« 3ème dimanche de Carême B
Frères et Sœurs,
Comme elles sont fortes ces paroles de Jésus :
« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Le temple de Jérusalem est la fierté du peuple élu.
Et Jésus regarde.
Il constate l’activité mercantile qui s’y déploie.
Il est vrai qu’en matière commerciale,
Les juifs n’ont de leçon à recevoir de personne…
peu ou prou, qu’importe !
Si le marché est tout indiqué sur la place publique,
Il ne convient pas
qu’il envahisse l’espace sacré du temple.
« Ne faites pas de la maison de mon Père
Une maison de trafic. »
Aussi,
joignant le geste à la parole…
« enlevez cela d’ici
-crie Jésus aux marchands et aux changeurs –
en les chassant énergiquement du Temple. »
Ces gens qui ont entendu Jésus parler de
« la maison de son Père » lui disent :
« Quels signes peux-tu donner
pour justifier ce que tu fais là ? »
quel signe (dans l’évangile selon S. Jean)
ce qui veut dire : « quel miracle peux-tu nous faire ?
et Jésus, selon S. Jean, projette ce signe :
« détruisez ce temple – leur dit-il-
et en trois jours je le relèverai. »
Ils comprendront peut-être plus tard…
comme ce fut le cas pour les disciples :
« aussi
– nous dit l’évangile d’aujourd’hui en parlant de Jésus-
« Quand il ressuscita d’entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ;
ils crurent aux prophéties de l’Ecriture
et à la parole que Jésus avait dite. »
Pour l’heure,
les juifs sont bornés au Temple de la Jérusalem terrestre.
Quant à Jésus,
il se situe spirituellement dans la Jérusalem céleste.
Le même S. Jean écrira dans l’Apocalypse (21.22 »
« De temple, je n’en vit point dans la cité ;
c’est que le Seigneur, le Dieu, maître de tout,
est son Temple ainsi que l’Agneau. »
D’où la précision qu’apporte saint Jean :
« mais le temple dont il parlait, c’était son corps. »
L’humanité de Jésus est le lieu de la présence
et de la manifestation de Dieu parmi les hommes.
C’est lui, le temple nouveau…
et le culte en esprit et en vérité à l’égard de son Père
se célèbrera désormais en lui…
car « personne »-dira Jésus–
« ne va au père sans passer par moi.»
Dans l’hymne qui précède le repas de midi, nous chantons :
« le fils bien-aimé, l’Agneau sans péché
prend nos chemins,
saurons-nous suivre le sien ? »
Jésus est le chemin unique,
incontournable mais nécessaire
pour aller au Père ;
ce qui revient à dire :
pour que la personne humaine
atteigne la finalité ultime de sa personnalité.
Autrement dit : l’éternité.
Récemment,
j’écoutais l’interview d’un philosophe de haut vol
qui, un moment donné disait :
« je n’ai pas la foi parce que
je ne crois pas à la résurrection des corps humains. »
Ce philosophe confond
ce qui est de l’ordre du temporel
et ce qui est de l’ordre du spirituel.
Ce sont deux univers absolument différents.
Tout ce qui relatif à l’espace et au temps,
ce qui est le cas de notre corps,
est voué à retourner en poussière.
« tu es poussière et tu retourneras en poussière.»
(Genèse 3,19)
La TOB met en note :
« L’homme tiré du sol est soumis à la mort comme toute créature terrestre,… »
Ce qui ne passera pas, c’est l’âme humaine.
L’âme humaine est une créature purement spirituelle,
cette âme n’est pas vouée à la mort.
Cette âme est en nous ;
c’est le tréfonds de notre de notre cœur qui est, lui, spirituel.
C’est là, dans notre âme, que Dieu veut vivre en rayonnant tout notre corps et rayonnant par notre corps.
Dans une très belle prière, le cardinal Mercier le dit :
« Esprit saint, âme de mon âme… »
Lorsque Jésus dit :
« personne ne va au Père sans passer par moi. »
Jésus, l’Agneau de Dieu,
Jésus de condition divine et donc,
nécessairement spirituel,
est le chemin incontournable et indispensable
pour aller au Père qui est notre fin spirituelle ultime.
Jésus, vraiment Dieu
a pris sur lui notre condition humaine et donc charnelle,
il s’est fait comme nous…. fait de matière .
« le Fils bien-aimé, l’Agneau sans péché
Prend no chemins,
saurons-nous suivre le sien ? »
Pour revenir à l’interview du philosophe incroyant,
c’est qu’il confond ce qu’il y a de matériel en nous
voué à mourir et donc à disparaître,
et ce qui est spirituel, autrement dit :
« qui ne passera pas. »
l’âme humaine a déjà un ancrage dans l’éternité .
