Publications sur le monachisme copte

de 1984 à 1988

(Dans Actes du IVe Congrès Copte. Louvain-la-Neuve, 5-10 septembre 1988. Édités par Marguerite RASSART-DEBERGH et Julien RIES. II – De la linguistique au gnosticisme.Université Catholique de Louvain.Institut orientaliste. Louvain-la-Neuve 1992)

Le monachisme copte, comme d'ailleurs le phénomène monastique en général, est une réalité complexe qu'il n'est pas facile de circonscrire.Même à l'époque d'or de son expansion, il s'exprime non seulement à travers des textes coptes, mais aussi à travers des traductions dans toutes les principales langues orientales et même occidentales.Certains des auteurs parmi ses témoins les plus importants, comme Pallade et Cassien ont écrit non en copte mais en grec ou en latin.

 

Même si ce monachisme copte, après quelques siècles d'un développement extraordinaire fut presque complètement balayé de l'Égypte, il n'y est jamais mort.Quelques monastères fondés au quatrième siècle ont existé jusqu'à aujourd'hui, et l'un d'entre eux en particulier, Abû Maquâr, connaît actuellement un renouveau impressionnant.D'autres ont été soit restaurés soit fondés au cours des siècles.

Donc, lorsque nous voulons parler des publications sur le monachisme copte au cours des dernières années, nous devons considérer non seulement les publications de textes en langue copte, mais aussi en de nombreuses autres langues anciennes, et nous devons tenir compte également des fouilles archéologiques qui nous apportent de nouvelles lumières sur ce mouvement spirituel. Nous devons aussi prendre en considération les études sur d'autres grands courants spirituels de l'antiquité, comme par exemple le gnosticisme et le manichéisme, au sujet desquels des découvertes récentes peuvent au moins nous amener à nous poser des questions nouvelles concernant certains aspects du monachisme et de son histoire.

Mais il y a autre chose qu'il ne faut pas oublier. Comme le disait Madame Marguerite Rassart‑Debergh lors de sa conférence le premier jour de ce congrès, il ne faut pas oublier les moines qui ont écrit ces documents sur lesquels nous travaillons, qui ont habités les édifices dont nous analysons les ruines, et qui, surtout, vivent encore un peu partout en Égypte. Et enfin il ne faut pas négliger le fait qu'un très grand nombre de sources monastiques anciennes continuent d'être publiées, traduites, lues et interprétées par des Chrétiens et Chrétiennes, moines ou laïcs, qui y trouvent encore une nourriture spirituelle.Dans les indications bibliographiques qui vont suivre, tout n'est pas de même niveau scientifique; mais tout a un intérêt, quoiqu'à des degrés divers. On y trouvera, par exemple, un bon nombre d'études sur divers aspects de la spiritualité des Pères du désert.Le scientifique qui veut comprendre à fond le phénomène du monachisme copte ne peut omettre de jeter un regard sur l'influence spirituelle réelle que des auteurs du quatrième siècle continuent d'exercer sur des hommes et des femmes d'aujourd’hui.

Vie d'Antoine

La Vie d'Antoine par Athanase est l'un des documents du monachisme copte qui a exercé la plus grande influence sur le reste de l'histoire du monachisme. Il n'est pas surprenant que ce soit encore le document qui a fait l'objet du plus grand nombre d'études au cours des quatre dernières années.

