5ième de Pâques A

Frères et Sœurs,
Le passage d’évangile selon s. Jean
que nous venons d’entendre, est tiré du ch.14.
Il se situe après la dernière Cène
mais… avant le récit de la Passion.


Or,
les disciples ressentent le carcan que se resserre
autour de Jésus.

N’oublions pas que Judas au cours du dernier repas
sort pour livrer Jésus aux gardes fournis par les Pharisiens.
Et L’évangéliste s. Jean,
pour qui chaque mot prend tout son sens ajoute :
« JUDAS ÉTANT SORTI, IL FAISAIT NUIT.»
IL FAISAIT NUIT à l’extérieur
puisque la dernière Cène se passait le soir,
mais LA NUIT ÉTAIT BIEN PLUS PROFONDE ENCORE
DANS LE CŒUR DE JUDAS.
Nous pouvons le constater par la fin tragique qui fut celle de Judas après avoir livré son Maître.

L’évangéliste continue :
« DÈS QUE JUDAS FUT SORTI, JÉSUS DIT :
« MAINTENANT LE FILS DE L’HOMME EST GLORIFIÉ
ET DIEU A ÉTÉ GLORIFIÉ PAR LUI ;
DIEU LE GLORIFIERA EN LUI-MÊME,
ET C’EST BIENTÔT QU’IL LE GLORIFIERA. »
Toujours au cours de ce repas, Jésus dira ensuite :
« JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU :
« AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES. »
Il est vrai que dans le Lévitique
- un des premiers livres de l’Ancien Testament-
il est écrit :
« NE TE VENGE PAS ET NE SOIT PAS RANCUNIER
À L’ÉGARD DES FILS DE TON PEUPLE. »
En fait,
nous restons toujours là à l’intérieur du Peuple d’Israël.
Le Lévitique continue :
« C’EST AINSI QUE TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME. »

Mais attention.
Lorsque Jésus dit :
« JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU,
AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES ; »
Ce commandement est tout à fait nouveau
car après avoir dit : « AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES »,
Jésus précise et ceci est tout à fait inouï :

« COMME JE VOUS AI AIMÉ
VOUS DEVEZ VOUS AUSSI VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES. »
Cette précision est le cœur de la BONNE NOUVELLE de Jésus :
« COMME JE VOUS AI AIMÉS »
Jésus aime ses disciples de l’amour qu’il reçoit de son Père et c’est de cet amour-là que Jésus dit :
« COMME JE VOUS AIMÉ,
AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES. »
Un peu plus loin, au ch. 15, toujours en S. Jean
Jésus va même être plus précis encore en disant :

« COMME LE PÈRE M’A AIMÉ,
MOI AUSSI JE VOUS AI AIMÉ. »

Et les disciples sont appelés à s’aimer.
non pas selon les affinités,
non pas selon les inclinations,
non pas selon la sympathie ou la tendresse
mais c’est comme si Jésus disait
selon l’amour dont je vous ai aimé…
c.à.d.: de cet amour dont je suis aimé du Père.

Jésus ajoute :
« SI VOUS AVEZ CET AMOUR-LÀ
LES UNS POUR LES AUTRES,
TOUS RECONNAÎTRONT QUE VOUS ÊTES MES DISCIPLES. »

Vous voyez donc que ce qui est en question pour Jésus
est véritablement UN ACCOMPLISSEMENT,
UN DÉPASSEMENT de l’amour
dont il était question dans le livre du Lévitique
dans l’Ancien Testament.

Ce qui est absolument unique dans le message de Jésus
c’est qu’il pulvérise les barrières
que les humains se hérissent entr’eux.
Pour aimer de cette façon-là, il faut être le Christ.

Ça, S. Paul l’a bien compris, lui qui écrira aux Galates :
« JE VIS, MAIS CE N’EST PLUS MOI QUI VIT,
C’EST LE CHRIST QUI VIT EN MOI. »
Et dans sa lettre aux Philippiens S. Paul dira aussi:
« POUR MOI, VIVRE, C’EST LE CHRIST… »

C’est ainsi que pour Paul,
le dépassement, l’accomplissement radical à l’égard du judaïsme s’exprime ainsi :
« IL N’Y A PLUS NI JUIF, NI GREC ;
IL N’Y A PLUS NI ESCLAVE NI HOMME LIBRE ;
IL N’Y A PLUS L’HOMME ET LA FEMME ;
CAR TOUS, VOUS N’ÊTES QU’UN EN JÉSUS CHRIST. »

VOILÀ , on ne le dira jamais assez, LA BONNE NOUVELLE
qui sous-tend l’entretien suprême de Jésus avec ses disciples.