Mais bien sûr,
cher philosophe,
ce qui est périssable , c’est notre corps
qui est poussière et qui retournera en poussière.
Ce qui est impérissable, c’est notre âme ;
qui est, au sens profond du terme,
notre cœur : siège de l’Amour Caritas.
« Ces trois – dit Jésus- ne passeront pas :
la Foi, l’Espérance et la Caritas, qu’est la Charité,
ou si vous voulez : qui est l’Amour…
ne passeront pas
mais la plus grande des trois , c’est la Charité
qui a pour siège, notre cœur ;
c’est là que Dieu veut demeurer.
Pascal l’avait bien compris :
« le cœur a ses raisons
que la raison ne connaît pas. »
mais soyons attentif à ne pas tomber dans un excès de fidéisme.
Autrement dit :
ne négligeons pas la part de la raison.
Car nous sommes des êtres raisonnables.
Et le pape S. Jean-Paul II dans l’encyclique Fides et Ratio
le dit clairement : « la foi et la raison sont les deux ailes pour aller à Dieu. »
Ne négligeons pas notre raison.
Elle nous permet de vérifier nos raisons de croire.
Quand Jésus dit :
« Détruisez ce temple – son corps –
en trois jour je le relèverai ! »
Jésus ne parle pas de réanimation du corps
comme ce fut le cas pour Nicodème,
Jésus parle de résurrection.
La réanimation est de l’ordre humain, corporel,
naturel ;
la résurrection est de l’ordre divin, spirituel, surnaturel.
L’âme, siège de l’amour,
l’âme - du latin anima-
est par définition vouée à animer un corps
mais le corps dont il est question ici
c’est un corps immortel , spirituel, ressuscité
et donc voué à la condition divine.
Cela dépasse notre entendement dans notre condition actuelle :
Un corps spirituel : c’est une contradiction dans les termes.
S. Paul ne peut pas en dire plus :
Cela nous dépasse.
C’est justement parce que cela nous dépasse
que cela ne passera pas.
En le croyant et en l’espérant nous avons déjà prise sur cette condition propre à la résurrection.
« Ce temple dont Jésus parlait c’était son corps
qui ressuscitera.
La résurrection du Christ
que nous allons fêter à Pâques,
gage de notre propre résurrection,
ce corps qui n’a plus rien avec l’espace et le temps
qui est le contexte actuel dans lequel nous vivons.
Quand Jésus parle de relever ce Temple :
autrement dit :«ressusciter le corps humain
qu’il a fait sien en naissant parmi les hommes ;
nous le fêtons à Noël ; c’est l’Emmanuel qui a voulu prendre notre condition mortelle en vivant parmi nous
pour nous conduire à sa condition divine.
C’est de la condition humaine dont nous sommes faits
que Jésus a voulu faire sienne…afin que par lui.. et en lui
nous puissions atteindre la condition divine.
Depuis sa résurrection, la condition humaine qu’il a faîte sienne est éternellement inséparable de sa condition divine.
Ainsi donc, depuis Pâques - c’est extraordinaire-
depuis la résurrection du Christ,
il y a de l’humain en Dieu.
Dorénavant, le Fils de Dieu de condition divine est,
inséparable de sa condition humaine, à la droite du Père.
Or, Jésus dit : « là où je suis ,
vous serez vous aussi.. » à la droite du Père.
Nous serons tous, tous, à la droite du Père.
Comment ?
C’est S. Paul ce grand théologien inspiré qui nous le dit :
« nous sommes les membres du corps ressuscité
du Fils de Dieu.
Il n’est plus question alors de corps physique mais de corps mystique.
Pour notre seule raison humaine… cela nous dépasse.
Lorsque Jésus dit :
« nous serons comme des anges dans les cieux.»
mais les anges sont des réalités spirituelles,
essentiellement surnaturelles
qui n’a plus rien à voir avec la nature qui est la nôtre actuellement et qui, retournera en poussière.
Frères et Sœurs,
ne négligeons pas de nous occuper de notre corps mortel
ici-bas,
mais soyons davantage préoccupé de notre corps
dont il est question dans notre credo :
« je crois en la résurrection des morts
et à la vie éternelle .
C’est ce que nous professons en terminant notre credo en latin :
« et expecto resurrectionem mortuorum
et vitam venturi saeculi. »
Et pour le dire en, français :
« j’attends la résurrection des morts
et la vie du monde à venir.
Amen. »