J'ai dit "Vie d'Antoine par Athanase".Mais en fait des questions ont été soulevées concernant l'attribution de cette Vie d'Antoine au patriarche Athanase d'Alexandrie.Des doutes avaient été émis par H. Weingarten il y a plus d'un siècle, mais ses arguments d'ordre historique avaient été réfutés.En 1980 le chanoine René Draguet publia la version syriaque de cette Vie, dans le CSCO sous un titre qui annonçait bien sa prise de position: La Vie primitive de S. Antoine conservée en syriaque.Sa position était que la traduction syriaque, dans sa version longue, ne pouvait avoir été faite sur le texte grec que nous connaissons, mais sur un autre texte grec composé non par Athanase mais par un Copte hellénisant. Le texte grec traditionnellement attribué à Athanase serait un remaniement de cette vie originale. Cette thèse reçut de la critique un accueil fort négatif.En 1986 T.D.Barnes, dans un article au titre énigmatique, qui n'en laissait guère soupçonner le contenu, reprit la thèse de Draguet, avec simplement quelques nuances.1Je ne crois pas qu'il ait convaincu beaucoup de personnes, et Luise Abramowski a préparé une nouvelle réfutation de la thèse de Draguet, à paraître dans les Mélanges A. Guillaumont.2La question n'est pas sans importance. Ce qui est en cause est ceci: le document que nous connaissons sous le nom de Vita Antonii, qui a eu une telle influence sur l'évolution de tout le monachisme tant oriental qu'occidental, nous révèle‑t‑il la spiritualité du moine Antoine et la compréhension qu'en avait Athanase d'Alexandrie, ou nous transmet‑il un remaniement tardif de cette spiritualité l'adaptant à un contexte urbain méditerranéen d'une génération postérieure?

Une comparaison attentive de toutes les versions en question sera nécessaire avant de pouvoir donner une réponse définitive à cette question qui ne manquera sans doute pas d'être soulevée à nouveau.Entretemps Louis Leloir a publié quelques premiers renseignements sur la vie d'Antoine en éthiopien.3

Quoi qu'il en soit de ce problème, les études sur la Vita Antonii ainsi que les traductions continuent de paraître.A.J.U. Bartelink a publié une étude sur des échos du Phédon de Platon dans la Vita Antonii,4 et Paul Force, dans les Actes d'un Colloque consacré à Migne et le renouveau des études patristiques, analyse les deux traductions latines présentées par Migne en regard de son édition de la Vie d'Antoine.5

Vincent Desprez qui, dans chacun des numéros de la Lettre de Ligugé présente un auteur ou un aspect de la tradition monastique, a consacré ses nos. 237 (1986) et 238 (1987) à saint Antoine.6Brian Brennan a offert dans Vigiliae Christianae une interprétation sociologique de la Vita Antonii, qui me semble une application un peu trop rigide à ce document ancien des catégories wébériennes de leader charismatique et leader bureaucratique.7Par ailleurs Monique Alexandre lors d'un colloque du CNRS sur le temps chrétien de la fin de l'Antiquité au Moyen Age a donné une analyse extrêmement attentive du récit de la mort d'Antoine dans la Vita Antonii, où l'on retrouvera un grand nombre de références précieuses à la littérature ancienne sur la mort.8Louis Leloir a étudié le prophétisme ecclésial d'Antoine9et Placido Alvarez les histoires de démons, qui ne manquent certes pas dans cette Vie.10

Lisa Cremaschi, de la communauté de Bose, en Italie, qui a produit ces dernières années d'excellentes traductions de plusieurs sources monastiques anciennes, nous a offert en 1984 une traduction de la Vie d'Antoine accompagnée de très utiles indices scripturaire, théologique et onomastique.11

Il faut s'attendre à ce que la Vie d'Antoine continue de susciter de nombreuses études, et à ce que les auteurs continuent de l'attribuer à Athanase. Les Lettres d'Antoine, qui ont un intérêt très grand, parce qu'elles nous révèlent encore plus que la Vie le moine Antoine non remanié par un théologien patriarche, n'ont pas fait l'objet de publications au cours de ces dernières années;mais Samuel Rubenson prépare une thèse sur la version arabe de ces Lettres.

