30ième dimanche A
Frères et Sœurs,
C’est après la dernière entrée de Jésus à Jérusalem
et donc peu de temps avant son arrestation
que se situe le passage d’évangile selon S. Matthieu
que nous venons d’entendre.
Lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem la foule criait :
« béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »
C’était là reconnaître en Jésus le Messie.
Jésus sait que son accomplissement est proche.
Sa condamnation et sa mort
sera l’œuvre des pharisiens
qui pour le moment se sentent menacés de perdre tout le crédit qu’ils ont sur le peuple qui crie de tout son cœur :
« hosanna au Fils de David. »
Les pharisiens, venons-en !
ils vont poser une question essentielle à Jésus,
question tellement essentielle
qu’ils sont sur le point de coincer Jésus.
« apprenant que Jésus
avait fermé la bouche aux sadducéens
à propos de la résurrection des morts,
les pharisiens, et l’un d’eux,
un docteur de la Loi,
posa à Jésus une question pour le mettre à l’épreuve. »
Cette question,
les pharisiens en attendent immanquablement la réponse
qui pour eux ne fait aucun doute.
Ils escomptent bien, une fois pour toute coincer Jésus.
Voyons la question :
«maître, dit le pharisien, docteur de la Loi,
dans la Loi
quel est le grand commandement ? »
Jésus ne pouvait rêver mieux comme question de la part des pharisiens.
c’est à croire que l’Esprit saint qui souffle où il veut
inspira les pharisiens pour poser cette question
qui va permettre à Jésus de résumer
sa mission en ce qui concerne l’attitude des humains
en réponse à la révélation que Jésus fait de son Père
Cependant,de leur côté,
les pharisiens sirotent déjà leur victoire
car, pensent-ils, Jésus va certainement répondre :
« le grand commandement
c’est l’observance du sabbat. »
or,
les pharisiens auront beau jeu de répliquer à Jésus :
« pourquoi violez-vous tant de fois l’observance du sabbat?»
Pour les pharisiens, Jésus est dans l’impasse.
Bien sûr, pour les juifs,
le sabbat c’est le souvenir de la libération d’Egypte.
mais
l’institution du sabbat va devenir progressivement
un des traits caractéristiques du judaïsme.
Aussi les pharisiens pour garder la mainmise sur le peuple ont multiplié à outrance les préceptes et les interdits au sujet de l’observance du sabbat qui est une pièce incontournable
parmi les 613 prescriptions que comporte la Loi.
Jésus va fustiger non pas la Loi mais l’observance de la Loi
qui est devenue un véritable carcan pour le peuple.
Au chapitre 23 qui suit celui que nous venons d’entendre
Jésus dira en parlant des pharisiens :
« ils lient de pesants fardeaux
et les mettent sur les épaules des hommes,
alors qu’eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt… »
Que de fois Jésus s’est montré le maître du Sabbat
manifestant par là que ce qu’il veut
c’est l’homme libre à l’égard des innombrables prescriptions et interdits très discutables qui finissent
par paralyser l’homme au lieu de favoriser son développement.
Bref,
« maître,
dans la loi quel est le grand commandement ? »
Pour Jésus, quelle aubaine.
Sans hésiter il répond en citant justement un passage tiré de la Loi de Moïse.
C’est une citation du Deutéronome, 6,5 :
« tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit. »
« Voilà dit Jésus :
le grand, le premier commandement. »
Et Jésus ajoute aussitôt
en prenant cette fois un autre passage de la Loi de Moïse : le lévitique,19,18 :
« et voici le second commAndement qui lui est semblable :
« tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Autour de Jésus, le silence est impressionnant.
Jésus en profite pour asséner
dans tous les sens de l’expression :
le coup de grâce.
car c’est bien une grâce insigne que Jésus veut révéler :
« tout ce qu’il y a dans l’écriture
– dans la loi et les prophètes-
dépend de ces deux commandements. »
C’est dans un autre sens un véritable coup de grâce
dont Jésus les assomme.
Par ces deux commandements,
Jésus affirme que la volonté de Dieu
est la primauté de l’amour
auquel tous les autres commandements sont subordonnés.
Car si Jésus n’aime pas l’hypocrisie des pharisiens,
par contre il aime l’homme quel qu’il soit, fut-il pharisien.
Nous savons que Jésus aime le pharisien Nicodème
venant de nuit interroger Jésus
qui fait à ce pharisien de grande révélation,
mais par-dessus tout Jésus aime le pharisien Saul
qui persécute l’Eglise.
Dieu n’aime pas le péché de l’homme
Mais il aime l’homme pécheur.
Nous connaissons bien l’épisode sur le chemin de Damas :
« saul, saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
« qui es tu seigneur ? » répond le persécuteur de l’église
Jésus répondra : « Je suis jésus que tu persécutes. »
Nous connaissons la suite :
Jésus fera du pharisien Saul le grand saint Paul
qui sera le champion de l’évangélisation du monde entier.
Si nous sommes chrétiens,
c’est grâce à ce pharisien converti que nous le devons
car c’est lui que Jésus envoie aux nations .
Oui ! c’est la grâce que Jésus fait
même aux pharisiens qu’il aime tout en démasquant leur péché.
Après avoir cité deux passages de la loi de Moïse,
Jésus dira :
tout ce qu’il y a
dans la loi et les prophète
dépend de ces deux commandements. »
Jésus nous révèle que
Son Père et Notre Père
nous aime d’un amour dont la mesure est sans mesure.
Jésus nous révèle aussi que
notre attitude à l’égard de cet amour de Dieu
se résume en deux mots:
« tu aimeras… »
Frères et Sœurs,
Le commandement que Jésus met en évidence est un commandement double qui n’en font qu’un:
aimer Dieu et aimer son prochain
sont comme les deux faces inséparables d’une même pièce de monnaie.
L’amour de Dieu et l’amour du prochain
ne vont jamais l’un sans l’autre.
On comprend la question de l’homme de loi
que rapporte S. Luc dans le passage parallèle à celui que nous venons d’entendre posant alors à Jésus cette question :
« qui est mon prochain ? »
Jésus lui répond par une parabole :
« la parabole du bon samaritain. »
Le Samaritain, c’est le mal aimé des juifs ;
Pire, c’est un ennemi des juifs fidèles à la Loi de Moïse.
Écoutons la réponse de Jésus aux Pharisiens sur la question :
« qui est mon prochain ? »
Mon prochain, c’est celui dont je me fais proche ;
C’est celui qui me permet d’être humain
Car sans l’autre je ne suis qu’un individu
qui se replie si facilement sur lui-même.
Grâce à l’autre,
grâce aux autres, chacun acquière cette dignité d’être
une personne,
un être de de relation et non plus un simple individu.
Voir en l’autre, en tout autre..
au-delà de son péché un frère en humanité
mais plus encore,
en tant que je suis chrétien : voir en l’autre un membre du corps du Christ déjà réalisé ou… en devenir.
Laissons à s. Paul, ce grand pécheur
qui est devenu un géant dans l’histoire de la sainteté…
qui dit ce qu’il est devenu
et que nous sommes appelé à devenir :
« ce n’est plus moi qui vit,
c’est le Christ QUI VIT EN MOI. »