette erreur de langage
qui en dit long sur ce fils aîné
dont le cœur n’est pas le cœur d’un fils,
comment pourrait-il avoir un cœur fraternel.
.Ce fils ainé se comporte tout au plus comme un serviteur
comme si son père n’était pour lui qu’un employeur.
Le père lui répond avec tendresse :
« TOI, MON ENFANT,
TU ES TOUJOURS AVEC MOI
ET TOUT CE QUI EST À MOI EST À TOI.
IL FALLAIT BIEN FESTOYER ET SE RÉJOUIR ;
CAR TON FRÈRE QUE VOILÀ ÉTAIT MORT,
ET IL EST REVENU À LA VIE ;
IL ÉTAIT PERDU, ET IL EST RETROUVÉ ! »
FRÈRES ET SŒURS,
Personne, aussi enlisée,
aussi embourbée soit-elle
personne ne peut dire : je suis descendu trop bas ;
Dieu ne peut rien pour moi.
On ne peut pas démériter de Dieu
parce que l’amour de Dieu est au-delà de tout,
l’amour de Dieu ne dépend pas de nous.
Dans le psaume 102 que nous chantons à l’office
on trouve ces paroles :
« LE SEIGNEUR EST TENDRESSE ET PITIÉ,
LENT À LA COLÈRE ET PLEIN D’AMOUR ;
…
IL N’AGIT PAS ENVERS NOUS SELON NOS FAUTES,
IL NE NOUS REND PAS SELON NOS OFFENSES. »
Et Jésus, dans l’évangile que nous venons d’entendre dira:
« C’EST AINSI, JE VOUS LE DIS
QU’IL Y AURA DE LA JOIE DANS LE CIEL
POUR UN SEUL PÉCHEUR QUI SE CONVERTIT,
PLUS QUE POUR QUATRE-VINGT DIX-NEUF JUSTES
QUI N’ONT PAS BESOIN DE CONVERSION. »
C’est la folie de Dieu,
Folie, ô combien, plus sage que la sagesse des hommes.