Apophthegmes

Les Apophthegmes des Pères du désert ont exercé sur le monachisme tant oriental qu'occidental une influence comparable à celle de la Vie d'Antoine.Aucun écrit de toute la littérature patristique n'a probablement une histoire littéraire et textuelle aussi compliquée. La dernière période de quatre ans n'a vu l'édition d'aucun texte nouveau, même si une édition critique est annoncée par Eva Schulz‑Flügel12 et si Ugo Zanetti a publié une étude sur les apophthegmes dans le synaxaire arménien.13

Diverses traductions ont paru cependant, dont l'une en japonais, basée sur le texte de la PG 65.14Lucien Régnault de Solesmes a terminé son opus magnum sur les apophthegmes en ajoutant un sixième volume à sa collection, publiant cette fois la série des anonymes.15 Il a aussi publié une collection de textes choisis des apophthegmes ainsi que diverses études, en particulier l'une très intéressante sur Jean Kolobos.16La même série anonyme a reçue une traduction anglaise par Columba Stewart, accompagnée d'un avant-propos par Benedicta Ward qui nous avait donné il y a plusieurs années une excellente traduction de la collection alphabétique.17Il faut aussi signaler une traduction italienne par Lisa Cremaschi,18 ainsi qu'une traduction polonaise par Marek Starowieyski.19Cette dernière, en plus de reprendre les tables préparées par le Père Régnault, offre une bibliographie extrêmement abondante et à jour sur les Apophthegmes, qui n'a son pareil nul part ailleurs.

Plusieurs études sur des aspects divers des Apophthegmes et sur leur spiritualité ont également paru ces dernières années.20

Vitae Patrum

Très liées aux Apophthegmes, il convient de noter les Vies des Pères. C.M. Battle a publié une version catalane médiévale de la traduction latine faite par Rufin de l'Historia Monachorum in Egypto.21Tito Orlandi, de son côté a publié avec Antonella Campagnano une traduction italienne de six Vies coptes, dont l'intérêt est qu'elles nous font connaître des témoins importants du monachisme copte primitif vivant au Sud des régions plus connues du Delta.22

D'un autre document historique important, l'Historia Lausiaca de Palladius, une édition critique est également annoncée par Shulz‑Flügel.Ceux qui sont intéressés à l'analyse sémiotique liront avec intérêt une application de cette méthode à l'Historia Lausiaca par Elena Magheri Cataluccio, accompagnée d'une préface de Réginald Grégoire.23L'analyse sémiotique, appliquée de plus en plus aux textes bibliques, pourrait certainement apporter un éclairage nouveau sur beaucoup de textes monastiques anciens, spécialement lorsqu'il s'agit de récits.

Le monachisme pachômien

Comme la Vie d'Antoine et les Apophthegmes, les sources pachômiennes furent rapidement traduites en plusieurs langues, et soumises à toutes sortes de remaniements.La connaissance du dossier copte est due avant tout au chanoine Lefort, celle du dossier grec au Père François Halkin, et celle du dossier latin au Père Van Cranenburg. Sur la base de ces excellentes éditions, il y eut un renouveau important des études sur le cénobitisme pachômien au cours des années '60 et '70. Les dernières années furent moins fécondes.

Au Congrès de Varsovie Theofried Baumeister présenta l'état de la question concernant les Règles.24Depuis lors, dans un ouvrage d'ensemble sur le monachisme pachômien Philip Rousseau a offert une nouvelle présentation générale de la critique, comme l'a fait aussi James Goehring dans son ouvrage sur la Lettre d'Ammon.25

Le seul document nouveau publié au cours des quatre dernières années fut un demi feuillet copte repéré comme feuille de garde dans un manuscrit arabe de la Bibliothèque de Dayr Abû Maqâr, au Wâdi 'il‑Natrûn par Ugo Zanetti et publié par René‑Georges Coquin.26Ce demi feuillet permet de combler en partie une des lacunes de l'unique Ms que nous possédions de la Vie bohairique de Pachôme, qui est, par ailleurs la pièce la mieux conservée de tout le dossier pachômien.