On comprend alors ces paroles de Jésus à ses disciples,
nous l’avons entendu tout au début de ce passage d’évangile:
« NE SOYEZ DONC PAS BOULEVERSÉS
VOUS CROYEZ EN DIEU, CROYEZ AUSSI EN MOI. »

« SINON EST-CE QUE JE VOUS AURAIS DIT :
« JE PARS VOUS PRÉPARER UNE PLACE » ?
QUAND JE SERAI ALLEZ VOUS LA PRÉPARER ;
JE REVIENDRAI VOUS PRENDRE AVEC MOI ;
ET LÀ OÙ JE SUIS, VOUS Y SEREZ AUSSI.
POUR ALLER OÙ JE M’EN VAIS, VOUS SAVEZ LE CHEMIN. »

« THOMAS LUI DIT :
« SEIGNEUR, NOUS NE SAVONS MÊME PAS OÙ TU VAS ; COMMENT POURRIONS-NOUS SAVOIR LE CHEMIN ? »

Rappelons-nous,
tout au début de l’évangile selon l’évangéliste S. Jean :

« DEUX DISCIPLES DE JEAN-BAPTISTE APERÇOIVENT JÉSUS QUI PASSE.
LE BAPTISTE DIT AUX DEUX DISCIPLES :
« VOICI L’AGNEAU DE DIEU. »
LES DEUX DISCIPLES ÉCOUTENT CETTE PAROLE
ET SUIVENT JÉSUS.
ALORS JÉSUS SE RETOURNE
ET VOYANT QU’ILS S’ÉTAIENT MIS À LE SUIVRE,
IL LEUR DIT :
« QUE CHERCHEZ-VOUS ? »
ILS RÉPONDIRENT :MAÎTRE OÙ DEMEURES-TU ?
JÉSUS LEUR DIT : « VENEZ ET VOUS VERREZ. »
ILS ALLÈRENT DONC,
ILS VIRENT OÙ IL DEMEURAIT ET ILS DEMEURÈRENT AUPRÈS DE LUI, CE JOUR-LÀ. »

Un jour les disciples comprendront que
Jésus demeure en son Père
et réciproquement le Père demeure en lui.

A la question de Thomas :

« SEIGNEUR,
NOUS NE SAVONS MÊME PAS OÙ TU VAS, COMMENT
POURRIONS-NOUS EN CONNAITRE LE CHEMIN ? »
Jésus lui dit :
« JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE. »
Et Jésus ajoute :
« PERSONNE NE VA AU PÈRE SANS PASSER PAR MOI. »

Alors voyant en Jésus
quelqu’un ayant une vie intérieure aussi intense,
comblé par le Père qui demeure en lui,
Philippe lui dit :
« SEIGNEUR MONTRE-NOUS LE PÈRE ;
CELA NOUS SUFFIT. »

« JÉSUS LUI RÉPOND :
IL Y A SI LONGTEMPS QUE JE SUIS AVEC VOUS
ET TU NE ME CONNAIS PAS, PHILIPPE !
CELUI QUI M’A VU A VU LE PÈRE.
Comment peux-tu dire « MONTRE-NOUS LE PÈRE » ?
Et Jésus ajoute, on ne peut être plus clair :
« TU NE CROIS DONC PAS QUE JE SUIS
DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI ! »

TU NE CROIS DONC PAS.
Le mystère,
à savoir ici,
la relation absolument inouïe que Jésus entretient avec son Père,
ce n’est pas par une question D’APTITUDE INTELLECTUELLE que l’on peut entrer dans ce mystère ;
c’est par ce moyen de connaissance d’un tout autre ordre
qu’ est LA FOI que l’on peut y accéder.
« PHILIPPE, TU NE CROIS DONC PAS QUE JE SUIS
DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI ! »

FRÈRES ET SŒURS,

notre foi est essentiellement la foi chrétienne,
elle a le Christ pour centre
pour le dire autrement mais c’est exactement la même chose, notre foi est christocentrique ;
notre foi est essentiellement CENTRÉE sur le Christ.

Jésus le dit dans cet évangile :
« JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE. »
Il est pour nous le chemin qui conduit au Père :
Jésus ajoute; c’est l’évangile de ce jour :
« PERSONNE NE VA VERS LE PÈRE SANS PASSER PAR MOI. »
Vous réalisez comment
le Christ est NOTRE CHEMIN vers le Père.

Jésus ajoute : « JE SUIS LA VÉRITÉ. »
Notre vérité C’EST NOTRE FILIATION DIVINE…
dans LE CHRIST l’unique Fils de Dieu.

Quant à la troisième note qui caractérise le Christ :
Après avoir dit « je suis le chemin, la vérité
Jésus ajoute: je suis la vie ;

C’est la vie qui nous vient du Père
en nous identifiant au Christ par la puissance
de l’Esprit Saint qui vit en nous.

« LES PAROLES QUE JE VOUS DIS… »
c’est Jésus qui parle-
JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME ;
MAIS C’EST LE PÈRE QUI DEMEURE EN MOI,
ET QUI ACCOMPLIT SES PROPRES ŒUVRES.
CROYEZ CE QUE JE VOUS DIS. »
Et si l’art du pédagogue est la répétition
Jésus répète inlassablement
« CROYEZ CE QUE JE VOUS DIS:
« JE SUIS DANS LE PÈRE ET LE PÈRE EST EN MOI.

Jésus continue et ce n’est pas peu dire :
« AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS : CELUI QUI CROIT EN MOI ACCOMPLIRA LES MÊMES ŒUVRES QUE MOI,
IL EN ACCOMPLIRA MÊME DE PLUS GRANDES,
PUISQUE JE VAIS AU PÈRE. »

Au début de la messe nous avons reçu
l’aspersion de l’eau pour faire mémoire de notre baptême.
Notre baptême nous met en phase avec les vérités de la foi.
Ces vérités
nous allons les proclamer par notre profession de foi
qui commence par ce mot : CREDO – JE CROIS.