Deux lettres de Théodore et une d'Horsièse furent découvertes et publiées dans les années '60 par Hans Quecke, Tito Orlandi et Martin Krause.Une présentation d'ensemble de ces textes par Tito Orlandi, Hans Quecke et Adalbert de Vogüé a été annoncée depuis longtemps mais n'a pas encore vu le jour.Entretemps de Vogüé a publié en 1986, dans Studia Monastica une traduction de ces lettres accompagnée de nombreuses notes et remplaçant celle qu'il avait fait en 1977.27

La seule étude d'ensemble solide sur le monachisme pachômien au cours des quatre dernières années est celle de Philip Rousseau.28En des chapitres biens construits, après la traditionnelle présentation des sources que tous les auteurs se croient maintenant obligés de reprendre, il décrit la formation de la communauté, la vie quotidienne du moine, la règle, la conception de l'autorité, de l'ascèse et des relations avec le monde.Un trop bref chapitre final traite des longs supériorats de Théodore et d'Horsièse.

De la congrégation pachômienne après ces deux supériorats, dont nous parle la Vie de Pachôme, nous ne savons que peu de choses.James Goehring s'est attaché à retrouver dans la littérature ancienne tout ce qui peut nous faire connaître cette seconde période du monachisme pachômien, dans une communication à la Conférence de Claremont en 1983, dont les Actes furent publiés l'an dernier.29

Mais la contribution la plus importante de Goehring fut son édition de la Lettre d'Ammon, l'un des documents secondaires mais quand même importants du monachisme pachômien.30Après une longue présentation de l'état de la recherche sur les Vies aussi bien que sur la Lettre d'Ammon, Goehring fait une analyse détaillée de la tradition manuscrite: il offre ensuite le texte grec, une traduction anglaise, et plus de cent pages de notes très fouillés. Même si le texte grec ne diffère qu'en de rares endroits de celui de Halkin, on peut parler d'une nouvelle édition critique, puisque Goehring a tenu compte du Ms. d'Athènes que Halkin ne connaissait pas au moment de la publication de ses Vitae Graecae, et qu'il publia lui-même ces dernières années (avec une traduction du Père Festugière) mais sans reprendre son édition critique.

Deux nouvelles traductions du copte ont paru: ma traduction française, reprenant le même format et pratiquement les mêmes notes que celle que j'avais publiée en anglais quelques années auparavant,31 et la traduction italienne des Règles et des écrits de Pachôme et de ses disciples de Lisa Cremaschi.32

Schénouté

Schénouté peut être traité en relation avec le monachisme pachômien, même si le monastère blanc n'appartint jamais à la Congrégation pachômienne, bien qu'on y ait vécu selon la Règle de Pachôme.Le monachisme schénoutien a suscité de nombreuses études au cours des 15 dernières années;et Janet Timbie a fait le point de ces études à la conférence de Claremont.33 Il convient d'ajouter un texte nouveau publié par Orlandi,34

ainsi que la traduction anglaise d'un texte sur la lutte avec Satan.35

Besa ayant été le biographe de Schénouté, on peut mentionner la publication d'un fragment de Besa par K. Heinz Huhn.36

Évagre le Pontique

Malgré tout l'intérêt d'Évagre le Pontique pour l'histoire de la spiritualité monastique, la dernière période de quatre ans n'a connu aucune édition de texte, bien que P. Géhin annonce la publication des Scholies sur les Proverbes aux Sources chrétiennes et celle des Chapitre des disciples d'Évagre.Une étude du même auteur sur les textes attribués à Évagre dans les Florilèges damascéniens doit paraître dans les Mélanges M.Geerard.

Deux traductions ont vu le jour: une traduction anglaise de la Lettre à Mélanie, réalisée par Martin Parmentier,37 et celle des Lettres du désert par Gabriel Bunge.38Cette dernière traduction est accompagnée d'une longue introduction de plus de 200 pages qui constitue un plaidoyer passionné en faveur de l'orthodoxie d'Évagre.Bunge publia au même moment une étude plus ou moins parallèle dans Vigiliae Christianae.39On lui doit aussi une autre étude sur le De Oratione d'Évagre.40

L'attitude d'Évagre face à la gnose fut étudiée par Bunge dans l'article mentionné et par Guillaumont dans une étude sur le gnostique chez Clément d'Alexandrie et chez Évagre.41 Quant à l'origénisme d'Évagre, il fut étudié également par Bunge dans l'article ci-dessus mentionné. On consultera aussi avec profit l'étude de la christologie d'Evagre en relation avec le système d'Origène par Francis Kline.42 Quelques autres articles de

Guillaumont et de de Vogüé complètent le tableau.43

Cassien

D'Évagre, on passe tout naturellement à son disciple Cassien. On peut commencer par mentionner la brève note de de Vogüé sur la découverte d'un morceau célèbre de Cassien parmi des extraits d'Évagre.44 Le fait est quelque peu ironique, car, étant donné la condamnation d'Évagre, on s'attendrait plutôt à trouver de ses écrits parmi ceux attribués à Cassien.Il est vrai toutefois que l'orthodoxie de Cassien n'était pas considérée non plus hors de tout questionnement.

Une autre étude révélatrice de de Vogüé fut celle où il étudia les sources des quatre premiers livres des Institutions: de Jean Cassien45 Cette étude confirme que Cassien, qui prétend rapporter fidèlement les coutumes du monachisme égyptien, utilise en fait de nombreuses sources, dont toutes ne sont pas égyptiennes, sans compter qu'il attribue facilement aux moines égyptiens ses positions personnelles.

Trois traductions ont vu le jour.La traduction anglaise des Conférences par Colm Luibheid, publiée par Paulist Press a le désavantage d'être incomplète.46 Seules neuf conférences ont été traduites.Outre que le choix est arbitraire, un tel texte méritait d'être traduit intégralement, d'autant plus que la publication d'une édition partielle rend financièrement presqu'impossible pour de nombreuses années la parution d'une édition intégrale.

Ainsi en est‑il également de la traduction italienne des Institutions par Lorenzo Dattrino destinée à remplacer celle, épuisée, de P.M. Ernetti (Padoue 1956).47Seuls les livres V‑XII sont traduits dans cette édition, avec un résumé succinct des livres I‑IV et des passages omis dans les autres livres.La longue et excellente introduction justifie toutefois le titre du livre.

Enfin une excellente édition néerlandaise fut publiée par Ida Vanbrabant, dont l'introduction fur reprise sous forme de trois articles dans Benedictijns tijdschrif.48

Marc le Moine

Un autre moine, généralement moins bien connu qu'Antoine, Pachôme, Évagre ou Cassien, est Marc le Moine, ou Marc l'Ermite.Et, évidemment la première question qui se pose à son sujet est de savoir s'il a sa place dans une présentation des études sur le monachisme copte.Selon certains éminents patrologues, tels que Chadwick et Gribomont,49 Marc serait syrien;selon Grillmeier il aurait écrit au temps de Théophile d'Alexandrie contre les moines origénistes des Kellia qui avaient dévoyé Évagre, donc vers les années 400.Selon Otmar Hesse, qui publia en 1985 une traduction allemande des écrits ascétiques et dogmatiques de Marc dans la Bibliothek der griechischen Literatur, Marc est bel et bien un moine copte.50

Dans trois études successives, parues en 1984‑85‑86, G.M. De Durant a étudié à fond deux ouvrages de Marc: L'Epître à Nicolas et le Traité sur l'Incarnation, ainsi que la place de Marc et de ses écrits dans les controverses orientales.51 Le rôle de Marc le Moine dans les querelles à l'époque de la Réforme est extrêmement intéressant;mis au rang de Paul, Jean Hus, Savonarole et Luther par les Luthériens, il est déclaré suspect par les théologiens post‑tridentins, Bellarmin en particulier.

Trois traductions de certaines des oeuvres de Marc ont paru.D'abord une traduction néerlandaise par Cristopher Wagenaar, comprenant trois opuscules;52 ensuite la traduction allemande de Otmar Hesse mentionnée plus haut, et celle de Claire‑Agnès Zirnheld, parue dans la collection de Spiritualité orientale et vie monastique de l'Abbaye de Bellefontaine, accompagnée d'une introduction par Mgr. Kallistos Ware.53 Cette édition, assortie d'indices scripturaire et thématique, comprend tous les ouvrages de Marc sauf les deux de la PG qui sont certainement inauthentiques.

Varia

Il serait trop long de mentionner ici toutes les publications de caractère général se rapportant au monachisme copte et qui n'entrent dans aucune des sections qui précèdent.Elles couvrent toute une gamme, depuis les études de caractère très scientifique, sur un point précis de la tradition monastique, jusqu'aux présentations d'ensemble relevant soit de la haute vulgarisation, soit de l'exhortation pieuse.

Toujours dans l'ordre de l'édition ou de la traduction de textes, il convient de signaler un autre volume de la collection de Bellefontaine, intitulé Lettres des Pères du désert.54Il s'agit d'une collection de lettres d'Ammonas, Macaire, Arsène et Sérapion de Thmuis.Ces textes dont certains n'avaient pas encore été traduits et dont les autres étaient difficilement accessibles nous mettent en contact avec ces grands moines d'une façon souvent plus authentique que les récits à leur sujet, un peu comme les Lettres d'Antoine, publiées jadis, et qui nous révèlent un Antoine plus direct et moins soucieux d'orthodoxie nicéenne que l'Antoine de la Vita Antonii.

D'autres publications ont étudié la relation entre le monachisme copte et d'autres grands courants spirituels de l'époque. Pour ma part j'ai publié une étude sur le monachisme et la gnose, dont l'une des conclusions est qu'il est pratiquement impossible de trouver dans les documents de Nag Hammadi (même dans les fameux cartonnages) aucune indication qui nous permette d'établir avec certitude un lien quelconque entre la Bibliothèque copte de Nag Hammadi et le monachisme orthodoxe du temps, pachômien ou autre.55

Gedalihaou G. Stroumsa, pour sa part a étudié l'évolution du manichéisme et la présence de communauté monastiques manichéennes, l'amenant a penser que de telles communautés ont pu exister en Egypte au temps où le monachisme orthodoxe se développait.56 La chose est possible, même probable; mais l'affirmation d'une influence du monachisme manichéen sur l'origine du monachisme chrétien primitif me semble personnellement une théorie impossible à prouver.

J'avais d'abord pensé inclure dans cette ma communication une présentation des publications sur les recherches archéologiques relatives au monachisme, mais celles-ci ont été couvertes par d'autres communications.Je veux quand même dire toute l'importance de ces recherches pour la connaissance du monachisme ancien.Elles nous apportent des éléments que les textes n'offrent pas, ou bien elles confirment des données que les textes nous permettent seulement de supposer. Ils convient aussi de signaler le caractère urgent de ces fouilles, en particulier celles des Kellia, du fait que ces ruines très bien préserver par le sable qui les a recouvertes depuis plusieurs siècles seront bientôt détruites par le développement agricole ‑‑ fort nécessaire, bien sûr, dans ces régions.57

Je voudrais terminer en signalant la publication, en 1987, des actes de la Conférence de Claremont sur le thème "The Roots of Christianity in Egypt".58Même si seulement trois communications se rapportent explicitement au monachisme, l'ensemble des communications nous apportent de précieuses lumières sur le contexte dans lequel naquit et se développa le monachisme en Egypte.De même en est‑il d'un congrès comme celui-ci, qui par sa dimension multidisciplinaire, permet à chaque chercheur de recevoir des lumières souvent inattendues des recherches faites dans des domaines connexes.

N O T E S

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Voir en particulier Le site monastique copte des Kellia.Sources historiques et explorations archéologiques.Actes du Colloque de Genève, 13 au 15 août 1984.Mission suisse d'archéologie copte de l'Université de Genève, 1986.

The Roots of Egyptian Christianity... cité à la note 56.